Genese

deuxième partie

Jacob se mit en marche, et s'en alla au pays des fils de l'Orient.

Il regarda. Et voici, il y avait un puits dans les champs; et voici, il y avait à côté trois troupeaux de brebis qui se reposaient, car c'était à ce puits qu'on abreuvait les troupeaux. Et la pierre sur l'ouverture du puits était grande.

Tous les troupeaux se rassemblaient là; on roulait la pierre de dessus l'ouverture du puits, on abreuvait les troupeaux, et l'on remettait la pierre à sa place sur l'ouverture du puits.

Jacob dit aux bergers: Mes frères, d'où êtes-vous? Ils répondirent: Nous sommes de Charan.

Il leur dit: Connaissez-vous Laban, fils de Nachor? Ils répondirent: Nous le connaissons.

Il leur dit: Est-il en bonne santé? Ils répondirent: Il est en bonne santé; et voici Rachel, sa fille, qui vient avec le troupeau.

Il dit: Voici, il est encore grand jour, et il n'est pas temps de rassembler les troupeaux; abreuvez les brebis, puis allez, et faites-les paître.

Ils répondirent: Nous ne le pouvons pas, jusqu'à ce que tous les troupeaux soient rassemblés; c'est alors qu'on roule la pierre de dessus l'ouverture du puits, et qu'on abreuve les brebis.

Comme il leur parlait encore, survint Rachel avec le troupeau de son père; car elle était bergère.

Lorsque Jacob vit Rachel, fille de Laban, frère de sa mère, et le troupeau de Laban, frère de sa mère, il s'approcha, roula la pierre de dessus l'ouverture du puits, et abreuva le troupeau de Laban, frère de sa mère.

Et Jacob baisa Rachel, il éleva la voix et pleura.

Jacob apprit à Rachel qu'il était parent de son père, qu'il était fils de Rebecca. Et elle courut l'annoncer à son père.

Dès que Laban eut entendu parler de Jacob, fils de sa sœur, il courut au-devant de lui, il l'embrassa et le baisa, et il le fit venir dans sa maison. Jacob raconta à Laban toutes ces choses.

Et Laban lui dit: Certainement, tu es mon os et ma chair. Jacob demeura un mois chez Laban.

Puis Laban dit à Jacob: Parce que tu es mon parent, me serviras-tu pour rien? Dis-moi quel sera ton salaire.

Or, Laban avait deux filles: l'aînée s'appelait Léa, et la cadette Rachel.

Léa avait les yeux délicats; mais Rachel était belle de taille et belle de figure.

Jacob aimait Rachel, et il dit: Je te servirai sept ans pour Rachel, ta fille cadette.

Et Laban dit: J'aime mieux te la donner que de la donner à un autre homme. Reste chez moi!

Ainsi Jacob servit sept années pour Rachel: et elles furent à ses yeux comme quelques jours, parce qu'il l'aimait.

Ensuite Jacob dit à Laban: Donne-moi ma femme, car mon temps est accompli: et j'irai vers elle.

Laban réunit tous les gens du lieu, et fit un festin.

Le soir, il prit Léa, sa fille, et l'amena vers Jacob, qui s'approcha d'elle.

Et Laban donna pour servante à Léa, sa fille, Zilpa, sa servante.

Le lendemain matin, voilà que c'était Léa. Alors Jacob dit à Laban: Qu'est-ce que tu m'as fait? N'est-ce pas pour Rachel que j'ai servi chez toi? Pourquoi m'as-tu trompé?

Laban dit: Ce n'est point la coutume dans ce lieu de donner la cadette avant l'aînée.

Achève la semaine avec celle-ci, et nous te donnerons aussi l'autre pour le service que tu feras encore chez moi pendant sept nouvelles années.

Jacob fit ainsi, et il acheva la semaine avec Léa; puis Laban lui donna pour femme Rachel, sa fille.

Et Laban donna pour servante à Rachel, sa fille, Bilha, sa servante.

Jacob alla aussi vers Rachel, qu'il aimait plus que Léa; et il servit encore chez Laban pendant sept nouvelles années.

L'Eternel vit que Léa n'était pas aimée; et il la rendit féconde, tandis que Rachel était stérile.

Léa devint enceinte, et enfanta un fils, à qui elle donna le nom de Ruben; car elle dit: L'Eternel a vu mon humiliation, et maintenant mon mari m'aimera.

Elle devint encore enceinte, et enfanta un fils, et elle dit: L'Eternel a entendu que je n'étais pas aimée, et il m'a aussi accordé celui-ci. Et elle lui donna le nom de Siméon.

Elle devint encore enceinte, et enfanta un fils, et elle dit: Pour cette fois, mon mari s'attachera à moi; car je lui ai enfanté trois fils. C'est pourquoi on lui donna le nom de Lévi.

Elle devint encore enceinte, et enfanta un fils, et elle dit: Cette fois, je louerai l'Eternel. C'est pourquoi elle lui donna le nom de Juda. Et elle cessa d'enfanter.

Lorsque Rachel vit qu'elle ne donnait point d'enfants à Jacob, elle porta envie à sa sœur, et elle dit à Jacob: Donne-moi des enfants, ou je meurs!

La colère de Jacob s'enflamma contre Rachel, et il dit: Suis-je à la place de Dieu, qui t'empêche d'être féconde?

Elle dit: Voici ma servante Bilha; va vers elle; qu'elle enfante sur mes genoux, et que par elle j'aie aussi des fils.

Et elle lui donna pour femme Bilha, sa servante; et Jacob alla vers elle.

Bilha devint enceinte, et enfanta un fils à Jacob.

Rachel dit: Dieu m'a rendu justice, il a entendu ma voix, et il m'a donné un fils. C'est pourquoi elle l'appela du nom de Dan.

Bilha, servante de Rachel, devint encore enceinte, et enfanta un second fils à Jacob.

Rachel dit: J'ai lutté divinement contre ma sœur, et j'ai vaincu. Et elle l'appela du nom de Nephthali.

Léa voyant qu'elle avait cessé d'enfanter, prit Zilpa, sa servante, et la donna pour femme à Jacob.

Zilpa, servante de Léa, enfanta un fils à Jacob.

Léa dit: Quel bonheur! Et elle l'appela du nom de Gad.

Zilpa, servante de Léa, enfanta un second fils à Jacob.

Léa dit: Que je suis heureuse! car les filles me diront heureuse. Et elle l'appela du nom d'Aser.

Ruben sortit au temps de la moisson des blés, et trouva des mandragores dans les champs. Il les apporta à Léa, sa mère. Alors Rachel dit à Léa: Donne moi, je te prie, des mandragores de ton fils.

Elle lui répondit: Est-ce peu que tu aies pris mon mari, pour que tu prennes aussi les mandragores de mon fils? Et Rachel dit: Eh bien! il couchera avec toi cette nuit pour les mandragores de ton fils.

Le soir, comme Jacob revenait des champs, Léa sortit à sa rencontre, et dit: C'est vers moi que tu viendras, car je t'ai acheté pour les mandragores de mon fils. Et il coucha avec elle cette nuit.

Dieu exauça Léa, qui devint enceinte, et enfanta un cinquième fils à Jacob.

Léa dit: Dieu m'a donné mon salaire parce que j'ai donné ma servante à mon mari. Et elle l'appela du nom d'Issacar.

Léa devint encore enceinte, et enfanta un sixième fils à Jacob.

Léa dit: Dieu m'a fait un beau don; cette fois, mon mari habitera avec moi, car je lui ai enfanté six fils. Et elle l'appela du nom de Zabulon.

Ensuite, elle enfanta une fille, qu'elle appela du nom de Dina.

Dieu se souvint de Rachel, il l'exauça, et il la rendit féconde.

Elle devint enceinte, et enfanta un fils, et elle dit: Dieu a enlevé mon opprobre.

Et elle lui donna le nom de Joseph, en disant: Que l'Eternel m'ajoute un autre fils!

Lorsque Rachel eut enfanté Joseph, Jacob dit à Laban: Laisse-moi partir, pour que je m'en aille chez moi, dans mon pays.

Donne-moi mes femmes et mes enfants, pour lesquels je t'ai servi, et je m'en irai; car tu sais quel service j'ai fait pour toi.

Laban lui dit: Puissé-je trouver grâce à tes yeux! Je vois bien que l'Eternel m'a béni à cause de toi;

fixe-moi ton salaire, et je te le donnerai.

Jacob lui dit: Tu sais comment je t'ai servi, et ce qu'est devenu ton troupeau avec moi;

car le peu que tu avais avant moi s'est beaucoup accru, et l'Eternel t'a béni sur mes pas. Maintenant, quand travaillerai-je aussi pour ma maison?

Laban dit: Que te donnerai-je? Et Jacob répondit: Tu ne me donneras rien. Si tu consens à ce que je vais te dire, je ferai paître encore ton troupeau, et je le garderai.

Je parcourrai aujourd'hui tout ton troupeau; mets à part parmi les brebis tout agneau tacheté et marqueté et tout agneau noir, et parmi les chèvres tout ce qui est marqueté et tacheté. Ce sera mon salaire.

Ma droiture répondra pour moi demain, quand tu viendras voir mon salaire; tout ce qui ne sera pas tacheté et marqueté parmi les chèvres, et noir parmi les agneaux, ce sera de ma part un vol.

Laban dit: Eh bien! qu'il en soit selon ta parole.

Ce même jour, il mit à part les boucs rayés et marquetés, toutes les chèvres tachetées et marquetées, toutes celles où il y avait du blanc, et tout ce qui était noir parmi les brebis. Il les remit entre les mains de ses fils.

Puis il mit l'espace de trois journées de chemin entre lui et Jacob; et Jacob fit paître le reste du troupeau de Laban.

Jacob prit des branches vertes de peuplier, d'amandier et de platane; il y pela des bandes blanches, mettant à nu le blanc qui était sur les branches.

Puis il plaça les branches, qu'il avait pelées, dans les auges, dans les abreuvoirs, sous les yeux des brebis qui venaient boire, pour qu'elles entrassent en chaleur en venant boire.

Les brebis entraient en chaleur près des branches, et elles faisaient des petits rayés, tachetés et marquetés.

Jacob séparait les agneaux, et il mettait ensemble ce qui était rayé et tout ce qui était noir dans le troupeau de Laban. Il se fit ainsi des troupeaux à part, qu'il ne réunit point au troupeau de Laban.

Toutes les fois que les brebis vigoureuses entraient en chaleur, Jacob plaçait les branches dans les auges, sous les yeux des brebis, pour qu'elles entrassent en chaleur près des branches.

Quand les brebis étaient chétives, il ne les plaçait point; de sorte que les chétives étaient pour Laban, et les vigoureuses pour Jacob.

Cet homme devint de plus en plus riche; il eut du menu bétail en abondance, des servantes et des serviteurs, des chameaux et des ânes.

Jacob entendit les propos des fils de Laban, qui disaient: Jacob a pris tout ce qui était à notre père, et c'est avec le bien de notre père qu'il s'est acquis toute cette richesse.

Jacob remarqua aussi le visage de Laban; et voici, il n'était plus envers lui comme auparavant.

Alors l'Eternel dit à Jacob: Retourne au pays de tes pères et dans ton lieu de naissance, et je serai avec toi.

Jacob fit appeler Rachel et Léa, qui étaient aux champs vers son troupeau.

Il leur dit: Je vois, au visage de votre père, qu'il n'est plus envers moi comme auparavant; mais le Dieu de mon père a été avec moi.

Vous savez vous-mêmes que j'ai servi votre père de tout mon pouvoir.

Et votre père s'est joué de moi, et a changé dix fois mon salaire; mais Dieu ne lui a pas permis de me faire du mal.

Quand il disait: Les tachetées seront ton salaire, toutes les brebis faisaient des petits tachetés. Et quand il disait: Les rayées seront ton salaire, toutes les brebis faisaient des petits rayés.

Dieu a pris à votre père son troupeau, et me l'a donné.

Au temps où les brebis entraient en chaleur, je levai les yeux, et je vis en songe que les boucs qui couvraient les brebis étaient rayés, tachetés et marquetés.

Et l'ange de Dieu me dit en songe: Jacob! Je répondis: Me voici!

Il dit: Lève les yeux, et regarde: tous les boucs qui couvrent les brebis sont rayés, tachetés et marquetés; car j'ai vu tout ce que te fait Laban.

Je suis le Dieu de Béthel, où tu as oint un monument, où tu m'as fait un vœu. Maintenant, lève-toi, sors de ce pays, et retourne au pays de ta naissance.

Rachel et Léa répondirent, et lui dirent: Avons-nous encore une part et un héritage dans la maison de notre père?

Ne sommes-nous pas regardées par lui comme des étrangères, puisqu'il nous a vendues, et qu'il a mangé notre argent?

Toute la richesse que Dieu a ôtée à notre père appartient à nous et à nos enfants. Fais maintenant tout ce que Dieu t'a dit.

Jacob se leva, et il fit monter ses enfants et ses femmes sur les chameaux.

Il emmena tout son troupeau et tous les biens qu'il possédait, le troupeau qui lui appartenait, qu'il avait acquis à Paddan-Aram; et il s'en alla vers Isaac, son père, au pays de Canaan.

