ESAIE

deuxieme partie

La quatorzième année du roi Ezéchias, Sanchérib, roi d'Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda et s'en empara.

Et le roi d'Assyrie envoya de Lakis à Jérusalem, vers le roi Ezéchias, Rabschaké avec une puissante armée. Rabschaké s'arrêta à l'aqueduc de l'étang supérieur, sur le chemin du champ du foulon.

Alors Eliakim, fils de Hilkija, chef de la maison du roi, se rendit auprès de lui, avec Schebna, le secrétaire, et Joach, fils d'Asaph, l'archiviste.

Rabschaké leur dit: Dites à Ezéchias: Ainsi parle le grand roi, le roi d'Assyrie: Quelle est cette confiance, sur laquelle tu t'appuies?

Je te le dis, ce ne sont que des paroles en l'air: il faut pour la guerre de la prudence et de la force. En qui donc as-tu placé ta confiance, pour t'être révolté contre moi?

Voici, tu l'as placée dans l'Egypte, tu as pris pour soutien ce roseau cassé, qui pénètre et perce la main de quiconque s'appuie dessus: tel est Pharaon, roi d'Egypte, pour tous ceux qui se confient en lui.

Peut-être me diras-tu: C'est en l'Eternel, notre Dieu, que nous nous confions. Mais n'est-ce pas lui dont Ezéchias a fait disparaître les hauts lieux et les autels, en disant à Juda et à Jérusalem: Vous vous prosternerez devant cet autel?

Maintenant, fais une convention avec mon maître, le roi d'Assyrie, et je te donnerai deux mille chevaux, si tu peux fournir des cavaliers pour les monter.

Comment repousserais-tu un seul chef d'entre les moindres serviteurs de mon maître? Tu mets ta confiance dans l'Egypte pour les chars et pour les cavaliers.

D'ailleurs, est-ce sans la volonté de l'Eternel que je suis monté contre ce pays pour le détruire? L'Eternel m'a dit: Monte contre ce pays, et détruis-le.

Eliakim, Schebna et Joach dirent à Rabschaké: Parle à tes serviteurs en araméen, car nous le comprenons; et ne nous parle pas en langue judaïque aux oreilles du peuple qui est sur la muraille.

Rabschaké répondit: Est-ce à ton maître et à toi que mon maître m'a envoyé dire ces paroles? N'est-ce pas à ces hommes assis sur la muraille pour manger leurs excréments et pour boire leur urine avec vous?

Puis Rabschaké s'avança et cria de toute sa force en langue judaïque: Ecoutez les paroles du grand roi, du roi d'Assyrie!

Ainsi parle le roi: Qu'Ezéchias ne vous abuse point, car il ne pourra vous délivrer.

Qu'Ezéchias ne vous amène point à vous confier en l'Eternel, en disant: L'Eternel nous délivrera, cette ville ne sera pas livrée entre les mains du roi d'Assyrie.

N'écoutez point Ezéchias; car ainsi parle le roi d'Assyrie: Faites la paix avec moi, rendez-vous à moi, et chacun de vous mangera de sa vigne et de son figuier, et chacun boira de l'eau de sa citerne,

jusqu'à ce que je vienne, et que je vous emmène dans un pays comme le vôtre, dans un pays de blé et de vin, un pays de pain et de vignes.

Qu'Ezéchias ne vous séduise point, en disant: L'Eternel nous délivrera. Les dieux des nations ont-ils délivré chacun son pays de la main du roi d'Assyrie?

Où sont les dieux de Hamath et d'Arpad? Où sont les dieux de Sepharvaïm? Ont-ils délivré Samarie de ma main?

Parmi tous les dieux de ces pays, quels sont ceux qui ont délivré leur pays de ma main, pour que l'Eternel délivre Jérusalem de ma main?

Mais ils se turent, et ne lui répondirent pas un mot; car le roi avait donné cet ordre: Vous ne lui répondrez pas.

Et Eliakim, fils de Hilkija, chef de la maison du roi, Schebna, le secrétaire, et Joach, fils d'Asaph, l'archiviste, vinrent auprès d'Ezéchias, les vêtements déchirés, et lui rapportèrent les paroles de Rabschaké.

Lorsque le roi Ezéchias eut entendu cela, il déchira ses vêtements, se couvrit d'un sac, et alla dans la maison de l'Eternel.

Il envoya Eliakim, chef de la maison du roi, Schebna, le secrétaire, et les plus anciens des sacrificateurs, couverts de sacs, vers Esaïe, le prophète, fils d'Amots.

Et ils lui dirent: Ainsi parle Ezéchias: Ce jour est un jour d'angoisse, de châtiment et d'opprobre; car les enfants sont près de sortir du sein maternel, et il n'y a point de force pour l'enfantement.

Peut-être l'Eternel, ton Dieu, a-t-il entendu les paroles de Rabschaké, que le roi d'Assyrie, son maître, a envoyé pour insulter le Dieu vivant, et peut-être l'Eternel, ton Dieu, exercera-t-il ses châtiments à cause des paroles qu'il a entendues. Fais donc monter une prière pour le reste qui subsiste encore.

Les serviteurs du roi Ezéchias allèrent donc auprès d'Esaïe.

Et Esaïe leur dit: Voici ce que vous direz à votre maître: Ainsi parle l'Eternel: Ne t'effraie point des paroles que tu as entendues et par lesquelles m'ont outragé les serviteurs du roi d'Assyrie.

Je vais mettre en lui un esprit tel que, sur une nouvelle qu'il recevra, il retournera dans son pays; et je le ferai tomber par l'épée dans son pays.

Rabschaké, s'étant retiré, trouva le roi d'Assyrie qui attaquait Libna, car il avait appris son départ de Lakis.

Alors le roi d'Assyrie reçut une nouvelle au sujet de Tirhaka, roi d'Ethiopie; on lui dit: Il s'est mis en marche pour te faire la guerre. Dès qu'il eut entendu cela, il envoya des messagers à Ezéchias, en disant:

Vous parlerez ainsi à Ezéchias, roi de Juda: Que ton Dieu, auquel tu te confies, ne t'abuse point en disant: Jérusalem ne sera pas livrée entre les mains du roi d'Assyrie.

Voici, tu as appris ce qu'ont fait les rois d'Assyrie à tous les pays, et comment ils les ont détruits; et toi, tu serais délivré!