Tandis que Laban était allé tondre ses brebis, Rachel déroba les théraphim de son père;

et Jacob trompa Laban, l'Araméen, en ne l'avertissant pas de sa fuite.

Il s'enfuit, avec tout ce qui lui appartenait; il se leva, traversa le fleuve, et se dirigea vers la montagne de Galaad.

Le troisième jour, on annonça à Laban que Jacob s'était enfui.

Il prit avec lui ses frères, le poursuivit sept journées de marche, et l'atteignit à la montagne de Galaad.

Mais Dieu apparut la nuit en songe à Laban, l'Araméen, et lui dit: Garde-toi de parler à Jacob ni en bien ni en mal!

Laban atteignit donc Jacob. Jacob avait dressé sa tente sur la montagne; Laban dressa aussi la sienne, avec ses frères, sur la montagne de Galaad.

Alors Laban dit à Jacob: Qu'as-tu fait? Pourquoi m'as-tu trompé, et emmènes-tu mes filles comme des captives par l'épée?

Pourquoi as-tu pris la fuite en cachette, m'as-tu trompé, et ne m'as-tu point averti? Je t'aurais laissé partir au milieu des réjouissances et des chants, au son du tambourin et de la harpe.

Tu ne m'as pas permis d'embrasser mes fils et mes filles! C'est en insensé que tu as agi.

Ma main est assez forte pour vous faire du mal; mais le Dieu de votre père m'a dit hier: Garde-toi de parler à Jacob ni en bien ni en mal!

Maintenant que tu es parti, parce que tu languissais après la maison de ton père, pourquoi as-tu dérobé mes dieux?

Jacob répondit, et dit à Laban: J'avais de la crainte à la pensée que tu m'enlèverais peut-être tes filles.

Mais périsse celui auprès duquel tu trouveras tes dieux! En présence de nos frères, examine ce qui t'appartient chez moi, et prends-le. Jacob ne savait pas que Rachel les eût dérobés.

Laban entra dans la tente de Jacob, dans la tente de Léa, dans la tente des deux servantes, et il ne trouva rien. Il sortit de la tente de Léa, et entra dans la tente de Rachel.

Rachel avait pris les théraphim, les avait mis sous le bât du chameau, et s'était assise dessus. Laban fouilla toute la tente, et ne trouva rien.

Elle dit à son père: Que mon seigneur ne se fâche point, si je ne puis me lever devant toi, car j'ai ce qui est ordinaire aux femmes. Il chercha, et ne trouva point les théraphim.

Jacob s'irrita, et querella Laban. Il reprit la parole, et lui dit: Quel est mon crime, quel est mon péché, que tu me poursuives avec tant d'ardeur?

Quand tu as fouillé tous mes effets, qu'as-tu trouvé des effets de ta maison? Produis-le ici devant mes frères et tes frères, et qu'ils prononcent entre nous deux.

Voilà vingt ans que j'ai passés chez toi; tes brebis et tes chèvres n'ont point avorté, et je n'ai point mangé les béliers de ton troupeau.

Je ne t'ai point rapporté de bêtes déchirées, j'en ai payé le dommage; tu me redemandais ce qu'on me volait de jour et ce qu'on me volait de nuit.

La chaleur me dévorait pendant le jour, et le froid pendant la nuit, et le sommeil fuyait de mes yeux.

Voilà vingt ans que j'ai passés dans ta maison; je t'ai servi quatorze ans pour tes deux filles, et six ans pour ton troupeau, et tu as changé dix fois mon salaire.

Si je n'eusse pas eu pour moi le Dieu de mon père, le Dieu d'Abraham, celui que craint Isaac, tu m'aurais maintenant renvoyé à vide. Dieu a vu ma souffrance et le travail de mes mains, et hier il a prononcé son jugement.

Laban répondit, et dit à Jacob: Ces filles sont mes filles, ces enfants sont mes enfants, ce troupeau est mon troupeau, et tout ce que tu vois est à moi. Et que puis-je faire aujourd'hui pour mes filles, ou pour leurs enfants qu'elles ont mis au monde?

Viens, faisons alliance, moi et toi, et que cela serve de témoignage entre moi et toi!

Jacob prit une pierre, et il la dressa pour monument.

Jacob dit à ses frères: Ramassez des pierres. Ils prirent des pierres, et firent un monceau; et ils mangèrent là sur le monceau.

Laban l'appela Jegar-Sahadutha, et Jacob l'appela Galed.

Laban dit: Que ce monceau serve aujourd'hui de témoignage entre moi et toi! C'est pourquoi on lui a donné le nom de Galed.

On l'appelle aussi Mitspa, parce que Laban dit: Que l'Eternel veille sur toi et sur moi, quand nous nous serons l'un et l'autre perdus de vue.

Si tu maltraites mes filles, et si tu prends encore d'autres femmes, ce n'est pas un homme qui sera avec nous, prends-y garde, c'est Dieu qui sera témoin entre moi et toi.

Laban dit à Jacob: Voici ce monceau, et voici ce monument que j'ai élevé entre moi et toi.

Que ce monceau soit témoin et que ce monument soit témoin que je n'irai point vers toi au delà de ce monceau, et que tu ne viendras point vers moi au delà de ce monceau et de ce monument, pour agir méchamment.

Que le Dieu d'Abraham et de Nachor, que le Dieu de leur père soit juge entre nous. Jacob jura par celui que craignait Isaac.

Jacob offrit un sacrifice sur la montagne, et il invita ses frères à manger; ils mangèrent donc, et passèrent la nuit sur la montagne.

Laban se leva de bon matin, baisa ses fils et ses filles, et les bénit. Ensuite il partit pour retourner dans sa demeure.

Jacob poursuivit son chemin; et des anges de Dieu le rencontrèrent.

En les voyant, Jacob dit: C'est le camp de Dieu! Et il donna à ce lieu le nom de Mahanaïm.

Jacob envoya devant lui des messagers à Esaü, son frère, au pays de Séir, dans le territoire d'Edom.

Il leur donna cet ordre: Voici ce que vous direz à mon seigneur Esaü: Ainsi parle ton serviteur Jacob: J'ai séjourné chez Laban, et j'y suis resté jusqu'à présent;

j'ai des bœufs, des ânes, des brebis, des serviteurs et des servantes, et j'envoie l'annoncer à mon seigneur, pour trouver grâce à tes yeux.

Les messagers revinrent auprès de Jacob, en disant: Nous sommes allés vers ton frère Esaü; et il marche à ta rencontre, avec quatre cents hommes.

Jacob fut très effrayé, et saisi d'angoisse. Il partagea en deux camps les gens qui étaient avec lui, les brebis, les bœufs et les chameaux;

et il dit: Si Esaü vient contre l'un des camps et le bat, le camp qui restera pourra se sauver.

Jacob dit: Dieu de mon père Abraham, Dieu de mon père Isaac, Eternel, qui m'as dit: Retourne dans ton pays et dans ton lieu de naissance, et je te ferai du bien!

Je suis trop petit pour toutes les grâces et pour toute la fidélité dont tu as usé envers ton serviteur; car j'ai passé ce Jourdain avec mon bâton, et maintenant je forme deux camps.

Délivre-moi, je te prie, de la main de mon frère, de la main d'Esaü! car je crains qu'il ne vienne, et qu'il ne me frappe, avec la mère et les enfants.

Et toi, tu as dit: Je te ferai du bien, et je rendrai ta postérité comme le sable de la mer, si abondant qu'on ne saurait le compter.

C'est dans ce lieu-là que Jacob passa la nuit. Il prit de ce qu'il avait sous la main, pour faire un présent à Esaü, son frère:

deux cents chèvres et vingt boucs, deux cents brebis et vingt béliers,

trente femelles de chameaux avec leurs petits qu'elles allaitaient, quarante vaches et dix taureaux, vingt ânesses et dix ânes.

Il les remit à ses serviteurs, troupeau par troupeau séparément, et il dit à ses serviteurs: Passez devant moi, et mettez un intervalle entre chaque troupeau.

Il donna cet ordre au premier: Quand Esaü, mon frère, te rencontrera, et te demandera: A qui es-tu? où vas-tu? et à qui appartient ce troupeau devant toi?

tu répondras: A ton serviteur Jacob; c'est un présent envoyé à mon seigneur Esaü; et voici, il vient lui-même derrière nous.

Il donna le même ordre au second, au troisième, et à tous ceux qui suivaient les troupeaux: C'est ainsi que vous parlerez à mon seigneur Esaü, quand vous le rencontrerez.

Vous direz: Voici, ton serviteur Jacob vient aussi derrière nous. Car il se disait: Je l'apaiserai par ce présent qui va devant moi; ensuite je le verrai en face, et peut-être m'accueillera-t-il favorablement.

Le présent passa devant lui; et il resta cette nuit-là dans le camp.

Il se leva la même nuit, prit ses deux femmes, ses deux servantes, et ses onze enfants, et passa le gué de Jabbok.

Il les prit, leur fit passer le torrent, et le fit passer à tout ce qui lui appartenait.

Jacob demeura seul. Alors un homme lutta avec lui jusqu'au lever de l'aurore.

Voyant qu'il ne pouvait le vaincre, cet homme le frappa à l'emboîture de la hanche; et l'emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu'il luttait avec lui.

Il dit: Laisse-moi aller, car l'aurore se lève. Et Jacob répondit: Je ne te laisserai point aller, que tu ne m'aies béni.

Il lui dit: Quel est ton nom? Et il répondit: Jacob.

Il dit encore: ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur.

Jacob l'interrogea, en disant: Fais-moi je te prie, connaître ton nom. Il répondit: Pourquoi demandes-tu mon nom? Et il le bénit là.

Jacob appela ce lieu du nom de Peniel: car, dit-il, j'ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.

Le soleil se levait, lorsqu'il passa Peniel. Jacob boitait de la hanche.

C'est pourquoi jusqu'à ce jour, les enfants d'Israël ne mangent point le tendon qui est à l'emboîture de la hanche; car Dieu frappa Jacob à l'emboîture de la hanche, au tendon.

Jacob leva les yeux, et regarda; et voici, Esaü arrivait, avec quatre cents hommes. Il répartit les enfants entre Léa, Rachel, et les deux servantes.

Il plaça en tête les servantes avec leurs enfants, puis Léa avec ses enfants, et enfin Rachel avec Joseph.

Lui-même passa devant eux; et il se prosterna en terre sept fois, jusqu'à ce qu'il fût près de son frère.

Esaü courut à sa rencontre; il l'embrassa, se jeta à son cou, et le baisa. Et ils pleurèrent.

Esaü, levant les yeux, vit les femmes et les enfants, et il dit: Qui sont ceux que tu as là? Et Jacob répondit: Ce sont les enfants que Dieu a accordés à ton serviteur.

Les servantes s'approchèrent, elles et leurs enfants, et se prosternèrent;

Léa et ses enfants s'approchèrent aussi, et se prosternèrent; ensuite Joseph et Rachel s'approchèrent, et se prosternèrent.

Esaü dit: A quoi destines-tu tout ce camp que j'ai rencontré? Et Jacob répondit: A trouver grâce aux yeux de mon seigneur.

Esaü dit: Je suis dans l'abondance, mon frère; garde ce qui est à toi.

Et Jacob répondit: Non, je te prie, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, accepte de ma main mon présent; car c'est pour cela que j'ai regardé ta face comme on regarde la face de Dieu, et tu m'as accueilli favorablement.

Accepte donc mon présent qui t'a été offert, puisque Dieu m'a comblé de grâces, et que je ne manque de rien. Il insista auprès de lui, et Esaü accepta.

Esaü dit: Partons, mettons-nous en route; j'irai devant toi.

Jacob lui répondit: Mon seigneur sait que les enfants sont délicats, et que j'ai des brebis et des vaches qui allaitent; si l'on forçait leur marche un seul jour, tout le troupeau périrait.

Que mon seigneur prenne les devants sur son serviteur; et moi, je suivrai lentement, au pas du troupeau qui me précédera, et au pas des enfants, jusqu'à ce que j'arrive chez mon seigneur, à Séir.

Esaü dit: Je veux au moins laisser avec toi une partie de mes gens. Et Jacob répondit: Pourquoi cela? Que je trouve seulement grâce aux yeux de mon seigneur!

Le même jour, Esaü reprit le chemin de Séir.

Jacob partit pour Succoth. Il bâtit une maison pour lui, et il fit des cabanes pour ses troupeaux. C'est pourquoi l'on a appelé ce lieu du nom de Succoth.

A son retour de Paddan-Aram, Jacob arriva heureusement à la ville de Sichem, dans le pays de Canaan, et il campa devant la ville.

Il acheta la portion du champ où il avait dressé sa tente, des fils d'Hamor, père de Sichem, pour cent kesita.

Et là, il éleva un autel, qu'il appela El-Elohé-Israël.

Dina, la fille que Léa avait enfantée à Jacob, sortit pour voir les filles du pays.

Elle fut aperçue de Sichem, fils de Hamor, prince du pays. Il l'enleva, coucha avec elle, et la déshonora.

Son cœur s'attacha à Dina, fille de Jacob; il aima la jeune fille, et sut parler à son cœur.

Et Sichem dit à Hamor, son père: Donne-moi cette jeune fille pour femme.

Jacob apprit qu'il avait déshonoré Dina, sa fille; et, comme ses fils étaient aux champs avec son troupeau, Jacob garda le silence jusqu'à leur retour.