Les dieux des nations que mes pères ont détruites les ont-ils délivrées, Gozan, Charan, Retseph, et les fils d'Eden qui sont à Telassar?

Où sont le roi de Hamath, le roi d'Arpad, et le roi de la ville de Sepharvaïm, d'Héna et d'Ivva?

Ezéchias prit la lettre de la main des messagers, et la lut. Puis il monta à la maison de l'Eternel, et la déploya devant l'Eternel,

à qui il adressa cette prière:

Eternel des armées, Dieu d'Israël, assis sur les chérubins! C'est toi qui es le seul Dieu de tous les royaumes de la terre, c'est toi qui as fait les cieux et la terre.

Eternel, incline ton oreille, et écoute! Eternel, ouvre tes yeux, et regarde! Entends toutes les paroles que Sanchérib a envoyées pour insulter au Dieu vivant!

Il est vrai, ô Eternel! que les rois d'Assyrie ont ravagé tous les pays et leur propre pays,

et qu'ils ont jeté leurs dieux dans le feu; mais ce n'étaient point des dieux, c'étaient des ouvrages de mains d'homme, du bois et de la pierre; et ils les ont anéantis.

Maintenant, Eternel, notre Dieu, délivre-nous de la main de Sanchérib, et que tous les royaumes de la terre sachent que toi seul es l'Eternel!

Alors Esaïe, fils d'Amots, envoya dire à Ezéchias: Ainsi parle l'Eternel, le Dieu d'Israël: J'ai entendu la prière que tu m'as adressée au sujet de Sanchérib, roi d'Assyrie.

Voici la parole que l'Eternel a prononcée contre lui:

Elle te méprise, elle se moque de toi,

La vierge, fille de Sion;

Elle hoche la tête après toi,

La fille de Jérusalem.

Qui as-tu insulté et outragé?

Contre qui as-tu élevé la voix?

Tu as porté tes yeux en haut

Sur le Saint d'Israël.

Par tes serviteurs tu as insulté le Seigneur,

Et tu as dit:

Avec la multitude de mes chars,

J'ai gravi le sommet des montagnes,

Les extrémités du Liban;

Je couperai les plus élevés de ses cèdres,

Les plus beaux de ses cyprès,

Et j'atteindrai sa dernière cime,

Sa forêt semblable à un verger;

J'ai ouvert des sources, et j'en ai bu les eaux,

Et je tarirai avec la plante de mes pieds

Tous les fleuves de l'Egypte.

N'as-tu pas appris que j'ai préparé ces choses de loin,

Et que je les ai résolues dès les temps anciens?

Maintenant j'ai permis qu'elles s'accomplissent,

Et que tu réduisisses des villes fortes en monceaux de ruines.

Leurs habitants sont impuissants,

Epouvantés et confus;

Ils sont comme l'herbe des champs et la tendre verdure,

Comme le gazon des toits

Et le blé qui sèche avant la formation de sa tige.

Mais je sais quand tu t'assieds, quand tu sors et quand tu entres,

Et quand tu es furieux contre moi.

Parce que tu es furieux contre moi,

Et que ton arrogance est montée à mes oreilles,

Je mettrai ma boucle à tes narines et mon mors entre tes lèvres,

Et je te ferai retourner par le chemin par lequel tu es venu.

Que ceci soit un signe pour toi: On a mangé une année le produit du grain tombé, et une seconde année ce qui croît de soi-même; mais la troisième année, vous sèmerez, vous moissonnerez, vous planterez des vignes, et vous en mangerez le fruit.

Ce qui aura été sauvé de la maison de Juda, ce qui sera resté poussera encore des racines par-dessous, et portera du fruit par-dessus.

Car de Jérusalem il sortira un reste, et de la montagne de Sion des réchappés. Voilà ce que fera le zèle de l'Eternel des armées.

C'est pourquoi ainsi parle l'Eternel sur le roi d'Assyrie:

Il n'entrera point dans cette ville,

Il n'y lancera point de traits,

Il ne lui présentera point de boucliers,

Et il n'élèvera point de retranchements contre elle.

Il s'en retournera par le chemin par lequel il est venu,

Et il n'entrera point dans cette ville, dit l'Eternel.

Je protégerai cette ville pour la sauver,

A cause de moi, et à cause de David, mon serviteur.

L'ange de l'Eternel sortit, et frappa dans le camp des Assyriens cent quatre-vingt-cinq mille hommes. Et quand on se leva le matin, voici, c'étaient tous des corps morts.

Alors Sanchérib, roi d'Assyrie, leva son camp, partit et s'en retourna; et il resta à Ninive.

Or, comme il était prosterné dans la maison de Nisroc, son dieu, Adrammélec et Scharetser, ses fils, le frappèrent par l'épée, et s'enfuirent au pays d'Ararat. Et Esar-Haddon, son fils, régna à sa place.

En ce temps-là, Ezéchias fut malade à la mort. Le prophète Esaïe, fils d'Amots, vint auprès de lui, et lui dit: Ainsi parle l'Eternel: Donne tes ordres à ta maison, car tu vas mourir, et tu ne vivras plus.

Ezéchias tourna son visage contre le mur, et fit cette prière à l'Eternel:

O Eternel! souviens-toi que j'ai marché devant ta face avec fidélité et intégrité de cœur, et que j'ai fait ce qui est bien à tes yeux! Et Ezéchias répandit d'abondantes larmes.

Puis la parole de l'Eternel fut adressée à Esaïe, en ces mots:

Va, et dis à Ezéchias: Ainsi parle l'Eternel, le Dieu de David, ton père: J'ai entendu ta prière, j'ai vu tes larmes. Voici, j'ajouterai à tes jours quinze années.

Je te délivrerai, toi et cette ville, de la main du roi d'Assyrie; je protégerai cette ville.

Et voici, de la part de l'Eternel, le signe auquel tu connaîtras que l'Eternel accomplira la parole qu'il a prononcée.

Je ferai reculer de dix degrés en arrière avec le soleil l'ombre des degrés qui est descendue sur les degrés d'Achaz. Et le soleil recula de dix degrés sur les degrés où il était descendu.

Cantique d'Ezéchias, roi de Juda, sur sa maladie et sur son rétablissement.

Je disais: Quand mes jours sont en repos, je dois m'en aller

Aux portes du séjour des morts.