Hamor, père de Sichem, se rendit auprès de Jacob pour lui parler.

Et les fils de Jacob revenaient des champs, lorsqu'ils apprirent la chose; ces hommes furent irrités et se mirent dans une grande colère, parce que Sichem avait commis une infamie en Israël, en couchant avec la fille de Jacob, ce qui n'aurait pas dû se faire.

Hamor leur adressa ainsi la parole: Le cœur de Sichem, mon fils, s'est attaché à votre fille; donnez-la-lui pour femme, je vous prie.

Alliez-vous avec nous; vous nous donnerez vos filles, et vous prendrez pour vous les nôtres.

Vous habiterez avec nous, et le pays sera à votre disposition; restez, pour y trafiquer et y acquérir des propriétés.

Sichem dit au père et aux frères de Dina: Que je trouve grâce à vos yeux, et je donnerai ce que vous me direz.

Exigez de moi une forte dot et beaucoup de présents, et je donnerai ce que vous me direz; mais accordez-moi pour femme la jeune fille.

Les fils de Jacob répondirent et parlèrent avec ruse à Sichem et à Hamor, son père, parce que Sichem avait déshonoré Dina, leur sœur.

Ils leur dirent: C'est une chose que nous ne pouvons pas faire, que de donner notre sœur à un homme incirconcis; car ce serait un opprobre pour nous.

Nous ne consentirons à votre désir qu'à la condition que vous deveniez comme nous, et que tout mâle parmi vous soit circoncis.

Nous vous donnerons alors nos filles, et nous prendrons pour nous les vôtres; nous habiterons avec vous, et nous formerons un seul peuple.

Mais si vous ne voulez pas nous écouter et vous faire circoncire, nous prendrons notre fille, et nous nous en irons.

Leurs paroles eurent l'assentiment de Hamor et de Sichem, fils de Hamor.

Le jeune homme ne tarda pas à faire la chose, car il aimait la fille de Jacob. Il était considéré de tous dans la maison de son père.

Hamor et Sichem, son fils, se rendirent à la porte de leur ville, et ils parlèrent ainsi aux gens de leur ville:

Ces hommes sont paisibles à notre égard; qu'ils restent dans le pays, et qu'ils y trafiquent; le pays est assez vaste pour eux. Nous prendrons pour femmes leurs filles, et nous leur donnerons nos filles.

Mais ces hommes ne consentiront à habiter avec nous, pour former un seul peuple, qu'à la condition que tout mâle parmi nous soit circoncis, comme ils sont eux-mêmes circoncis.

Leurs troupeaux, leurs biens et tout leur bétail, ne seront-ils pas à nous? Acceptons seulement leur condition, pour qu'ils restent avec nous.

Tous ceux qui étaient venus à la porte de la ville écoutèrent Hamor et Sichem, son fils; et tous les mâles se firent circoncire, tous ceux qui étaient venus à la porte de la ville.

Le troisième jour, pendant qu'ils étaient souffrants, les deux fils de Jacob, Siméon et Lévi, frères de Dina, prirent chacun leur épée, tombèrent sur la ville qui se croyait en sécurité, et tuèrent tous les mâles.

Ils passèrent aussi au fil de l'épée Hamor et Sichem, son fils; ils enlevèrent Dina de la maison de Sichem, et sortirent.

Les fils de Jacob se jetèrent sur les morts, et pillèrent la ville, parce qu'on avait déshonoré leur sœur.

Ils prirent leurs troupeaux, leurs bœufs et leurs ânes, ce qui était dans la ville et ce qui était dans les champs;

ils emmenèrent comme butin toutes leurs richesses, leurs enfants et leurs femmes, et tout ce qui se trouvait dans les maisons.

Alors Jacob dit à Siméon et à Lévi: Vous me troublez, en me rendant odieux aux habitants du pays, aux Cananéens et aux Phérésiens. Je n'ai qu'un petit nombre d'hommes; et ils se rassembleront contre moi, ils me frapperont, et je serai détruit, moi et ma maison.

Ils répondirent: Traitera-t-on notre sœur comme une prostituée?

Dieu dit à Jacob: Lève-toi, monte à Béthel, et demeures-y; là, tu dresseras un autel au Dieu qui t'apparut, lorsque tu fuyais Esaü, ton frère.

Jacob dit à sa maison et à tous ceux qui étaient avec lui: Otez les dieux étrangers qui sont au milieu de vous, purifiez-vous, et changez de vêtements.

Nous nous lèverons, et nous monterons à Béthel; là, je dresserai un autel au Dieu qui m'a exaucé dans le jour de ma détresse, et qui a été avec moi pendant le voyage que j'ai fait.

Ils donnèrent à Jacob tous les dieux étrangers qui étaient entre leurs mains, et les anneaux qui étaient à leurs oreilles. Jacob les enfouit sous le térébinthe qui est près de Sichem.

Ensuite ils partirent. La terreur de Dieu se répandit sur les villes qui les entouraient, et l'on ne poursuivit point les fils de Jacob.

Jacob arriva, lui et tous ceux qui étaient avec lui, à Luz, qui est Béthel, dans le pays de Canaan.

Il bâtit là un autel, et il appela ce lieu El-Béthel; car c'est là que Dieu s'était révélé à lui lorsqu'il fuyait son frère.

Débora, nourrice de Rebecca, mourut; et elle fut enterrée au-dessous de Béthel, sous le chêne auquel on a donné le nom de chêne des pleurs.

Dieu apparut encore à Jacob, après son retour de Paddan-Aram, et il le bénit.

Dieu lui dit: Ton nom est Jacob; tu ne seras plus appelé Jacob, mais ton nom sera Israël. Et il lui donna le nom d'Israël.

Dieu lui dit: Je suis le Dieu tout-puissant. Sois fécond, et multiplie: une nation et une multitude de nations naîtront de toi, et des rois sortiront de tes reins.

Je te donnerai le pays que j'ai donné à Abraham et à Isaac, et je donnerai ce pays à ta postérité après toi.

Dieu s'éleva au-dessus de lui, dans le lieu où il lui avait parlé.

Et Jacob dressa un monument dans le lieu où Dieu lui avait parlé, un monument de pierres, sur lequel il fit une libation et versa de l'huile.

Jacob donna le nom de Béthel au lieu où Dieu lui avait parlé.

Ils partirent de Béthel; et il y avait encore une certaine distance jusqu'à Ephrata, lorsque Rachel accoucha. Elle eut un accouchement pénible;

et pendant les douleurs de l'enfantement, la sage-femme lui dit: Ne crains point, car tu as encore un fils!

Et comme elle allait rendre l'âme, car elle était mourante, elle lui donna le nom de Ben-Oni; mais le père l'appela Benjamin.

Rachel mourut, et elle fut enterrée sur le chemin d'Ephrata, qui est Bethléhem.

Jacob éleva un monument sur son sépulcre; c'est le monument du sépulcre de Rachel, qui existe encore aujourd'hui.

Israël partit; et il dressa sa tente au delà de Migdal-Eder.

Pendant qu'Israël habitait cette contrée, Ruben alla coucher avec Bilha, concubine de son père. Et Israël l'apprit. Les fils de Jacob étaient au nombre de douze.

Fils de Léa: Ruben, premier-né de Jacob, Siméon, Lévi, Juda, Issacar et Zabulon.

Fils de Rachel: Joseph et Benjamin.

Fils de Bilha, servante de Rachel: Dan et Nephthali.

Fils de Zilpa, servante de Léa: Gad et Aser.

Ce sont là les fils de Jacob, qui lui naquirent à Paddan-Aram.

Jacob arriva auprès d'Isaac, son père, à Mamré, à Kirjath-Arba, qui est Hébron, où avaient séjourné Abraham et Isaac.

Les jours d'Isaac furent de cent quatre-vingts ans.

Il expira et mourut, et il fut recueilli auprès de son peuple, âgé et rassasié de jours, et Esaü et Jacob, ses fils, l'enterrèrent.

Voici la postérité d'Esaü, qui est Edom.

Esaü prit ses femmes parmi les filles de Canaan: Ada, fille d'Elon, le Héthien; Oholibama, fille d'Ana, fille de Tsibeon, le Hévien;

et Basmath, fille d'Ismaël, sœur de Nebajoth.

Ada enfanta à Esaü Eliphaz; Basmath enfanta Réuel;

et Oholibama enfanta Jéusch, Jaelam et Koré. Ce sont là les fils d'Esaü, qui lui naquirent dans le pays de Canaan.

Esaü prit ses femmes, ses fils et ses filles, toutes les personnes de sa maison, ses troupeaux, tout son bétail, et tout le bien qu'il avait acquis au pays de Canaan, et il s'en alla dans un autre pays, loin de Jacob, son frère.

Car leurs richesses étaient trop considérables pour qu'ils demeurassent ensemble, et la contrée où ils séjournaient ne pouvait plus leur suffire à cause de leurs troupeaux.

Esaü s'établit dans la montagne de Séir. Esaü, c'est Edom.

Voici la postérité d'Esaü, père d'Edom, dans la montagne de Séir.

Voici les noms des fils d'Esaü: Eliphaz, fils d'Ada, femme d'Esaü; Réuel, fils de Basmath, femme d'Esaü.

Les fils d'Eliphaz furent: Théman, Omar, Tsepho, Gaetham et Kenaz.

Et Thimna était la concubine d'Eliphaz, fils d'Esaü: elle enfanta à Eliphaz Amalek. Ce sont là les fils d'Ada, femme d'Esaü.

Voici les fils de Réuel: Nahath, Zérach, Schamma et Mizza. Ce sont là les fils de Basmath, femme d'Esaü.

Voici les fils d'Oholibama, fille d'Ana, fille de Tsibeon, femme d'Esaü: elle enfanta à Esaü Jéusch, Jaelam et Koré.

Voici les chefs de tribus issues des fils d'Esaü. Voici les fils d'Eliphaz, premier-né d'Esaü: le chef Théman, le chef Omar, le chef Tsepho, le chef Kenaz,

le chef Koré, le chef Gaetham, le chef Amalek. Ce sont là les chefs issus d'Eliphaz, dans le pays d'Edom. Ce sont les fils d'Ada.

Voici les fils de Réuel, fils d'Esaü: le chef Nahath, le chef Zérach, le chef Schamma, le chef Mizza. Ce sont là les chefs issus de Réuel, dans le pays d'Edom. Ce sont là les fils de Basmath, femme d'Esaü.

Voici les fils d'Oholibama, femme d'Esaü: le chef Jéusch, le chef Jaelam, le chef Koré. Ce sont là les chefs issus d'Oholibama, fille d'Ana, femme d'Esaü.

Ce sont là les fils d'Esaü, et ce sont là leurs chefs de tribus. Esaü, c'est Edom.

Voici les fils de Séir, le Horien, anciens habitants du pays: Lothan, Schobal, Tsibeon, Ana,

Dischon, Etser, et Dischan. Ce sont là les chefs des Horiens, fils de Séir, dans le pays d'Edom.

Les fils de Lothan furent: Hori et Hémam. La sœur de Lothan fut Thimna.

Voici les fils de Schobal: Alvan, Manahath, Ebal, Schepho et Onam.

Voici les fils de Tsibeon: Ajja et Ana. C'est cet Ana qui trouva les sources chaudes dans le désert, quand il faisait paître les ânes de Tsibeon, son père.

Voici les enfants d'Ana: Dischon, et Oholibama, fille d'Ana.

Voici les fils de Dischon: Hemdan, Eschban, Jithran et Karen.

Voici les fils d'Etser: Bilhan, Zaavan et Akan.

Voici les fils de Dischan: Uts et Aran.

Voici les chefs des Horiens: le chef Lothan, le chef Schobal, le chef Tsibeon, le chef Ana,

le chef Dischon, le chef Etser, le chef Dischan. Ce sont là les chefs des Horiens, les chefs qu'ils eurent dans le pays de Séir.

Voici les rois qui ont régné dans le pays d'Edom, avant qu'un roi régnât sur les enfants d'Israël.

Béla, fils de Béor, régna sur Edom; et le nom de sa ville était Dinhaba.

Béla mourut; et Jobab, fils de Zérach, de Botsra, régna à sa place.

Jobab mourut; et Huscham, du pays des Thémanites, régna à sa place.

Huscham mourut; et Hadad, fils de Bedad, régna à sa place. C'est lui qui frappa Madian dans les champs de Moab. Le nom de sa ville était Avith.

Hadad mourut; et Samla, de Masréka, régna à sa place.

Samla mourut; et Saül, de Rehoboth sur le fleuve, régna à sa place.

Saül mourut; et Baal-Hanan, fils d'Acbor, régna à sa place.

Baal-Hanan, fils d'Acbor, mourut; et Hadar régna à sa place. Le nom de sa ville était Pau; et le nom de sa femme Mehéthabeel, fille de Mathred, fille de Mézahab.

Voici les noms des chefs issus d'Esaü, selon leurs tribus, selon leurs territoires, et d'après leurs noms: le chef Thimna, le chef Alva, le chef Jetheth,

le chef Oholibama, le chef Ela, le chef Pinon,

le chef Kenaz, le chef Théman, le chef Mibtsar,

le chef Magdiel, le chef Iram. Ce sont là les chefs d'Edom, selon leurs habitations dans le pays qu'ils possédaient. C'est là Esaü, père d'Edom.