Je suis privé du reste de mes années!

Je disais: Je ne verrai plus l'Eternel,

L'Eternel, sur la terre des vivants;

Je ne verrai plus aucun homme

Parmi les habitants du monde!

Ma demeure est enlevée et transportée loin de moi,

Comme une tente de berger;

Je sens le fil de ma vie coupé comme par un tisserand

Qui me retrancherait de sa trame.

Du jour à la nuit tu m'auras achevé!

Je me suis contenu jusqu'au matin;

Comme un lion, il brisait tous mes os,

Du jour à la nuit tu m'auras achevé!

Je poussais des cris comme une hirondelle en voltigeant,

Je gémissais comme la colombe;

Mes yeux s'élevaient languissants vers le ciel:

O Eternel! je suis dans l'angoisse, secours-moi!

Que dirai-je? Il m'a répondu, et il m'a exaucé.

Je marcherai humblement jusqu'au terme de mes années,

Après avoir été ainsi affligé.

Seigneur, c'est par tes bontés qu'on jouit de la vie,

C'est par elles que je respire encore;

Tu me rétablis, tu me rends à la vie.

Voici, mes souffrances mêmes sont devenues mon salut;

Tu as pris plaisir à retirer mon âme de la fosse du néant,

Car tu as jeté derrière toi tous mes péchés.

Ce n'est pas le séjour des morts qui te loue,

Ce n'est pas la mort qui te célèbre;

Ceux qui sont descendus dans la fosse n'espèrent plus en ta fidélité.

Le vivant, le vivant, c'est celui-là qui te loue,

Comme moi aujourd'hui;

Le père fait connaître à ses enfants ta fidélité.

L'Eternel m'a sauvé!

Nous ferons résonner les cordes de nos instruments,

Tous les jours de notre vie,

Dans la maison de l'Eternel.

Esaïe avait dit: Qu'on apporte une masse de figues, et qu'on les étende sur l'ulcère; et Ezéchias vivra.

Et Ezéchias avait dit: A quel signe connaîtrai-je que je monterai à la maison de l'Eternel?

En ce même temps, Merodac-Baladan, fils de Baladan, roi de Babylone, envoya une lettre et un présent à Ezéchias, parce qu'il avait appris sa maladie et son rétablissement.

Ezéchias en eut de la joie, et il montra aux envoyés le lieu où étaient ses choses de prix, l'argent et l'or, les aromates et l'huile précieuse, tout son arsenal, et tout ce qui se trouvait dans ses trésors: il n'y eut rien qu'Ezéchias ne leur fît voir dans sa maison et dans tous ses domaines.

Esaïe, le prophète, vint ensuite auprès du roi Ezéchias, et lui dit: Qu'ont dit ces gens-là, et d'où sont-ils venus vers toi? Ezéchias répondit: Ils sont venus vers moi d'un pays éloigné, de Babylone.

Esaïe dit encore: Qu'ont-ils vu dans ta maison? Ezéchias répondit: Ils ont vu tout ce qui est dans ma maison: il n'y a rien dans mes trésors que je ne leur aie fait voir.

Alors Esaïe dit à Ezéchias: Ecoute la parole de l'Eternel des armées!

Voici, les temps viendront où l'on emportera à Babylone tout ce qui est dans ta maison et ce que tes pères ont amassé jusqu'à ce jour; il n'en restera rien, dit l'Eternel.

Et l'on prendra de tes fils, qui seront sortis de toi, que tu auras engendrés, pour en faire des eunuques dans le palais du roi de Babylone.

Ezéchias répondit à Esaïe: La parole de l'Eternel, que tu as prononcée, est bonne; car, ajouta-t-il, il y aura paix et sécurité pendant ma vie.

Consolez, consolez mon peuple,

Dit votre Dieu.

Parlez au cœur de Jérusalem, et criez lui

Que sa servitude est finie,

Que son iniquité est expiée,

Qu'elle a reçu de la main de l'Eternel

Au double de tous ses péchés.

Une voix crie:

Préparez au désert le chemin de l'Eternel,

Aplanissez dans les lieux arides

Une route pour notre Dieu.

Que toute vallée soit exhaussée,

Que toute montagne et toute colline soient abaissées!

Que les coteaux se changent en plaines,

Et les défilés étroits en vallons!

Alors la gloire de l'Eternel sera révélée,

Et au même instant toute chair la verra;

Car la bouche de l'Eternel a parlé.

Une voix dit: Crie!

Et il répond: Que crierai-je?

Toute chair est comme l'herbe,

Et tout son éclat comme la fleur des champs.

L'herbe sèche, la fleur tombe,

Quand le vent de l'Eternel souffle dessus.

Certainement le peuple est comme l'herbe:

L'herbe sèche, la fleur tombe;

Mais la parole de notre Dieu subsiste éternellement.

Monte sur une haute montagne,

Sion, pour publier la bonne nouvelle;

Elève avec force ta voix,

Jérusalem, pour publier la bonne nouvelle;

Elève ta voix, ne crains point,

Dis aux villes de Juda: Voici votre Dieu!

Voici, le Seigneur, l'Eternel vient avec puissance,

Et de son bras il commande;

Voici, le salaire est avec lui,

Et les rétributions le précèdent.

Comme un berger, il paîtra son troupeau,

Il prendra les agneaux dans ses bras,

Et les portera dans son sein;

Il conduira les brebis qui allaitent.

Qui a mesuré les eaux dans le creux de sa main,

Pris les dimensions des cieux avec la paume,

Et ramassé la poussière de la terre dans un tiers de mesure?

Qui a pesé les montagnes au crochet,

Et les collines à la balance?

Qui a sondé l'esprit de l'Eternel,

Et qui l'a éclairé de ses conseils?

Avec qui a-t-il délibéré pour en recevoir de l'instruction?

Qui lui a appris le sentier de la justice?

Qui lui a enseigné la sagesse,

Et fait connaître le chemin de l'intelligence?

Voici, les nations sont comme une goutte d'un seau,

Elles sont comme de la poussière sur une balance;

Voici, les îles sont comme une fine poussière qui s'envole.

Le Liban ne suffit pas pour le feu,

Et ses animaux ne suffisent pas pour l'holocauste.

Toutes les nations sont devant lui comme un rien,

Elles ne sont pour lui que néant et vanité.