Jacob demeura dans le pays de Canaan, où avait séjourné son père.

Voici la postérité de Jacob. Joseph, âgé de dix-sept ans, faisait paître le troupeau avec ses frères; cet enfant était auprès des fils de Bilha et des fils de Zilpa, femmes de son père. Et Joseph rapportait à leur père leurs mauvais propos.

Israël aimait Joseph plus que tous ses autres fils, parce qu'il l'avait eu dans sa vieillesse; et il lui fit une tunique de plusieurs couleurs.

Ses frères virent que leur père l'aimait plus qu'eux tous, et ils le prirent en haine. Ils ne pouvaient lui parler avec amitié.

Joseph eut un songe, et il le raconta à ses frères, qui le haïrent encore davantage.

Il leur dit: Ecoutez donc ce songe que j'ai eu!

Nous étions à lier des gerbes au milieu des champs; et voici, ma gerbe se leva et se tint debout, et vos gerbes l'entourèrent et se prosternèrent devant elle.

Ses frères lui dirent: Est-ce que tu régneras sur nous? est-ce que tu nous gouverneras? Et ils le haïrent encore davantage, à cause de ses songes et à cause de ses paroles.

Il eut encore un autre songe, et il le raconta à ses frères. Il dit: J'ai eu encore un songe! Et voici, le soleil, la lune et onze étoiles se prosternaient devant moi.

Il le raconta à son père et à ses frères. Son père le réprimanda, et lui dit: Que signifie ce songe que tu as eu? Faut-il que nous venions, moi, ta mère et tes frères, nous prosterner en terre devant toi?

Ses frères eurent de l'envie contre lui, mais son père garda le souvenir de ces choses.

Les frères de Joseph étant allés à Sichem, pour faire paître le troupeau de leur père,

Israël dit à Joseph: Tes frères ne font-ils pas paître le troupeau à Sichem? Viens, je veux t'envoyer vers eux. Et il répondit: Me voici!

Israël lui dit: Va, je te prie, et vois si tes frères sont en bonne santé et si le troupeau est en bon état; et tu m'en rapporteras des nouvelles. Il l'envoya ainsi de la vallée d'Hébron; et Joseph alla à Sichem.

Un homme le rencontra, comme il errait dans les champs. Il le questionna, en disant: Que cherches-tu?

Joseph répondit: Je cherche mes frères; dis-moi, je te prie, où ils font paître leur troupeau.

Et l'homme dit: Ils sont partis d'ici; car je les ai entendus dire: Allons à Dothan. Joseph alla après ses frères, et il les trouva à Dothan.

Ils le virent de loin; et, avant qu'il fût près d'eux, ils complotèrent de le faire mourir.

Ils se dirent l'un à l'autre: Voici le faiseur de songes qui arrive.

Venez maintenant, tuons-le, et jetons-le dans une des citernes; nous dirons qu'une bête féroce l'a dévoré, et nous verrons ce que deviendront ses songes.

Ruben entendit cela, et il le délivra de leurs mains. Il dit: Ne lui ôtons pas la vie.

Ruben leur dit: Ne répandez point de sang; jetez-le dans cette citerne qui est au désert, et ne mettez pas la main sur lui. Il avait dessein de le délivrer de leurs mains pour le faire retourner vers son père.

Lorsque Joseph fut arrivé auprès de ses frères, ils le dépouillèrent de sa tunique, de la tunique de plusieurs couleurs, qu'il avait sur lui.

Ils le prirent, et le jetèrent dans la citerne. Cette citerne était vide; il n'y avait point d'eau.

Ils s'assirent ensuite pour manger. Ayant levé les yeux, ils virent une caravane d'Ismaélites venant de Galaad; leurs chameaux étaient chargés d'aromates, de baume et de myrrhe, qu'ils transportaient en Egypte.

Alors Juda dit à ses frères: Que gagnerons-nous à tuer notre frère et à cacher son sang?

Venez, vendons-le aux Ismaélites, et ne mettons pas la main sur lui, car il est notre frère, notre chair. Et ses frères l'écoutèrent.

Au passage des marchands madianites, ils tirèrent et firent remonter Joseph hors de la citerne; et ils le vendirent pour vingt sicles d'argent aux Ismaélites, qui l'emmenèrent en Egypte.

Ruben revint à la citerne; et voici, Joseph n'était plus dans la citerne. Il déchira ses vêtements,

retourna vers ses frères, et dit: L'enfant n'y est plus! Et moi, où irai-je?

Ils prirent alors la tunique de Joseph; et, ayant tué un bouc, ils plongèrent la tunique dans le sang.

Ils envoyèrent à leur père la tunique de plusieurs couleurs, en lui faisant dire: Voici ce que nous avons trouvé! reconnais si c'est la tunique de ton fils, ou non.

Jacob la reconnut, et dit: C'est la tunique de mon fils! une bête féroce l'a dévoré! Joseph a été mis en pièces!

Et il déchira ses vêtements, il mit un sac sur ses reins, et il porta longtemps le deuil de son fils.

Tous ses fils et toutes ses filles vinrent pour le consoler; mais il ne voulut recevoir aucune consolation. Il disait: C'est en pleurant que je descendrai vers mon fils au séjour des morts! Et il pleurait son fils.

Les Madianites le vendirent en Egypte à Potiphar, officier de Pharaon, chef des gardes.

En ce temps-là, Juda s'éloigna de ses frères, et se retira vers un homme d'Adullam, nommé Hira.

Là, Juda vit la fille d'un Cananéen, nommé Schua; il la prit pour femme, et alla vers elle.

Elle devint enceinte, et enfanta un fils, qu'elle appela Er.

Elle devint encore enceinte, et enfanta un fils, qu'elle appela Onan.

Elle enfanta de nouveau un fils, qu'elle appela Schéla; Juda était à Czib quand elle l'enfanta.

Juda prit pour Er, son premier-né, une femme nommée Tamar.

Er, premier-né de Juda, était méchant aux yeux de l'Eternel; et l'Eternel le fit mourir.

Alors Juda dit à Onan: Va vers la femme de ton frère, prends-la, comme beau-frère, et suscite une postérité à ton frère.

Onan, sachant que cette postérité ne serait pas à lui, se souillait à terre lorsqu'il allait vers la femme de son frère, afin de ne pas donner de postérité à son frère.

Ce qu'il faisait déplut à l'Eternel, qui le fit aussi mourir.

Alors Juda dit à Tamar, sa belle-fille: Demeure veuve dans la maison de ton père, jusqu'à ce que Schéla, mon fils, soit grand. Il parlait ainsi dans la crainte que Schéla ne mourût comme ses frères. Tamar s'en alla, et elle habita dans la maison de son père.

Les jours s'écoulèrent, et la fille de Schua, femme de Juda, mourut. Lorsque Juda fut consolé, il monta à Thimna, vers ceux qui tondaient ses brebis, lui et son ami Hira, l'Adullamite.

On en informa Tamar, et on lui dit: Voici ton beau-père qui monte à Thimna, pour tondre ses brebis.

Alors elle ôta ses habits de veuve, elle se couvrit d'un voile et s'enveloppa, et elle s'assit à l'entrée d'Enaïm, sur le chemin de Thimna; car elle voyait que Schéla était devenu grand, et qu'elle ne lui était point donnée pour femme.

Juda la vit, et la prit pour une prostituée, parce qu'elle avait couvert son visage.

Il l'aborda sur le chemin, et dit: Laisse-moi aller vers toi. Car il ne connut pas que c'était sa belle-fille. Elle dit: Que me donneras-tu pour venir vers moi?

Il répondit: Je t'enverrai un chevreau de mon troupeau. Elle dit: Me donneras-tu un gage, jusqu'à ce que tu l'envoies?

Il répondit: Quel gage te donnerai-je? Elle dit: Ton cachet, ton cordon, et le bâton que tu as à la main. Il les lui donna. Puis il alla vers elle; et elle devint enceinte de lui.

Elle se leva, et s'en alla; elle ôta son voile, et remit ses habits de veuve.

Juda envoya le chevreau par son ami l'Adullamite, pour retirer le gage des mains de la femme. Mais il ne la trouva point.

Il interrogea les gens du lieu, en disant: Où est cette prostituée qui se tenait à Enaïm, sur le chemin? Ils répondirent: Il n'y a point eu ici de prostituée.

Il retourna auprès de Juda, et dit: Je ne l'ai pas trouvée, et même les gens du lieu ont dit: Il n'y a point eu ici de prostituée.

Juda dit: Qu'elle garde ce qu'elle a! Ne nous exposons pas au mépris. Voici, j'ai envoyé ce chevreau, et tu ne l'as pas trouvée.

Environ trois mois après, on vint dire à Juda: Tamar, ta belle-fille, s'est prostituée, et même la voilà enceinte à la suite de sa prostitution. Et Juda dit: Faites-la sortir, et qu'elle soit brûlée.

Comme on l'amenait dehors, elle fit dire à son beau-père: C'est de l'homme à qui ces choses appartiennent que je suis enceinte; reconnais, je te prie, à qui sont ce cachet, ces cordons et ce bâton.

Juda les reconnut, et dit: Elle est moins coupable que moi, puisque je ne l'ai pas donnée à Schéla, mon fils. Et il ne la connut plus.

Quand elle fut au moment d'accoucher, voici, il y avait deux jumeaux dans son ventre.

Et pendant l'accouchement il y en eut un qui présenta la main; la sage-femme la prit, et y attacha un fil cramoisi, en disant: Celui-ci sort le premier.

Mais il retira la main, et son frère sortit. Alors la sage-femme dit: Quelle brèche tu as faite! Et elle lui donna le nom de Pérets.

Ensuite sortit son frère, qui avait à la main le fil cramoisi; et on lui donna le nom de Zérach.

On fit descendre Joseph en Egypte; et Potiphar, officier de Pharaon, chef des gardes, Egyptien, l'acheta des Ismaélites qui l'y avaient fait descendre.

L'Eternel fut avec lui, et la prospérité l'accompagna; il habitait dans la maison de son maître, l'Egyptien.

Son maître vit que l'Eternel était avec lui, et que l'Eternel faisait prospérer entre ses mains tout ce qu'il entreprenait.

Joseph trouva grâce aux yeux de son maître, qui l'employa à son service, l'établit sur sa maison, et lui confia tout ce qu'il possédait.

Dès que Potiphar l'eut établi sur sa maison et sur tout ce qu'il possédait, l'Eternel bénit la maison de l'Egyptien, à cause de Joseph; et la bénédiction de l'Eternel fut sur tout ce qui lui appartenait, soit à la maison, soit aux champs.

Il abandonna aux mains de Joseph tout ce qui lui appartenait, et il n'avait avec lui d'autre soin que celui de prendre sa nourriture. Or, Joseph était beau de taille et beau de figure.

Après ces choses, il arriva que la femme de son maître porta les yeux sur Joseph, et dit: Couche avec moi!

Il refusa, et dit à la femme de son maître: Voici, mon maître ne prend avec moi connaissance de rien dans la maison, et il a remis entre mes mains tout ce qui lui appartient.

Il n'est pas plus grand que moi dans cette maison, et il ne m'a rien interdit, excepté toi, parce que tu es sa femme. Comment ferais-je un aussi grand mal et pécherais-je contre Dieu?

Quoiqu'elle parlât tous les jours à Joseph, il refusa de coucher auprès d'elle, d'être avec elle.

Un jour qu'il était entré dans la maison pour faire son ouvrage, et qu'il n'y avait là aucun des gens de la maison,

elle le saisit par son vêtement, en disant: Couche avec moi! Il lui laissa son vêtement dans la main, et s'enfuit au dehors.

Lorsqu'elle vit qu'il lui avait laissé son vêtement dans la main, et qu'il s'était enfui dehors,

elle appela les gens de sa maison, et leur dit: Voyez, il nous a amené un Hébreu pour se jouer de nous. Cet homme est venu vers moi pour coucher avec moi; mais j'ai crié à haute voix.

Et quand il a entendu que j'élevais la voix et que je criais, il a laissé son vêtement à côté de moi et s'est enfui dehors.

Et elle posa le vêtement de Joseph à côté d'elle, jusqu'à ce que son maître rentrât à la maison.

Alors elle lui parla ainsi: L'esclave hébreu que tu nous as amené est venu vers moi pour se jouer de moi.

Et comme j'ai élevé la voix et que j'ai crié, il a laissé son vêtement à côté de moi et s'est enfui dehors.

Après avoir entendu les paroles de sa femme, qui lui disait: Voilà ce que m'a fait ton esclave! le maître de Joseph fut enflammé de colère.

Il prit Joseph, et le mit dans la prison, dans le lieu où les prisonniers du roi étaient enfermés: il fut là, en prison.

L'Eternel fut avec Joseph, et il étendit sur lui sa bonté. Il le mit en faveur aux yeux du chef de la prison.

Et le chef de la prison plaça sous sa surveillance tous les prisonniers qui étaient dans la prison; et rien ne s'y faisait que par lui.

Le chef de la prison ne prenait aucune connaissance de ce que Joseph avait en main, parce que l'Eternel était avec lui. Et l'Eternel donnait de la réussite à ce qu'il faisait.

Après ces choses, il arriva que l'échanson et le panetier du roi d'Egypte, offensèrent leur maître, le roi d'Egypte.

Pharaon fut irrité contre ses deux officiers, le chef des échansons et le chef des panetiers.

Et il les fit mettre dans la maison du chef des gardes, dans la prison, dans le lieu où Joseph était enfermé.

Le chef des gardes les plaça sous la surveillance de Joseph, qui faisait le service auprès d'eux; et ils passèrent un certain temps en prison.

Pendant une même nuit, l'échanson et le panetier du roi d'Egypte, qui étaient enfermés dans la prison, eurent tous les deux un songe, chacun le sien, pouvant recevoir une explication distincte.

Joseph, étant venu le matin vers eux, les regarda; et voici, ils étaient tristes.

Alors il questionna les officiers de Pharaon, qui étaient avec lui dans la prison de son maître, et il leur dit: Pourquoi avez-vous mauvais visage aujourd'hui?

Ils lui répondirent: Nous avons eu un songe, et il n'y a personne pour l'expliquer. Joseph leur dit: N'est-ce pas à Dieu qu'appartiennent les explications? Racontez-moi donc votre songe.

Le chef des échansons raconta son songe à Joseph, et lui dit: Dans mon songe, voici, il y avait un cep devant moi.

Ce cep avait trois sarments. Quand il eut poussé, sa fleur se développa et ses grappes donnèrent des raisins mûrs.

La coupe de Pharaon était dans ma main. Je pris les raisins, je les pressai dans la coupe de Pharaon, et je mis la coupe dans la main de Pharaon.

Joseph lui dit: En voici l'explication. Les trois sarments sont trois jours.

Encore trois jours, et Pharaon relèvera ta tête et te rétablira dans ta charge; tu mettras la coupe dans la main de Pharaon, comme tu en avais l'habitude lorsque tu étais son échanson.

Mais souviens-toi de moi, quand tu seras heureux, et montre, je te prie, de la bonté à mon égard; parle en ma faveur à Pharaon, et fais-moi sortir de cette maison.

Car j'ai été enlevé du pays des Hébreux, et ici même je n'ai rien fait pour être mis en prison.

Le chef des panetiers, voyant que Joseph avait donné une explication favorable, dit: Voici, il y avait aussi, dans mon songe, trois corbeilles de pain blanc sur ma tête.

Dans la corbeille la plus élevée il y avait pour Pharaon des mets de toute espèce, cuits au four; et les oiseaux les mangeaient dans la corbeille au-dessus de ma tête.

Joseph répondit, et dit: En voici l'explication. Les trois corbeilles sont trois jours.

Encore trois jours, et Pharaon enlèvera ta tête de dessus toi, te fera pendre à un bois, et les oiseaux mangeront ta chair.

Le troisième jour, jour de la naissance de Pharaon, il fit un festin à tous ses serviteurs; et il éleva la tête du chef des échansons et la tête du chef des panetiers, au milieu de ses serviteurs:

il rétablit le chef des échansons dans sa charge d'échanson, pour qu'il mît la coupe dans la main de Pharaon;

mais il fit pendre le chef des panetiers, selon l'explication que Joseph leur avait donnée.

Le chef des échansons ne pensa plus à Joseph. Il l'oublia.

Au bout de deux ans, Pharaon eut un songe. Voici, il se tenait près du fleuve.

Et voici, sept vaches belles à voir et grasses de chair montèrent hors du fleuve, et se mirent à paître dans la prairie.

Sept autres vaches laides à voir et maigres de chair montèrent derrière elles hors du fleuve, et se tinrent à leurs côtés sur le bord du fleuve.

Les vaches laides à voir et maigres de chair mangèrent les sept vaches belles à voir et grasses de chair. Et Pharaon s'éveilla.

Il se rendormit, et il eut un second songe. Voici, sept épis gras et beaux montèrent sur une même tige.

Et sept épis maigres et brûlés par le vent d'orient poussèrent après eux.

Les épis maigres engloutirent les sept épis gras et pleins. Et Pharaon s'éveilla. Voilà le songe.

Le matin, Pharaon eut l'esprit agité, et il fit appeler tous les magiciens et tous les sages de l'Egypte. Il leur raconta ses songes. Mais personne ne put les expliquer à Pharaon.

Alors le chef des échansons prit la parole, et dit à Pharaon: Je vais rappeler aujourd'hui le souvenir de ma faute.

Pharaon s'était irrité contre ses serviteurs; et il m'avait fait mettre en prison dans la maison du chef des gardes, moi et le chef des panetiers.

Nous eûmes l'un et l'autre un songe dans une même nuit; et chacun de nous reçut une explication en rapport avec le songe qu'il avait eu.

Il y avait là avec nous un jeune Hébreu, esclave du chef des gardes. Nous lui racontâmes nos songes, et il nous les expliqua.

Les choses sont arrivées selon l'explication qu'il nous avait donnée. Pharaon me rétablit dans ma charge, et il fit pendre le chef des panetiers.

Pharaon fit appeler Joseph. On le fit sortir en hâte de prison. Il se rasa, changea de vêtements, et se rendit vers Pharaon.

Pharaon dit à Joseph: J'ai eu un songe. Personne ne peut l'expliquer; et j'ai appris que tu expliques un songe, après l'avoir entendu.

Joseph répondit à Pharaon, en disant: Ce n'est pas moi! c'est Dieu qui donnera une réponse favorable à Pharaon.

Pharaon dit alors à Joseph: Dans mon songe, voici, je me tenais sur le bord du fleuve.

Et voici, sept vaches grasses de chair et belles d'apparence montèrent hors du fleuve, et se mirent à paître dans la prairie.

Sept autres vaches montèrent derrière elles, maigres, fort laides d'apparence, et décharnées: je n'en ai point vu d'aussi laides dans tout le pays d'Egypte.

Les vaches décharnées et laides mangèrent les sept premières vaches qui étaient grasses.

Elles les engloutirent dans leur ventre, sans qu'on s'aperçût qu'elles y fussent entrées; et leur apparence était laide comme auparavant. Et je m'éveillai.

Je vis encore en songe sept épis pleins et beaux, qui montèrent sur une même tige.

Et sept épis vides, maigres, brûlés par le vent d'orient, poussèrent après eux.

Les épis maigres engloutirent les sept beaux épis. Je l'ai dit aux magiciens, mais personne ne m'a donné l'explication.

Joseph dit à Pharaon: Ce qu'a songé Pharaon est une seule chose; Dieu a fait connaître à Pharaon ce qu'il va faire.

Les sept vaches belles sont sept années: et les sept épis beaux sont sept années: c'est un seul songe.

Les sept vaches décharnées et laides, qui montaient derrière les premières, sont sept années; et les sept épis vides, brûlés par le vent d'orient, seront sept années de famine.

Ainsi, comme je viens de le dire à Pharaon, Dieu a fait connaître à Pharaon ce qu'il va faire.

Voici, il y aura sept années de grande abondance dans tout le pays d'Egypte.

Sept années de famine viendront après elles; et l'on oubliera toute cette abondance au pays d'Egypte, et la famine consumera le pays.

Cette famine qui suivra sera si forte qu'on ne s'apercevra plus de l'abondance dans le pays.

Si Pharaon a vu le songe se répéter une seconde fois, c'est que la chose est arrêtée de la part de Dieu, et que Dieu se hâtera de l'exécuter.

Maintenant, que Pharaon choisisse un homme intelligent et sage, et qu'il le mette à la tête du pays d'Egypte.

Que Pharaon établisse des commissaires sur le pays, pour lever un cinquième des récoltes de l'Egypte pendant les sept années d'abondance.

Qu'ils rassemblent tous les produits de ces bonnes années qui vont venir; qu'ils fassent, sous l'autorité de Pharaon, des amas de blé, des approvisionnements dans les villes, et qu'ils en aient la garde.

Ces provisions seront en réserve pour le pays, pour les sept années de famine qui arriveront dans le pays d'Egypte, afin que le pays ne soit pas consumé par la famine.

Ces paroles plurent à Pharaon et à tous ses serviteurs.

Et Pharaon dit à ses serviteurs: Trouverions-nous un homme comme celui-ci, ayant en lui l'esprit de Dieu?

Et Pharaon dit à Joseph: Puisque Dieu t'a fait connaître toutes ces choses, il n'y a personne qui soit aussi intelligent et aussi sage que toi.

Je t'établis sur ma maison, et tout mon peuple obéira à tes ordres. Le trône seul m'élèvera au-dessus de toi.

Pharaon dit à Joseph: Vois, je te donne le commandement de tout le pays d'Egypte.

Pharaon ôta son anneau de la main, et le mit à la main de Joseph; il le revêtit d'habits de fin lin, et lui mit un collier d'or au cou.

Il le fit monter sur le char qui suivait le sien; et l'on criait devant lui: A genoux! C'est ainsi que Pharaon lui donna le commandement de tout le pays d'Egypte.

Il dit encore à Joseph: Je suis Pharaon! Et sans toi personne ne lèvera la main ni le pied dans tout le pays d'Egypte.

Pharaon appela Joseph du nom de Tsaphnath-Paenéach; et il lui donna pour femme Asnath, fille de Poti-Phéra, prêtre d'On. Et Joseph partit pour visiter le pays d'Egypte.

Joseph était âgé de trente ans lorsqu'il se présenta devant Pharaon, roi d'Egypte; et il quitta Pharaon, et parcourut tout le pays d'Egypte.

Pendant les sept années de fertilité, la terre rapporta abondamment.

Joseph rassembla tous les produits de ces sept années dans le pays d'Egypte; il fit des approvisionnements dans les villes, mettant dans l'intérieur de chaque ville les productions des champs d'alentour.

Joseph amassa du blé, comme le sable de la mer, en quantité si considérable que l'on cessa de compter, parce qu'il n'y avait plus de nombre.

Avant les années de famine, il naquit à Joseph deux fils, que lui enfanta Asnath, fille de Poti-Phéra, prêtre d'On.

Joseph donna au premier-né le nom de Manassé, car, dit-il, Dieu m'a fait oublier toutes mes peines et toute la maison de mon père.

Et il donna au second le nom d'Ephraïm, car, dit-il, Dieu m'a rendu fécond dans le pays de mon affliction.

Les sept années d'abondance qu'il y eut au pays d'Egypte s'écoulèrent.

Et les sept années de famine commencèrent à venir, ainsi que Joseph l'avait annoncé. Il y eut famine dans tous les pays; mais dans tout le pays d'Egypte il y avait du pain.

Quand tout le pays d'Egypte fut aussi affamé, le peuple cria à Pharaon pour avoir du pain. Pharaon dit à tous les Egyptiens: Allez vers Joseph, et faites ce qu'il vous dira.

La famine régnait dans tout le pays. Joseph ouvrit tous les lieux d'approvisionnements, et vendit du blé aux Egyptiens. La famine augmentait dans le pays d'Egypte.

Et de tous les pays on arrivait en Egypte, pour acheter du blé auprès de Joseph; car la famine était forte dans tous les pays.

Jacob, voyant qu'il y avait du blé en Egypte, dit à ses fils: Pourquoi vous regardez-vous les uns les autres?

Il dit: Voici, j'apprends qu'il y a du blé en Egypte; descendez-y, pour nous en acheter là, afin que nous vivions et que nous ne mourions pas.

Dix frères de Joseph descendirent en Egypte, pour acheter du blé.

Jacob n'envoya point avec eux Benjamin, frère de Joseph, dans la crainte qu'il ne lui arrivât quelque malheur.

Les fils d'Israël vinrent pour acheter du blé, au milieu de ceux qui venaient aussi; car la famine était dans le pays de Canaan.

Joseph commandait dans le pays; c'est lui qui vendait du blé à tout le peuple du pays. Les frères de Joseph vinrent, et se prosternèrent devant lui la face contre terre.

Joseph vit ses frères et les reconnut; mais il feignit d'être un étranger pour eux, il leur parla durement, et leur dit: D'où venez-vous? Ils répondirent: Du pays de Canaan, pour acheter des vivres.

Joseph reconnut ses frères, mais eux ne le reconnurent pas.

Joseph se souvint des songes qu'il avait eus à leur sujet, et il leur dit: Vous êtes des espions; c'est pour observer les lieux faibles du pays que vous êtes venus.

Ils lui répondirent: Non, mon seigneur, tes serviteurs sont venus pour acheter du blé.

Nous sommes tous fils d'un même homme; nous sommes sincères, tes serviteurs ne sont pas des espions.

Il leur dit: Nullement; c'est pour observer les lieux faibles du pays que vous êtes venus.

Ils répondirent: Nous, tes serviteurs, sommes douze frères, fils d'un même homme au pays de Canaan; et voici, le plus jeune est aujourd'hui avec notre père, et il y en a un qui n'est plus.

Joseph leur dit: Je viens de vous le dire, vous êtes des espions.

Voici comment vous serez éprouvés. Par la vie de Pharaon! vous ne sortirez point d'ici que votre jeune frère ne soit venu.

Envoyez l'un de vous pour chercher votre frère; et vous, restez prisonniers. Vos paroles seront éprouvées, et je saurai si la vérité est chez vous; sinon, par la vie de Pharaon! vous êtes des espions.

Et il les mit ensemble trois jours en prison.

Le troisième jour, Joseph leur dit: Faites ceci, et vous vivrez. Je crains Dieu!