A qui voulez-vous comparer Dieu?

Et quelle image ferez-vous son égale?

C'est un ouvrier qui fond l'idole,

Et c'est un orfèvre qui la couvre d'or,

Et y soude des chaînettes d'argent.

Celui que la pauvreté oblige à donner peu

Choisit un bois qui résiste à la vermoulure;

Il se procure un ouvrier capable,

Pour faire une idole qui ne branle pas.

Ne le savez-vous pas? ne l'avez-vous pas appris?

Ne vous l'a-t-on pas fait connaître dès le commencement?

N'avez-vous jamais réfléchi à la fondation de la terre?

C'est lui qui est assis au-dessus du cercle de la terre,

Et ceux qui l'habitent sont comme des sauterelles;

Il étend les cieux comme une étoffe légère,

Il les déploie comme une tente, pour en faire sa demeure.

C'est lui qui réduit les princes au néant,

Et qui fait des juges de la terre une vanité;

Ils ne sont pas même plantés, pas même semés,

Leur tronc n'a pas même de racine en terre:

Il souffle sur eux, et ils se dessèchent,

Et un tourbillon les emporte comme le chaume.

A qui me comparerez-vous, pour que je lui ressemble?

Dit le Saint.

Levez vos yeux en haut, et regardez!

Qui a créé ces choses?

Qui fait marcher en ordre leur armée?

Il les appelle toutes par leur nom;

Par son grand pouvoir et par sa force puissante,

Il n'en est pas une qui fasse défaut.

Pourquoi dis-tu, Jacob,

Pourquoi dis-tu, Israël:

Ma destinée est cachée devant l'Eternel,

Mon droit passe inaperçu devant mon Dieu?

Ne le sais-tu pas? ne l'as-tu pas appris?

C'est le Dieu d'éternité, l'Eternel,

Qui a créé les extrémités de la terre;

Il ne se fatigue point, il ne se lasse point;

On ne peut sonder son intelligence.

Il donne de la force à celui qui est fatigué,

Et il augmente la vigueur de celui qui tombe en défaillance.

Les adolescents se fatiguent et se lassent,

Et les jeunes hommes chancellent;

Mais ceux qui se confient en l'Eternel renouvellent leur force.

Ils prennent le vol comme les aigles;

Ils courent, et ne se lassent point,

Ils marchent, et ne se fatiguent point.

Iles, faites silence pour m'écouter!

Que les peuples raniment leur force,

Qu'ils avancent, et qu'ils parlent!

Approchons pour plaider ensemble.

Qui a suscité de l'orient

Celui que le salut appelle à sa suite?

Qui lui a livré les nations et assujetti des rois?

Qui a réduit leur glaive en poussière,

Et leur arc en un chaume qui s'envole?

Il s'est mis à leur poursuite, il a parcouru avec bonheur

Un chemin que son pied n'avait jamais foulé.

Qui a fait et exécuté ces choses?

C'est celui qui a appelé les générations dès le commencement,

Moi, l'Eternel, le premier

Et le même jusqu'aux derniers âges.

Les îles le voient, et sont dans la crainte,

Les extrémités de la terre tremblent:

Ils s'approchent, ils viennent.

Ils s'aident l'un l'autre,

Et chacun dit à son frère: Courage!

Le sculpteur encourage le fondeur;

Celui qui polit au marteau encourage celui qui frappe sur l'enclume;

Il dit de la soudure: Elle est bonne!

Et il fixe l'idole avec des clous, pour qu'elle ne branle pas.

Mais toi, Israël, mon serviteur,

Jacob, que j'ai choisi,

Race d'Abraham que j'ai aimé!

Toi, que j'ai pris aux extrémités de la terre,

Et que j'ai appelé d'une contrée lointaine,

A qui j'ai dit: Tu es mon serviteur,

Je te choisis, et ne te rejette point!

Ne crains rien, car je suis avec toi;

Ne promène pas des regards inquiets, car je suis ton Dieu;

Je te fortifie, je viens à ton secours,

Je te soutiens de ma droite triomphante.

Voici, ils seront confondus, ils seront couverts de honte,

Tous ceux qui sont irrités contre toi;

Ils seront réduits à rien, ils périront,

Ceux qui disputent contre toi.

Tu les chercheras, et ne les trouveras plus,

Ceux qui te suscitaient querelle;

Ils seront réduits à rien, réduits au néant,

Ceux qui te faisaient la guerre.

Car je suis l'Eternel, ton Dieu,

Qui fortifie ta droite,

Qui te dis: Ne crains rien,

Je viens à ton secours.

Ne crains rien, vermisseau de Jacob,

Faible reste d'Israël;

Je viens à ton secours, dit l'Eternel,

Et le Saint d'Israël est ton sauveur.

Voici, je fais de toi un traîneau aigu, tout neuf,

Garni de pointes;

Tu écraseras, tu broieras les montagnes,

Et tu rendras les collines semblables à de la balle.

Tu les vanneras, et le vent les emportera,

Et un tourbillon les dispersera.

Mais toi, tu te réjouiras en l'Eternel,

Tu mettras ta gloire dans le Saint d'Israël.

Les malheureux et les indigents cherchent de l'eau, et il n'y en a point;

Leur langue est desséchée par la soif.

Moi, l'Eternel, je les exaucerai;

Moi, le Dieu d'Israël, je ne les abandonnerai pas.

Je ferai jaillir des fleuves sur les collines,

Et des sources au milieu des vallées;

Je changerai le désert en étang,

Et la terre aride en courants d'eau;

Je mettrai dans le désert le cèdre, l'acacia,

Le myrte et l'olivier;

Je mettrai dans les lieux stériles

Le cyprès, l'orme et le buis, tous ensemble;

Afin qu'ils voient, qu'ils sachent,

Qu'ils observent et considèrent

Que la main de l'Eternel a fait ces choses,

Que le Saint d'Israël en est l'auteur.

Plaidez votre cause,

Dit l'Eternel;

Produisez vos moyens de défense,

Dit le roi de Jacob.

Qu'ils les produisent, et qu'ils nous déclarent

Ce qui doit arriver.

Quelles sont les prédictions que jadis vous avez faites?

Dites-le, pour que nous y prenions garde,

Et que nous en reconnaissions l'accomplissement;

Ou bien, annoncez-nous l'avenir.

Dites ce qui arrivera plus tard,

Pour que nous sachions si vous êtes des dieux;

Faites seulement quelque chose de bien ou de mal,

Pour que nous le voyions et le regardions ensemble.

Voici, vous n'êtes rien,

Et votre œuvre est le néant;

C'est une abomination que de se complaire en vous.

Je l'ai suscité du septentrion, et il est venu;

De l'orient, il invoque mon nom;

Il foule les puissants comme de la boue,

Comme de l'argile que foule un potier.

Qui l'a annoncé dès le commencement, pour que nous le sachions,

Et longtemps d'avance, pour que nous disions: C'est vrai?

Nul ne l'a annoncé, nul ne l'a prédit,

Et personne n'a entendu vos paroles.

C'est moi le premier qui ai dit à Sion: Les voici, les voici!

Et à Jérusalem: J'envoie un messager de bonnes nouvelles!

Je regarde, et il n'y a personne,

Personne parmi eux qui prophétise,

Et qui puisse répondre, si je l'interroge.

Voici, ils ne sont tous que vanité,

Leurs œuvres ne sont que néant,

Leurs idoles ne sont qu'un vain souffle.

Voici mon serviteur, que je soutiendrai,

Mon élu, en qui mon âme prend plaisir.

J'ai mis mon esprit sur lui;

Il annoncera la justice aux nations.

Il ne criera point, il n'élèvera point la voix,

Et ne la fera point entendre dans les rues.

Il ne brisera point le roseau cassé,

Et il n'éteindra point la mèche qui brûle encore;

Il annoncera la justice selon la vérité.

Il ne se découragera point et ne se relâchera point,

Jusqu'à ce qu'il ait établi la justice sur la terre,

Et que les îles espèrent en sa loi.

Ainsi parle Dieu, l'Eternel,

Qui a créé les cieux et qui les a déployés,

Qui a étendu la terre et ses productions,

Qui a donné la respiration à ceux qui la peuplent,

Et le souffle à ceux qui y marchent.

Moi, l'Eternel, je t'ai appelé pour le salut,

Et je te prendrai par la main,

Je te garderai, et je t'établirai pour traiter alliance avec le peuple,

Pour être la lumière des nations,

Pour ouvrir les yeux des aveugles,

Pour faire sortir de prison le captif,

Et de leur cachot ceux qui habitent dans les ténèbres.

Je suis l'Eternel, c'est là mon nom;

Et je ne donnerai pas ma gloire à un autre,

Ni mon honneur aux idoles.

Voici, les premières choses se sont accomplies,

Et je vous en annonce de nouvelles;

Avant qu'elles arrivent, je vous les prédis.

Chantez à l'Eternel un cantique nouveau,

Chantez ses louanges aux extrémités de la terre,

Vous qui voguez sur la mer et vous qui la peuplez,

Iles et habitants des îles!

Que le désert et ses villes élèvent la voix!

Que les villages occupés par Kédar élèvent la voix!

Que les habitants des rochers tressaillent d'allégresse!

Que du sommet des montagnes retentissent des cris de joie!

Qu'on rende gloire à l'Eternel,

Et que dans les îles on publie ses louanges!

L'Eternel s'avance comme un héros,

Il excite son ardeur comme un homme de guerre;

Il élève la voix, il jette des cris,

Il manifeste sa force contre ses ennemis.

J'ai longtemps gardé le silence,

Je me suis tu, je me suis contenu;

Je crierai comme une femme en travail,

Je serai haletant et je soufflerai tout à la fois.

Je ravagerai montagnes et collines,

Et j'en dessécherai toute la verdure;

Je changerai les fleuves en terre ferme,

Et je mettrai les étangs à sec.

Je ferai marcher les aveugles sur un chemin qu'ils ne connaissent pas,

Je les conduirai par des sentiers qu'ils ignorent;

Je changerai devant eux les ténèbres en lumière,

Et les endroits tortueux en plaine:

Voilà ce que je ferai, et je ne les abandonnerai point.

Ils reculeront, ils seront confus,

Ceux qui se confient aux idoles taillées,

Ceux qui disent aux idoles de fonte:

Vous êtes nos dieux!

Sourds, écoutez!

Aveugles, regardez et voyez!

Qui est aveugle, sinon mon serviteur,

Et sourd comme mon messager que j'envoie?

Qui est aveugle, comme l'ami de Dieu,

Aveugle comme le serviteur de l'Eternel?

Tu as vu beaucoup de choses, mais tu n'y as point pris garde;

On a ouvert les oreilles, mais on n'a point entendu.

L'Eternel a voulu, pour le bonheur d'Israël,

Publier une loi grande et magnifique.

Et c'est un peuple pillé et dépouillé!

On les a tous enchaînés dans des cavernes,

Plongés dans des cachots;

Ils ont été mis au pillage, et personne qui les délivre!

Dépouillés, et personne qui dise: Restitue!

Qui parmi vous prêtera l'oreille à ces choses?

Qui voudra s'y rendre attentif et écouter à l'avenir?

Qui a livré Jacob au pillage,

Et Israël aux pillards?

N'est-ce pas l'Eternel?

Nous avons péché contre lui.

Ils n'ont point voulu marcher dans ses voies,

Et ils n'ont point écouté sa loi.

Aussi a-t-il versé sur Israël l'ardeur de sa colère

Et la violence de la guerre;

La guerre l'a embrasé de toutes parts, et il n'a point compris;

Elle l'a consumé, et il n'y a point pris garde.

Ainsi parle maintenant l'Eternel, qui t'a créé, ô Jacob!

Celui qui t'a formé, ô Israël!

Ne crains rien, car je te rachète,

Je t'appelle par ton nom: tu es à moi!

Si tu traverses les eaux, je serai avec toi;

Et les fleuves, ils ne te submergeront point;

Si tu marches dans le feu, tu ne te brûleras pas,

Et la flamme ne t'embrasera pas.

Car je suis l'Eternel, ton Dieu,

Le Saint d'Israël, ton sauveur;

Je donne l'Egypte pour ta rançon,

L'Ethiopie et Saba à ta place.

Parce que tu as du prix à mes yeux,

Parce que tu es honoré et que je t'aime,

Je donne des hommes à ta place,

Et des peuples pour ta vie.