Si vous êtes sincères, que l'un de vos frères reste enfermé dans votre prison; et vous, partez, emportez du blé pour nourrir vos familles,

et amenez-moi votre jeune frère, afin que vos paroles soient éprouvées et que vous ne mouriez point. Et ils firent ainsi.

Ils se dirent alors l'un à l'autre: Oui, nous avons été coupables envers notre frère, car nous avons vu l'angoisse de son âme, quand il nous demandait grâce, et nous ne l'avons point écouté! C'est pour cela que cette affliction nous arrive.

Ruben, prenant la parole, leur dit: Ne vous disais-je pas: Ne commettez point un crime envers cet enfant? Mais vous n'avez point écouté. Et voici, son sang est redemandé.

Ils ne savaient pas que Joseph comprenait, car il se servait avec eux d'un interprète.

Il s'éloigna d'eux, pour pleurer. Il revint, et leur parla; puis il prit parmi eux Siméon, et le fit enchaîner sous leurs yeux.

Joseph ordonna qu'on remplît de blé leurs sacs, qu'on remît l'argent de chacun dans son sac, et qu'on leur donnât des provisions pour la route. Et l'on fit ainsi.

Ils chargèrent le blé sur leurs ânes, et partirent.

L'un d'eux ouvrit son sac pour donner du fourrage à son âne, dans le lieu où ils passèrent la nuit, et il vit l'argent qui était à l'entrée du sac.

Il dit à ses frères: Mon argent a été rendu, et le voici dans mon sac. Alors leur cœur fut en défaillance; et ils se dirent l'un à l'autre, en tremblant: Qu'est-ce que Dieu nous a fait?

Ils revinrent auprès de Jacob, leur père, dans le pays de Canaan, et ils lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé. Ils dirent:

L'homme, qui est le seigneur du pays, nous a parlé durement, et il nous a pris pour des espions.

Nous lui avons dit: Nous sommes sincères, nous ne sommes pas des espions.

Nous sommes douze frères, fils de notre père; l'un n'est plus, et le plus jeune est aujourd'hui avec notre père au pays de Canaan.

Et l'homme, qui est le seigneur du pays, nous a dit: Voici comment je saurai si vous êtes sincères. Laissez auprès de moi l'un de vos frères, prenez de quoi nourrir vos familles, partez, et amenez-moi votre jeune frère.

Je saurai ainsi que vous n'êtes pas des espions, que vous êtes sincères; je vous rendrai votre frère, et vous pourrez librement parcourir le pays.

Lorsqu'ils vidèrent leurs sacs, voici, le paquet d'argent de chacun était dans son sac. Ils virent, eux et leur père, leurs paquets d'argent, et ils eurent peur.

Jacob, leur père, leur dit: Vous me privez de mes enfants! Joseph n'est plus, Siméon n'est plus, et vous prendriez Benjamin! C'est sur moi que tout cela retombe.

Ruben dit à son père: Tu feras mourir mes deux fils si je ne te ramène pas Benjamin; remets-le entre mes mains, et je te le ramènerai.

Jacob dit: Mon fils ne descendra point avec vous; car son frère est mort, et il reste seul; s'il lui arrivait un malheur dans le voyage que vous allez faire, vous feriez descendre mes cheveux blancs avec douleur dans le séjour des morts.

La famine s'appesantissait sur le pays.

Quand ils eurent fini de manger le blé qu'ils avaient apporté d'Egypte, Jacob dit à ses fils: Retournez, achetez-nous un peu de vivres.

Juda lui répondit: Cet homme nous a fait cette déclaration formelle: Vous ne verrez pas ma face, à moins que votre frère ne soit avec vous.

Si donc tu veux envoyer notre frère avec nous, nous descendrons, et nous t'achèterons des vivres.

Mais si tu ne veux pas l'envoyer, nous ne descendrons point, car cet homme nous a dit: Vous ne verrez pas ma face, à moins que votre frère ne soit avec vous.

Israël dit alors: Pourquoi avez-vous mal agi à mon égard, en disant à cet homme que vous aviez encore un frère?

Ils répondirent: Cet homme nous a interrogés sur nous et sur notre famille, en disant: Votre père vit-il encore? avez-vous un frère? Et nous avons répondu à ces questions. Pouvions-nous savoir qu'il dirait: Faites descendre votre frère?

Juda dit à Israël, son père: Laisse venir l'enfant avec moi, afin que nous nous levions et que nous partions; et nous vivrons et ne mourrons pas, nous, toi, et nos enfants.

Je réponds de lui; tu le redemanderas de ma main. Si je ne le ramène pas auprès de toi et si je ne le remets pas devant ta face, je serai pour toujours coupable envers toi.

Car si nous n'eussions pas tardé, nous serions maintenant deux fois de retour.

Israël, leur père, leur dit: Puisqu'il le faut, faites ceci. Prenez dans vos sacs des meilleures productions du pays, pour en porter un présent à cet homme, un peu de baume et un peu de miel, des aromates, de la myrrhe, des pistaches et des amandes.

Prenez avec vous de l'argent au double, et remportez l'argent qu'on avait mis à l'entrée de vos sacs: peut-être était-ce une erreur.

Prenez votre frère, et levez-vous; retournez vers cet homme.

Que le Dieu tout-puissant vous fasse trouver grâce devant cet homme, et qu'il laisse revenir avec vous votre autre frère et Benjamin! Et moi, si je dois être privé de mes enfants, que j'en sois privé!

Ils prirent le présent; ils prirent avec eux de l'argent au double, ainsi que Benjamin; ils se levèrent, descendirent en Egypte, et se présentèrent devant Joseph.

Dès que Joseph vit avec eux Benjamin, il dit à son intendant: Fais entrer ces gens dans la maison, tue et apprête; car ces gens mangeront avec moi à midi.

Cet homme fit ce que Joseph avait ordonné, et il conduisit ces gens dans la maison de Joseph.

Ils eurent peur lorsqu'ils furent conduits à la maison de Joseph, et ils dirent: C'est à cause de l'argent remis l'autre fois dans nos sacs qu'on nous emmène; c'est pour se jeter sur nous, se précipiter sur nous; c'est pour nous prendre comme esclaves, et s'emparer de nos ânes.

Ils s'approchèrent de l'intendant de la maison de Joseph, et lui adressèrent la parole, à l'entrée de la maison.

Ils dirent: Pardon! mon seigneur, nous sommes déjà descendus une fois pour acheter des vivres.

Puis, quand nous arrivâmes, au lieu où nous devions passer la nuit, nous avons ouvert nos sacs; et voici, l'argent de chacun était à l'entrée de son sac, notre argent selon son poids: nous le rapportons avec nous.

Nous avons aussi apporté d'autre argent, pour acheter des vivres. Nous ne savons pas qui avait mis notre argent dans nos sacs.

L'intendant répondit: Que la paix soit avec vous! Ne craignez rien. C'est votre Dieu, le Dieu de votre père, qui vous a donné un trésor dans vos sacs. Votre argent m'est parvenu. Et il leur amena Siméon.

Cet homme les fit entrer dans la maison de Joseph; il leur donna de l'eau et ils se lavèrent les pieds; il donna aussi du fourrage à leurs ânes.

Ils préparèrent leur présent, en attendant que Joseph vienne à midi; car on les avait informés qu'ils mangeraient chez lui.

Quand Joseph fut arrivé à la maison, ils lui offrirent le présent qu'ils avaient apporté, et ils se prosternèrent en terre devant lui.

Il leur demanda comment ils se portaient; et il dit: Votre vieux père, dont vous avez parlé, est-il en bonne santé? vit-il encore?

Ils répondirent: Ton serviteur, notre père, est en bonne santé; il vit encore. Et ils s'inclinèrent et se prosternèrent.

Joseph leva les yeux; et, jetant un regard sur Benjamin, son frère, fils de sa mère, il dit: Est-ce là votre jeune frère, dont vous m'avez parlé? Et il ajouta: Dieu te fasse miséricorde, mon fils!

Ses entrailles étaient émues pour son frère, et il avait besoin de pleurer; il entra précipitamment dans une chambre, et il y pleura.

Après s'être lavé le visage, il en sortit; et, faisant des efforts pour se contenir, il dit: Servez à manger.

On servit Joseph à part, et ses frères à part; les Egyptiens qui mangeaient avec lui furent aussi servis à part, car les Egyptiens ne pouvaient pas manger avec les Hébreux, parce que c'est à leurs yeux une abomination.

Les frères de Joseph s'assirent en sa présence, le premier-né selon son droit d'aînesse, et le plus jeune selon son âge; et ils se regardaient les uns les autres avec étonnement.

Joseph leur fit porter des mets qui étaient devant lui, et Benjamin en eut cinq fois plus que les autres. Ils burent, et s'égayèrent avec lui.

Joseph donna cet ordre à l'intendant de sa maison: Remplis de vivres les sacs de ces gens, autant qu'ils en pourront porter, et mets l'argent de chacun à l'entrée de son sac.

Tu mettras aussi ma coupe, la coupe d'argent, à l'entrée du sac du plus jeune, avec l'argent de son blé. L'intendant fit ce que Joseph lui avait ordonné.

Le matin, dès qu'il fit jour, on renvoya ces gens avec leurs ânes.

Ils étaient sortis de la ville, et ils n'en étaient guère éloignés, lorsque Joseph dit à son intendant: Lève-toi, poursuis ces gens; et, quand tu les auras atteints, tu leur diras: Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien?

N'avez-vous pas la coupe dans laquelle boit mon seigneur, et dont il se sert pour deviner? Vous avez mal fait d'agir ainsi.

L'intendant les atteignit, et leur dit ces mêmes paroles.

Ils lui répondirent: Pourquoi mon seigneur parle-t-il de la sorte? Dieu préserve tes serviteurs d'avoir commis une telle action!

Voici, nous t'avons rapporté du pays de Canaan l'argent que nous avons trouvé à l'entrée de nos sacs; comment aurions-nous dérobé de l'argent ou de l'or dans la maison de ton seigneur?

Que celui de tes serviteurs sur qui se trouvera la coupe meure, et que nous soyons nous-mêmes esclaves de mon seigneur!

Il dit: Qu'il en soit donc selon vos paroles! Celui sur qui se trouvera la coupe sera mon esclave; et vous, vous serez innocents.

Aussitôt, chacun descendit son sac à terre, et chacun ouvrit son sac.

L'intendant les fouilla, commençant par le plus âgé et finissant par le plus jeune; et la coupe fut trouvée dans le sac de Benjamin.

Ils déchirèrent leurs vêtements, chacun rechargea son âne, et ils retournèrent à la ville.

Juda et ses frères arrivèrent à la maison de Joseph, où il était encore, et ils se prosternèrent en terre devant lui.

Joseph leur dit: Quelle action avez-vous faite? Ne savez-vous pas qu'un homme comme moi a le pouvoir de deviner?

Juda répondit: Que dirons-nous à mon seigneur? comment parlerons-nous? comment nous justifierons-nous? Dieu a trouvé l'iniquité de tes serviteurs. Nous voici esclaves de mon seigneur, nous, et celui sur qui s'est trouvée la coupe.

Et Joseph dit: Dieu me garde de faire cela! L'homme sur qui la coupe a été trouvée sera mon esclave; mais vous, remontez en paix vers votre père.

Alors Juda s'approcha de Joseph, et dit: De grâce, mon seigneur, que ton serviteur puisse faire entendre une parole à mon seigneur, et que sa colère ne s'enflamme point contre ton serviteur! car tu es comme Pharaon.

Mon seigneur a interrogé ses serviteurs, en disant: Avez-vous un père, ou un frère?

Nous avons répondu: Nous avons un vieux père, et un jeune frère, enfant de sa vieillesse; cet enfant avait un frère qui est mort, et qui était de la même mère; il reste seul, et son père l'aime.

Tu as dit à tes serviteurs: Faites-le descendre vers moi, et que je le voie de mes propres yeux.

Nous avons répondu à mon seigneur: L'enfant ne peut pas quitter son père; s'il le quitte, son père mourra.

Tu as dit à tes serviteurs: Si votre jeune frère ne descend pas avec vous, vous ne reverrez pas ma face.

Lorsque nous sommes remontés auprès de ton serviteur, mon père, nous lui avons rapporté les paroles de mon seigneur.

Notre père a dit: Retournez, achetez-nous un peu de vivres.

Nous avons répondu: Nous ne pouvons pas descendre; mais, si notre jeune frère est avec nous, nous descendrons, car nous ne pouvons pas voir la face de cet homme, à moins que notre jeune frère ne soit avec nous.

Ton serviteur, notre père, nous a dit: Vous savez que ma femme m'a enfanté deux fils.

L'un étant sorti de chez moi, je pense qu'il a été sans doute déchiré, car je ne l'ai pas revu jusqu'à présent.

Si vous me prenez encore celui-ci, et qu'il lui arrive un malheur, vous ferez descendre mes cheveux blancs avec douleur dans le séjour des morts.

Maintenant, si je retourne auprès de ton serviteur, mon père, sans avoir avec nous l'enfant à l'âme duquel son âme est attachée,

il mourra, en voyant que l'enfant n'y est pas; et tes serviteurs feront descendre avec douleur dans le séjour des morts les cheveux blancs de ton serviteur, notre père.

Car ton serviteur a répondu pour l'enfant, en disant à mon père: Si je ne le ramène pas auprès de toi, je serai pour toujours coupable envers mon père.

Permets donc, je te prie, à ton serviteur de rester à la place de l'enfant, comme esclave de mon seigneur; et que l'enfant remonte avec ses frères.

Comment pourrai-je remonter vers mon père, si l'enfant n'est pas avec moi? Ah! que je ne voie point l'affliction de mon père!

Joseph ne pouvait plus se contenir devant tous ceux qui l'entouraient. Il s'écria: Faites sortir tout le monde. Et il ne resta personne avec Joseph, quand il se fit connaître à ses frères.

Il éleva la voix, en pleurant. Les Egyptiens l'entendirent, et la maison de Pharaon l'entendit.

Joseph dit à ses frères: Je suis Joseph! Mon père vit-il encore? Mais ses frères ne purent lui répondre, car ils étaient troublés en sa présence.

Joseph dit à ses frères: Approchez-vous de moi. Et ils s'approchèrent. Il dit: Je suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu pour être mené en Egypte.

Maintenant, ne vous affligez pas, et ne soyez pas fâchés de m'avoir vendu pour être conduit ici, car c'est pour vous sauver la vie que Dieu m'a envoyé devant vous.

Voilà deux ans que la famine est dans le pays; et pendant cinq années encore, il n'y aura ni labour, ni moisson.

Dieu m'a envoyé devant vous pour vous faire subsister dans le pays, et pour vous faire vivre par une grande délivrance.

Ce n'est donc pas vous qui m'avez envoyé ici, mais c'est Dieu; il m'a établi père de Pharaon, maître de toute sa maison, et gouverneur de tout le pays d'Egypte.

Hâtez-vous de remonter auprès de mon père, et vous lui direz: Ainsi a parlé ton fils Joseph: Dieu m'a établi seigneur de toute l'Egypte; descends vers moi, ne tarde pas!

Tu habiteras dans le pays de Gosen, et tu seras près de moi, toi, tes fils, et les fils de tes fils, tes brebis et tes bœufs, et tout ce qui est à toi.

Là, je te nourrirai, car il y aura encore cinq années de famine; et ainsi tu ne périras point, toi, ta maison, et tout ce qui est à toi.

Vous voyez de vos yeux, et mon frère Benjamin voit de ses yeux que c'est moi-même qui vous parle.

Racontez à mon père toute ma gloire en Egypte, et tout ce que vous avez vu; et vous ferez descendre ici mon père au plus tôt.

Il se jeta au cou de Benjamin, son frère, et pleura; et Benjamin pleura sur son cou.

Il embrassa aussi tous ses frères, en pleurant. Après quoi, ses frères s'entretinrent avec lui.

Le bruit se répandit dans la maison de Pharaon que les frères de Joseph étaient arrivés: ce qui fut agréable à Pharaon et à ses serviteurs.

Pharaon dit à Joseph: Dis à tes frères: Faites ceci. Chargez vos bêtes, et partez pour le pays de Canaan;

prenez votre père et vos familles, et venez auprès de moi. Je vous donnerai ce qu'il y a de meilleur au pays d'Egypte, et vous mangerez la graisse du pays.

Tu as ordre de leur dire: Faites ceci. Prenez dans le pays d'Egypte des chars pour vos enfants et pour vos femmes; amenez votre père, et venez.

Ne regrettez point ce que vous laisserez, car ce qu'il y a de meilleur dans tout le pays d'Egypte sera pour vous.

Les fils d'Israël firent ainsi. Joseph leur donna des chars, selon l'ordre de Pharaon; il leur donna aussi des provisions pour la route.

Il leur donna à tous des vêtements de rechange, et il donna à Benjamin trois cents sicles d'argent et cinq vêtements de rechange.

Il envoya à son père dix ânes chargés de ce qu'il y avait de meilleur en Egypte, et dix ânesses chargées de blé, de pain et de vivres, pour son père pendant le voyage.

Puis il congédia ses frères, qui partirent; et il leur dit: Ne vous querellez pas en chemin.

Ils remontèrent de l'Egypte, et ils arrivèrent dans le pays de Canaan, auprès de Jacob, leur père.

Ils lui dirent: Joseph vit encore, et même c'est lui qui gouverne tout le pays d'Egypte. Mais le cœur de Jacob resta froid, parce qu'il ne les croyait pas.

Ils lui rapportèrent toutes les paroles que Joseph leur avait dites. Il vit les chars que Joseph avait envoyés pour le transporter. C'est alors que l'esprit de Jacob, leur père, se ranima;

et Israël dit: C'est assez! Joseph, mon fils, vit encore! J'irai, et je le verrai avant que je meure.

Israël partit, avec tout ce qui lui appartenait. Il arriva à Beer-Schéba, et il offrit des sacrifices au Dieu de son père Isaac.

Dieu parla à Israël dans une vision pendant la nuit, et il dit: Jacob! Jacob! Israël répondit: Me voici!

Et Dieu dit: Je suis le Dieu, le Dieu de ton père. Ne crains point de descendre en Egypte, car là je te ferai devenir une grande nation.

Moi-même je descendrai avec toi en Egypte, et moi-même je t'en ferai remonter; et Joseph te fermera les yeux.

Jacob quitta Beer-Schéba; et les fils d'Israël mirent Jacob, leur père, avec leurs enfants et leurs femmes, sur les chars que Pharaon avait envoyés pour les transporter.

Ils prirent aussi leurs troupeaux et les biens qu'ils avaient acquis dans le pays de Canaan. Et Jacob se rendit en Egypte, avec toute sa famille.

Il emmena avec lui en Egypte ses fils et les fils de ses fils, ses filles et les filles de ses fils, et toute sa famille.

Voici les noms des fils d'Israël, qui vinrent en Egypte.

Jacob et ses fils.

Premier-né de Jacob: Ruben.

Fils de Ruben: Hénoc, Pallu, Hetsron et Carmi.

Fils de Siméon: Jemuel, Jamin, Ohad, Jakin et Tsochar; et Saul, fils de la Cananéenne.

Fils de Lévi: Guerschon, Kehath et Merari.

Fils de Juda: Er, Onan, Schéla, Pérets et Zarach; mais Er et Onan moururent au pays de Canaan. Les fils de Pérets furent Hetsron et Hamul.

Fils d'Issacar: Thola, Puva, Job et Schimron.

Fils de Zabulon: Séred, Elon et Jahleel.

Ce sont là les fils que Léa enfanta à Jacob à Paddan-Aram, avec sa fille Dina. Ses fils et ses filles formaient en tout trente-trois personnes.

Fils de Gad: Tsiphjon, Haggi, Schuni, Etsbon, Eri, Arodi et Areéli.

Fils d'Aser: Jimna, Jischva, Jischvi et Beria; et Sérach, leur sœur. Et les fils de Beria: Héber et Malkiel.

Ce sont là les fils de Zilpa, que Laban avait donnée à Léa, sa fille; et elle les enfanta à Jacob. En tout, seize personnes.

Fils de Rachel, femme de Jacob: Joseph et Benjamin.

Il naquit à Joseph, au pays d'Egypte, Manassé et Ephraïm, que lui enfanta Asnath, fille de Poti-Phéra, prêtre d'On.

Fils de Benjamin: Béla, Béker, Aschbel, Guéra, Naaman, Ehi, Rosch, Muppim, Huppim et Ard.

Ce sont là les fils de Rachel, qui naquirent à Jacob. En tout, quatorze personnes.

Fils de Dan: Huschim.

Fils de Nephthali: Jathtseel, Guni, Jetser et Schillem.

Ce sont là les fils de Bilha, que Laban avait donnée à Rachel, sa fille; et elle les enfanta à Jacob. En tout, sept personnes.

Les personnes qui vinrent avec Jacob en Egypte, et qui étaient issues de lui, étaient au nombre de soixante-six en tout, sans compter les femmes des fils de Jacob.

Et Joseph avait deux fils qui lui étaient nés en Egypte. Le total des personnes de la famille de Jacob qui vinrent en Egypte était de soixante-dix.

Jacob envoya Juda devant lui vers Joseph, pour l'informer qu'il se rendait en Gosen.

Joseph attela son char et y monta, pour aller en Gosen, à la rencontre d'Israël, son père. Dès qu'il le vit, il se jeta à son cou, et pleura longtemps sur son cou.

Israël dit à Joseph: Que je meure maintenant, puisque j'ai vu ton visage et que tu vis encore!

Joseph dit à ses frères et à la famille de son père: Je vais avertir Pharaon, et je lui dirai: Mes frères et la famille de mon père, qui étaient au pays de Canaan, sont arrivés auprès de moi.

Ces hommes sont bergers, car ils élèvent des troupeaux; ils ont amené leurs brebis et leurs bœufs, et tout ce qui leur appartient.

Et quand Pharaon vous appellera, et dira:

Quelle est votre occupation? vous répondrez: Tes serviteurs ont élevé des troupeaux, depuis notre jeunesse jusqu'à présent, nous et nos pères. De cette manière, vous habiterez dans le pays de Gosen, car tous les bergers sont en abomination aux Egyptiens.

Joseph alla avertir Pharaon, et lui dit: Mes frères et mon père sont arrivés du pays de Canaan, avec leurs brebis et leurs bœufs, et tout ce qui leur appartient; et les voici dans le pays de Gosen.

Il prit cinq de ses frères, et les présenta à Pharaon.

Pharaon leur dit: Quelle est votre occupation? Ils répondirent à Pharaon: Tes serviteurs sont bergers, comme l'étaient nos pères.

Ils dirent encore à Pharaon: Nous sommes venus pour séjourner dans le pays, parce qu'il n'y a plus de pâturage pour les brebis de tes serviteurs, car la famine s'appesantit sur le pays de Canaan; permets donc à tes serviteurs d'habiter au pays de Gosen.

Pharaon dit à Joseph: Ton père et tes frères sont venus auprès de toi.

Le pays d'Egypte est devant toi; établis ton père et tes frères dans la meilleure partie du pays. Qu'ils habitent dans le pays de Gosen; et, si tu trouves parmi eux des hommes capables, mets-les à la tête de mes troupeaux.

Joseph fit venir Jacob, son père, et le présenta à Pharaon. Et Jacob bénit Pharaon.

Pharaon dit à Jacob: Quel est le nombre de jours des années de ta vie?

Jacob répondit à Pharaon: Les jours des années de mon pèlerinage sont de cent trente ans. Les jours des années de ma vie ont été peu nombreux et mauvais, et ils n'ont point atteint les jours des années de la vie de mes pères durant leur pèlerinage.

Jacob bénit encore Pharaon, et se retira de devant Pharaon.

Joseph établit son père et ses frères, et leur donna une propriété dans le pays d'Egypte, dans la meilleure partie du pays, dans la contrée de Ramsès, comme Pharaon l'avait ordonné.

Joseph fournit du pain à son père et à ses frères, et à toute la famille de son père, selon le nombre des enfants.

Il n'y avait plus de pain dans tout le pays, car la famine était très grande; le pays d'Egypte et le pays de Canaan languissaient, à cause de la famine.

Joseph recueillit tout l'argent qui se trouvait dans le pays d'Egypte et dans le pays de Canaan, contre le blé qu'on achetait; et il fit entrer cet argent dans la maison de Pharaon.

Quand l'argent du pays d'Egypte et du pays de Canaan fut épuisé, tous les Egyptiens vinrent à Joseph, en disant: Donne-nous du pain! Pourquoi mourrions-nous en ta présence? car l'argent manque.

Joseph dit: Donnez vos troupeaux, et je vous donnerai du pain contre vos troupeaux, si l'argent manque.

Ils amenèrent leurs troupeaux à Joseph, et Joseph leur donna du pain contre les chevaux, contre les troupeaux de brebis et de bœufs, et contre les ânes. Il leur fournit ainsi du pain cette année-là contre tous leurs troupeaux.

Lorsque cette année fut écoulée, ils vinrent à Joseph l'année suivante, et lui dirent: Nous ne cacherons point à mon seigneur que l'argent est épuisé, et que les troupeaux de bétail ont été amenés à mon seigneur; il ne reste devant mon seigneur que nos corps et nos terres.

Pourquoi mourrions-nous sous tes yeux, nous et nos terres? Achète-nous avec nos terres contre du pain, et nous appartiendrons à mon seigneur, nous et nos terres. Donne-nous de quoi semer, afin que nous vivions et que nous ne mourions pas, et que nos terres ne soient pas désolées.

Joseph acheta toutes les terres de l'Egypte pour Pharaon; car les Egyptiens vendirent chacun leur champ, parce que la famine les pressait. Et le pays devint la propriété de Pharaon.

Il fit passer le peuple dans les villes, d'un bout à l'autre des frontières de l'Egypte.

Seulement, il n'acheta point les terres des prêtres, parce qu'il y avait une loi de Pharaon en faveur des prêtres, qui vivaient du revenu que leur assurait Pharaon: c'est pourquoi ils ne vendirent point leurs terres.

Joseph dit au peuple: Je vous ai achetés aujourd'hui avec vos terres, pour Pharaon; voici pour vous de la semence, et vous pourrez ensemencer le sol.

A la récolte, vous donnerez un cinquième à Pharaon, et vous aurez les quatre autres parties, pour ensemencer les champs, et pour vous nourrir avec vos enfants et ceux qui sont dans vos maisons.