Ne crains rien, car je suis avec toi;

Je ramènerai de l'orient ta race,

Et je te rassemblerai de l'occident.

Je dirai au septentrion: Donne!

Et au midi: Ne retiens point!

Fais venir mes fils des pays lointains,

Et mes filles de l'extrémité de la terre,

Tous ceux qui s'appellent de mon nom,

Et que j'ai créés pour ma gloire,

Que j'ai formés et que j'ai faits.

Qu'on fasse sortir le peuple aveugle, qui a des yeux,

Et les sourds, qui ont des oreilles.

Que toutes les nations se rassemblent,

Et que les peuples se réunissent.

Qui d'entre eux a annoncé ces choses?

Lesquels nous ont fait entendre les premières prédictions?

Qu'ils produisent leurs témoins et établissent leur droit;

Qu'on écoute et qu'on dise: C'est vrai!

Vous êtes mes témoins, dit l'Eternel,

Vous, et mon serviteur que j'ai choisi,

Afin que vous le sachiez,

Que vous me croyiez et compreniez que c'est moi:

Avant moi il n'a point été formé de Dieu,

Et après moi il n'y en aura point.

C'est moi, moi qui suis l'Eternel,

Et hors moi il n'y a point de sauveur.

C'est moi qui ai annoncé, sauvé, prédit,

Ce n'est point parmi vous un dieu étranger;

Vous êtes mes témoins, dit l'Eternel,

C'est moi qui suis Dieu.

Je le suis dès le commencement,

Et nul ne délivre de ma main;

J'agirai: qui s'y opposera?

Ainsi parle l'Eternel,

Votre rédempteur, le Saint d'Israël:

A cause de vous, j'envoie l'ennemi contre Babylone,

Et je fais descendre tous les fuyards,

Même les Chaldéens, sur les navires dont ils tiraient gloire.

Je suis l'Eternel, votre Saint,

Le créateur d'Israël, votre roi.

Ainsi parle l'Eternel,

Qui fraya dans la mer un chemin,

Et dans les eaux puissantes un sentier,

Qui mit en campagne des chars et des chevaux,

Une armée et de vaillants guerriers,

Soudain couchés ensemble, pour ne plus se relever,

Anéantis, éteints comme une mèche:

Ne pensez plus aux événements passés,

Et ne considérez plus ce qui est ancien.

Voici, je vais faire une chose nouvelle, sur le point d'arriver:

Ne la connaîtrez-vous pas?

Je mettrai un chemin dans le désert,

Et des fleuves dans la solitude.

Les bêtes des champs me glorifieront,

Les chacals et les autruches,

Parce que j'aurai mis des eaux dans le désert,

Des fleuves dans la solitude,

Pour abreuver mon peuple, mon élu.

Le peuple que je me suis formé

Publiera mes louanges.

Et tu ne m'as pas invoqué, ô Jacob!

Car tu t'es lassé de moi, ô Israël!

Tu ne m'as pas offert tes brebis en holocauste,

Et tu ne m'as pas honoré par tes sacrifices;

Je ne t'ai point tourmenté pour des offrandes,

Et je ne t'ai point fatigué pour de l'encens.

Tu n'as pas à prix d'argent acheté pour moi des aromates,

Et tu ne m'as pas rassasié de la graisse de tes sacrifices;

Mais tu m'as tourmenté par tes péchés,

Tu m'as fatigué par tes iniquités.

C'est moi, moi qui efface tes transgressions pour l'amour de moi,

Et je ne me souviendrai plus de tes péchés.

Réveille ma mémoire, plaidons ensemble,

Parle toi-même, pour te justifier.

Ton premier père a péché,

Et tes interprètes se sont rebellés contre moi.

C'est pourquoi j'ai traité en profanes les chefs du sanctuaire,

J'ai livré Jacob à la destruction,

Et Israël aux outrages.

Ecoute maintenant, ô Jacob, mon serviteur!

O Israël, que j'ai choisi!

Ainsi parle l'Eternel, qui t'a fait,

Et qui t'a formé dès ta naissance,

Celui qui est ton soutien:

Ne crains rien, mon serviteur Jacob,

Mon Israël, que j'ai choisi.

Car je répandrai des eaux sur le sol altéré,

Et des ruisseaux sur la terre desséchée;

Je répandrai mon esprit sur ta race,

Et ma bénédiction sur tes rejetons.

Ils pousseront comme au milieu de l'herbe,

Comme les saules près des courants d'eau.

Celui-ci dira: Je suis à l'Eternel;

Celui-là se réclamera du nom de Jacob;

Cet autre écrira de sa main: à l'Eternel!

Et prononcera avec amour le nom d'Israël.

Ainsi parle l'Eternel, roi d'Israël et son rédempteur,

L'Eternel des armées:

Je suis le premier et je suis le dernier,

Et hors moi il n'y a point de Dieu.

Qui a, comme moi, fait des prédictions

(Qu'il le déclare et me le prouve!),

Depuis que j'ai fondé le peuple ancien?

Qu'ils annoncent l'avenir et ce qui doit arriver!

N'ayez pas peur, et ne tremblez pas;

Ne te l'ai-je pas dès longtemps annoncé et déclaré?

Vous êtes mes témoins:

Y a-t-il un autre Dieu que moi?

Il n'y a pas d'autre rocher, je n'en connais point.

Ceux qui fabriquent des idoles ne sont tous que vanité,

Et leurs plus belles œuvres ne servent à rien;

Elles le témoignent elles-mêmes:

Elles n'ont ni la vue, ni l'intelligence,

Afin qu'ils soient dans la confusion.

Qui est-ce qui fabrique un dieu, ou fond une idole,

Pour n'en retirer aucune utilité?

Voici, tous ceux qui y travaillent seront confondus,

Et les ouvriers ne sont que des hommes;

Qu'ils se réunissent tous, qu'ils se présentent,

Et tous ensemble ils seront tremblants et couverts de honte.

Le forgeron fait une hache,

Il travaille avec le charbon,

Et il la façonne à coups de marteau;

Il la forge d'un bras vigoureux;

Mais a-t-il faim, le voilà sans force;

Ne boit-il pas d'eau, le voilà épuisé.

Le charpentier étend le cordeau,

Fait un tracé au crayon,

Façonne le bois avec un couteau,

Et marque ses dimensions avec le compas;

Et il produit une figure d'homme,

Une belle forme humaine,

Pour qu'elle habite dans une maison.