Ils dirent: Tu nous sauves la vie! que nous trouvions grâce aux yeux de mon seigneur, et nous serons esclaves de Pharaon.

Joseph fit de cela une loi, qui a subsisté jusqu'à ce jour, et d'après laquelle un cinquième du revenu des terres de l'Egypte appartient à Pharaon; il n'y a que les terres des prêtres qui ne soient point à Pharaon.

Israël habita dans le pays d'Egypte, dans le pays de Gosen. Ils eurent des possessions, ils furent féconds et multiplièrent beaucoup.

Jacob vécut dix-sept ans dans le pays d'Egypte; et les jours des années de la vie de Jacob furent de cent quarante-sept ans.

Lorsqu'Israël approcha du moment de sa mort, il appela son fils Joseph, et lui dit: Si j'ai trouvé grâce à tes yeux, mets, je te prie, ta main sous ma cuisse, et use envers moi de bonté et de fidélité: ne m'enterre pas en Egypte!

Quand je serai couché avec mes pères, tu me transporteras hors de l'Egypte, et tu m'enterreras dans leur sépulcre. Joseph répondit: Je ferai selon ta parole.

Jacob dit: Jure-le-moi. Et Joseph le lui jura. Puis Israël se prosterna sur le chevet de son lit.

Après ces choses, l'on vint dire à Joseph: Voici, ton père est malade. Et il prit avec lui ses deux fils, Manassé et Ephraïm.

On avertit Jacob, et on lui dit: Voici ton fils Joseph qui vient vers toi. Et Israël rassembla ses forces, et s'assit sur son lit.

Jacob dit à Joseph: Le Dieu tout-puissant m'est apparu à Luz, dans le pays de Canaan, et il m'a béni.

Il m'a dit: Je te rendrai fécond, je te multiplierai, et je ferai de toi une multitude de peuples; je donnerai ce pays à ta postérité après toi, pour qu'elle le possède à toujours.

Maintenant, les deux fils qui te sont nés au pays d'Egypte, avant mon arrivée vers toi en Egypte, seront à moi; Ephraïm et Manassé seront à moi, comme Ruben et Siméon.

Mais les enfants que tu as engendrés après eux seront à toi; ils seront appelés du nom de leurs frères dans leur héritage.

A mon retour de Paddan, Rachel mourut en route auprès de moi, dans le pays de Canaan, à quelque distance d'Ephrata; et c'est là que je l'ai enterrée, sur le chemin d'Ephrata, qui est Bethléhem.

Israël regarda les fils de Joseph, et dit: Qui sont ceux-ci?

Joseph répondit à son père: Ce sont mes fils, que Dieu m'a donnés ici. Israël dit: Fais-les, je te prie, approcher de moi, pour que je les bénisse.

Les yeux d'Israël étaient appesantis par la vieillesse; il ne pouvait plus voir. Joseph les fit approcher de lui; et Israël leur donna un baiser, et les embrassa.

Israël dit à Joseph: Je ne pensais pas revoir ton visage, et voici que Dieu me fait voir même ta postérité.

Joseph les retira des genoux de son père, et il se prosterna en terre devant lui.

Puis Joseph les prit tous deux, Ephraïm de sa main droite à la gauche d'Israël, et Manassé de sa main gauche à la droite d'Israël, et il les fit approcher de lui.

Israël étendit sa main droite et la posa sur la tête d'Ephraïm qui était le plus jeune, et il posa sa main gauche sur la tête de Manassé: ce fut avec intention qu'il posa ses mains ainsi, car Manassé était le premier-né.

Il bénit Joseph, et dit: Que le Dieu en présence duquel ont marché mes pères, Abraham et Isaac, que le Dieu qui m'a conduit depuis que j'existe jusqu'à ce jour,

que l'ange qui m'a délivré de tout mal, bénisse ces enfants! Qu'ils soient appelés de mon nom et du nom de mes pères, Abraham et Isaac, et qu'ils multiplient en abondance au milieu du pays!

Joseph vit avec déplaisir que son père posait sa main droite sur la tête d'Ephraïm; il saisit la main de son père, pour la détourner de dessus la tête d'Ephraïm, et la diriger sur celle de Manassé.

Et Joseph dit à son père: Pas ainsi, mon père, car celui-ci est le premier-né; pose ta main droite sur sa tête.

on père refusa, et dit: Je le sais, mon fils, je le sais; lui aussi deviendra un peuple, lui aussi sera grand; mais son frère cadet sera plus grand que lui, et sa postérité deviendra une multitude de nations.

Il les bénit ce jour-là, et dit: C'est par toi qu'Israël bénira, en disant: Que Dieu te traite comme Ephraïm et comme Manassé! Et il mit Ephraïm avant Manassé.

Israël dit à Joseph: Voici, je vais mourir! Mais Dieu sera avec vous, et il vous fera retourner dans le pays de vos pères.

Je te donne, de plus qu'à tes frères, une part que j'ai prise de la main des Amoréens avec mon épée et avec mon arc.

Jacob appela ses fils, et dit: Assemblez-vous, et je vous annoncerai ce qui vous arrivera dans la suite des temps.

Rassemblez-vous, et écoutez, fils de Jacob!

Ecoutez Israël, votre père!

Ruben, toi, mon premier-né,

Ma force et les prémices de ma vigueur,

Supérieur en dignité et supérieur en puissance,

Impétueux comme les eaux, tu n'auras pas la prééminence!

Car tu es monté sur la couche de ton père,

Tu as souillé ma couche en y montant.

Siméon et Lévi sont frères;

Leurs glaives sont des instruments de violence.

Que mon âme n'entre point dans leur conciliabule,

Que mon esprit ne s'unisse point à leur assemblée!

Car, dans leur colère, ils ont tué des hommes,

Et, dans leur méchanceté, ils ont coupé les jarrets des taureaux.

Maudite soit leur colère, car elle est violente,

Et leur fureur, car elle est cruelle!

Je les séparerai dans Jacob,

Et je les disperserai dans Israël.

Juda, tu recevras les hommages de tes frères;

Ta main sera sur la nuque de tes ennemis.

Les fils de ton père se prosterneront devant toi.

Juda est un jeune lion.

Tu reviens du carnage, mon fils!

Il ploie les genoux, il se couche comme un lion,

Comme une lionne: qui le fera lever?

Le sceptre ne s'éloignera point de Juda,

Ni le bâton souverain d'entre ses pieds,

Jusqu'à ce que vienne le Schilo,

Et que les peuples lui obéissent.

Il attache à la vigne son âne,

Et au meilleur cep le petit de son ânesse;

Il lave dans le vin son vêtement,

Et dans le sang des raisins son manteau.

Il a les yeux rouges de vin,

Et les dents blanches de lait.

Zabulon habitera sur la côte des mers,

Il sera sur la côte des navires,

Et sa limite s'étendra du côté de Sidon.

Issacar est un âne robuste,

Qui se couche dans les étables.

Il voit que le lieu où il repose est agréable,

Et que la contrée est magnifique;

Et il courbe son épaule sous le fardeau,

Il s'assujettit à un tribut.

Dan jugera son peuple,

Comme l'une des tribus d'Israël.

Dan sera un serpent sur le chemin,

Une vipère sur le sentier,

Mordant les talons du cheval,

Pour que le cavalier tombe à la renverse.

J'espère en ton secours, ô Eternel!

Gad sera assailli par des bandes armées,

Mais il les assaillira et les poursuivra.

Aser produit une nourriture excellente;

Il fournira les mets délicats des rois.

Nephthali est une biche en liberté;

Il profère de belles paroles.

Joseph est le rejeton d'un arbre fertile,

Le rejeton d'un arbre fertile près d'une source;

Les branches s'élèvent au-dessus de la muraille.

Ils l'ont provoqué, ils ont lancé des traits;

Les archers l'ont poursuivi de leur haine.

Mais son arc est demeuré ferme,

Et ses mains ont été fortifiées

Par les mains du Puissant de Jacob:

Il est ainsi devenu le berger, le rocher d'Israël.

C'est l'œuvre du Dieu de ton père, qui t'aidera;

C'est l'œuvre du Tout-Puissant, qui te bénira

Des bénédictions des cieux en haut,

Des bénédictions des eaux en bas,

Des bénédictions des mamelles et du sein maternel.

Les bénédictions de ton père s'élèvent

Au-dessus des bénédictions de mes pères

Jusqu'à la cime des collines éternelles:

Qu'elles soient sur la tête de Joseph,

Sur le sommet de la tête du prince de ses frères!

Benjamin est un loup qui déchire;

Le matin, il dévore la proie,

Et le soir, il partage le butin.

Ce sont là tous ceux qui forment les douze tribus d'Israël. Et c'est là ce que leur dit leur père, en les bénissant. Il les bénit, chacun selon sa bénédiction.

Puis il leur donna cet ordre: Je vais être recueilli auprès de mon peuple; enterrez-moi avec mes pères, dans la caverne qui est au champ d'Ephron, le Héthien,

dans la caverne du champ de Macpéla, vis-à-vis de Mamré, dans le pays de Canaan. C'est le champ qu'Abraham a acheté d'Ephron, le Héthien, comme propriété sépulcrale.

Là on a enterré Abraham et Sara, sa femme; là on a enterré Isaac et Rebecca, sa femme; et là j'ai enterré Léa.

Le champ et la caverne qui s'y trouve ont été achetés des fils de Heth.

Lorsque Jacob eut achevé de donner ses ordres à ses fils, il retira ses pieds dans le lit, il expira, et fut recueilli auprès de son peuple.

Joseph se jeta sur le visage de son père, pleura sur lui, et le baisa.

Il ordonna aux médecins à son service d'embaumer son père, et les médecins embaumèrent Israël.

Quarante jours s'écoulèrent ainsi, et furent employés à l'embaumer. Et les Egyptiens le pleurèrent soixante-dix jours.

Quand les jours du deuil furent passés, Joseph s'adressa aux gens de la maison de Pharaon, et leur dit: Si j'ai trouvé grâce à vos yeux, rapportez, je vous prie, à Pharaon ce que je vous dis.

Mon père m'a fait jurer, en disant: Voici, je vais mourir! Tu m'enterreras dans le sépulcre que je me suis acheté au pays de Canaan. Je voudrais donc y monter, pour enterrer mon père; et je reviendrai.

Pharaon répondit: Monte, et enterre ton père, comme il te l'a fait jurer.

Joseph monta, pour enterrer son père. Avec lui montèrent tous les serviteurs de Pharaon, anciens de sa maison, tous les anciens du pays d'Egypte,

toute la maison de Joseph, ses frères, et la maison de son père: on ne laissa dans le pays de Gosen que les enfants, les brebis et les bœufs.

Il y avait encore avec Joseph des chars et des cavaliers, en sorte que le cortège était très nombreux.

Arrivés à l'aire d'Athad, qui est au delà du Jourdain, ils firent entendre de grandes et profondes lamentations; et Joseph fit en l'honneur de son père un deuil de sept jours.

Les habitants du pays, les Cananéens, furent témoins de ce deuil dans l'aire d'Athad, et ils dirent: Voilà un grand deuil parmi les Egyptiens! C'est pourquoi l'on a donné le nom d'Abel-Mitsraïm à cette aire qui est au delà du Jourdain.

C'est ainsi que les fils de Jacob exécutèrent les ordres de leur père.

Ils le transportèrent au pays de Canaan, et l'enterrèrent dans la caverne du champ de Macpéla, qu'Abraham avait achetée d'Ephron, le Héthien, comme propriété sépulcrale, et qui est vis-à-vis de Mamré.

Joseph, après avoir enterré son père, retourna en Egypte, avec ses frères et tous ceux qui étaient montés avec lui pour enterrer son père.

Quand les frères de Joseph virent que leur père était mort, ils dirent: Si Joseph nous prenait en haine, et nous rendait tout le mal que nous lui avons fait!

Et ils firent dire à Joseph: Ton père a donné cet ordre avant de mourir:

Vous parlerez ainsi à Joseph: Oh! pardonne le crime de tes frères et leur péché, car ils t'ont fait du mal! Pardonne maintenant le péché des serviteurs du Dieu de ton père! Joseph pleura, en entendant ces paroles.

Ses frères vinrent eux-mêmes se prosterner devant lui, et ils dirent: Nous sommes tes serviteurs.

Joseph leur dit: Soyez sans crainte; car suis-je à la place de Dieu?

Vous aviez médité de me faire du mal: Dieu l'a changé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd'hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux.

Soyez donc sans crainte; je vous entretiendrai, vous et vos enfants. Et il les consola, en parlant à leur cœur.

Joseph demeura en Egypte, lui et la maison de son père. Il vécut cent dix ans.

Joseph vit les fils d'Ephraïm jusqu'à la troisième génération; et les fils de Makir, fils de Manassé, naquirent sur ses genoux.

Joseph dit à ses frères: Je vais mourir! Mais Dieu vous visitera, et il vous fera remonter de ce pays-ci dans le pays qu'il a juré de donner à Abraham, à Isaac et à Jacob.

Joseph fit jurer les fils d'Israël, en disant: Dieu vous visitera; et vous ferez remonter mes os loin d'ici.

Joseph mourut, âgé de cent dix ans. On l'embauma, et on le mit dans un cercueil en Egypte.

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