Il se coupe des cèdres,

Il prend des rouvres et des chênes,

Et fait un choix parmi les arbres de la forêt;

Il plante des pins,

Et la pluie les fait croître.

Ces arbres servent à l'homme pour brûler,

Il en prend et il se chauffe.

Il y met aussi le feu pour cuire du pain;

Et il en fait également un dieu, qu'il adore,

Il en fait une idole, devant laquelle il se prosterne.

Il brûle au feu la moitié de son bois,

Avec cette moitié il cuit de la viande,

Il apprête un rôti, et se rassasie;

Il se chauffe aussi, et dit: Ha! Ha!

Je me chauffe, je vois la flamme!

Et avec le reste il fait un dieu, son idole,

Il se prosterne devant elle, il l'adore, il l'invoque,

Et s'écrie: Sauve-moi!

Car tu es mon dieu!

Ils n'ont ni intelligence, ni entendement,

Car on leur a fermé les yeux pour qu'ils ne voient point,

Et le cœur pour qu'ils ne comprennent point.

Il ne rentre pas en lui-même,

Et il n'a ni l'intelligence, ni le bon sens de dire:

J'en ai brûlé une moitié au feu,

J'ai cuit du pain sur les charbons,

J'ai rôti de la viande et je l'ai mangée;

Et avec le reste je ferais une abomination!

Je me prosternerais devant un morceau de bois!

Il se repaît de cendres,

Son cœur abusé l'égare,

Et il ne sauvera point son âme, et ne dira point:

N'est-ce pas du mensonge que j'ai dans ma main?

Souviens-toi de ces choses, ô Jacob!

O Israël! car tu es mon serviteur;

Je t'ai formé, tu es mon serviteur;

Israël, je ne t'oublierai pas.

J'efface tes transgressions comme un nuage,

Et tes péchés comme une nuée;

Reviens à moi,

Car je t'ai racheté.

Cieux, réjouissez-vous! car l'Eternel a agi;

Profondeurs de la terre, retentissez d'allégresse!

Montagnes, éclatez en cris de joie!

Vous aussi, forêts, avec tous vos arbres!

Car l'Eternel a racheté Jacob,

Il a manifesté sa gloire en Israël.

Ainsi parle l'Eternel, ton rédempteur,

Celui qui t'a formé dès ta naissance:

Moi, l'Eternel, j'ai fait toutes choses,

Seul j'ai déployé les cieux,

Seul j'ai étendu la terre.

J'anéantis les signes des prophètes de mensonge,

Et je proclame insensés les devins;

Je fais reculer les sages,

Et je tourne leur science en folie.

Je confirme la parole de mon serviteur,

Et j'accomplis ce que prédisent mes envoyés;

Je dis de Jérusalem: Elle sera habitée,

Et des villes de Juda: Elles seront rebâties;

Et je relèverai leurs ruines.

Je dis à l'abîme: Dessèche-toi,

Je tarirai tes fleuves.

Je dis de Cyrus: Il est mon berger,

Et il accomplira toute ma volonté;

Il dira de Jérusalem: Qu'elle soit rebâtie!

Et du temple: Qu'il soit fondé!

Ainsi parle l'Eternel à son oint, à Cyrus,

Qu'il tient par la main,

Pour terrasser les nations devant lui,

Et pour relâcher la ceinture des rois,

Pour lui ouvrir les portes,

Afin qu'elles ne soient plus fermées;

Je marcherai devant toi,

J'aplanirai les chemins montueux,

Je romprai les portes d'airain,

Et je briserai les verrous de fer.

Je te donnerai des trésors cachés,

Des richesses enfouies,

Afin que tu saches

Que je suis l'Eternel qui t'appelle par ton nom,

Le Dieu d'Israël.

Pour l'amour de mon serviteur Jacob,

Et d'Israël, mon élu,

Je t'ai appelé par ton nom,

Je t'ai parlé avec bienveillance, avant que tu me connusses.

Je suis l'Eternel, et il n'y en a point d'autre,

Hors moi il n'y a point de Dieu;

Je t'ai ceint, avant que tu me connusses.

C'est afin que l'on sache, du soleil levant au soleil couchant,

Que hors moi il n'y a point de Dieu:

Je suis l'Eternel, et il n'y en a point d'autre.

Je forme la lumière, et je crée les ténèbres,

Je donne la prospérité, et je crée l'adversité;

Moi, l'Eternel, je fais toutes ces choses.

Que les cieux répandent d'en haut

Et que les nuées laissent couler la justice!

Que la terre s'ouvre, que le salut y fructifie,

Et qu'il en sorte à la fois la délivrance!

Moi, l'Eternel, je crée ces choses.

Malheur à qui conteste avec son créateur!

Vase parmi des vases de terre!

L'argile dit-elle à celui qui la façonne: Que fais-tu?

Et ton œuvre: Il n'a point de mains?

Malheur à qui dit à son père: Pourquoi m'as-tu engendré?

Et à sa mère: Pourquoi m'as-tu enfanté?

Ainsi parle l'Eternel, le Saint d'Israël, et son créateur:

Veut-on me questionner sur l'avenir,

Me donner des ordres sur mes enfants et sur l'œuvre de mes mains?

C'est moi qui ai fait la terre,

Et qui sur elle ai créé l'homme;

C'est moi, ce sont mes mains qui ont déployé les cieux,

Et c'est moi qui ai disposé toute leur armée.

C'est moi qui ai suscité Cyrus dans ma justice,

Et j'aplanirai toutes ses voies;

Il rebâtira ma ville, et libérera mes captifs,

Sans rançon ni présents,

Dit l'Eternel des armées.

Ainsi parle l'Eternel:

Les gains de l'Egypte et les profits de l'Ethiopie,

Et ceux des Sabéens à la taille élevée,

Passeront chez toi et seront à toi;

Ces peuples marcheront à ta suite,

Ils passeront enchaînés,

Ils se prosterneront devant toi, et te diront en suppliant:

C'est auprès de toi seulement que se trouve Dieu,

Et il n'y a point d'autre Dieu que lui.

Mais tu es un Dieu qui te caches,

Dieu d'Israël, sauveur!

Ils sont tous honteux et confus,

Ils s'en vont tous avec ignominie,

Les fabricateurs d'idoles.

C'est par l'Eternel qu'Israël obtient le salut,

Un salut éternel;

Vous ne serez ni honteux ni confus,

Jusque dans l'éternité.

Car ainsi parle l'Eternel,

Le créateur des cieux, le seul Dieu,

Qui a formé la terre, qui l'a faite et qui l'a affermie,

Qui l'a créée pour qu'elle ne fût pas déserte,

Qui l'a formée pour qu'elle fût habitée:

Je suis l'Eternel, et il n'y en a point d'autre.

Je n'ai point parlé en cachette,

Dans un lieu ténébreux de la terre;

Je n'ai point dit à la postérité de Jacob:

Cherchez-moi vainement!

Moi, l'Eternel, je dis ce qui est vrai,

Je proclame ce qui est droit.

Assemblez-vous et venez, approchez ensemble,

Réchappés des nations!

Ils n'ont point d'intelligence, ceux qui portent leur idole de bois,

Et qui invoquent un dieu incapable de sauver.

Déclarez-le, et faites-les venir!

Qu'ils prennent conseil les uns des autres!

Qui a prédit ces choses dès le commencement,

Et depuis longtemps les a annoncées?

N'est-ce pas moi, l'Eternel?

Il n'y a point d'autre Dieu que moi,

Je suis le seul Dieu juste et qui sauve.

Tournez-vous vers moi, et vous serez sauvés,

Vous tous qui êtes aux extrémités de la terre!

Car je suis Dieu, et il n'y en a point d'autre.

Je le jure par moi-même,

La vérité sort de ma bouche et ma parole ne sera point révoquée:

Tout genou fléchira devant moi,

Toute langue jurera par moi.

En l'Eternel seul, me dira-t-on, résident la justice et la force;

A lui viendront, pour être confondus,

Tous ceux qui étaient irrités contre lui.

Par l'Eternel seront justifiés et glorifiés

Tous les descendants d'Israël.

Bel s'écroule, Nebo tombe;

On met leurs idoles sur des animaux, sur des bêtes;

Vous les portiez, et les voilà chargées,

Devenues un fardeau pour l'animal fatigué!

Ils sont tombés, ils se sont écroulés ensemble,

Ils ne peuvent sauver le fardeau,

Et ils s'en vont eux-mêmes en captivité.

Ecoutez-moi, maison de Jacob,

Et vous tous, restes de la maison d'Israël,

Vous que j'ai pris à ma charge dès votre origine,

Que j'ai portés dès votre naissance!

Jusqu'à votre vieillesse je serai le même,

Jusqu'à votre vieillesse je vous soutiendrai;

Je l'ai fait, et je veux encore vous porter,

Vous soutenir et vous sauver.

A qui me comparerez-vous, pour le faire mon égal?

A qui me ferez-vous ressembler, pour que nous soyons semblables?

Ils versent l'or de leur bourse,

Et pèsent l'argent à la balance;

Ils paient un orfèvre, pour qu'il en fasse un dieu,

Et ils adorent et se prosternent.

Ils le portent, ils le chargent sur l'épaule,

Ils le mettent en place, et il y reste;

Il ne bouge pas de sa place;

Puis on crie vers lui, mais il ne répond pas,

Il ne sauve pas de la détresse.

Souvenez-vous de ces choses, et soyez des hommes!

Pécheurs, rentrez en vous-mêmes!

Souvenez-vous de ce qui s'est passé dès les temps anciens;

Car je suis Dieu, et il n'y en a point d'autre,

Je suis Dieu, et nul n'est semblable à moi.

J'annonce dès le commencement ce qui doit arriver,

Et longtemps d'avance ce qui n'est pas encore accompli;

Je dis: Mes arrêts subsisteront,

Et j'exécuterai toute ma volonté.

C'est moi qui appelle de l'orient un oiseau de proie,

D'une terre lointaine un homme pour accomplir mes desseins,

Je l'ai dit, et je le réaliserai;

Je l'ai conçu, et je l'exécuterai.

Ecoutez-moi, gens endurcis de cœur,

Ennemis de la droiture!

Je fais approcher ma justice: elle n'est pas loin;

Et mon salut: il ne tardera pas.

Je mettrai le salut en Sion,

Et ma gloire sur Israël.

Descends, et assieds-toi dans la poussière,

Vierge, fille de Babylone!

Assieds-toi à terre, sans trône,

Fille des Chaldéens!

On ne t'appellera plus délicate et voluptueuse.

Prends les meules, et mouds de la farine;

Ote ton voile, relève les pans de ta robe,

Découvre tes jambes, traverse les fleuves!

Ta nudité sera découverte,

Et ta honte sera vue.

J'exercerai ma vengeance,

Je n'épargnerai personne.

Notre rédempteur, c'est celui qui s'appelle l'Eternel des armées,

C'est le Saint d'Israël.

Assieds-toi en silence, et va dans les ténèbres,

Fille des Chaldéens!

On ne t'appellera plus la souveraine des royaumes.

J'étais irrité contre mon peuple,

J'avais profané mon héritage,

Et je les avais livrés entre tes mains:

Tu n'as pas eu pour eux de la compassion,

Tu as durement appesanti ton joug sur le vieillard.

Tu disais: A toujours je serai souveraine!

Tu n'as point mis dans ton esprit,

Tu n'as point songé que cela prendrait fin.

Ecoute maintenant ceci, voluptueuse,

Qui t'assieds avec assurance,

Et qui dis en ton cœur:

Moi, et rien que moi!

Je ne serai jamais veuve,

Et je ne serai jamais privée d'enfants!

Ces deux choses t'arriveront subitement, au même jour,

La privation d'enfants et le veuvage;

Elles fondront en plein sur toi,

Malgré la multitude de tes sortilèges,

Malgré le grand nombre de tes enchantements.

Tu avais confiance dans ta méchanceté,

Tu disais: Personne ne me voit!

Ta sagesse et ta science t'ont séduite.

Et tu disais en ton cœur:

Moi, et rien que moi!

Le malheur viendra sur toi,

Sans que tu en voies l'aurore;

La calamité tombera sur toi,

Sans que tu puisses la conjurer;

Et la ruine fondra sur toi tout à coup,

A l'improviste.

Reste donc au milieu de tes enchantements

Et de la multitude de tes sortilèges,

Auxquels tu as consacré ton travail dès ta jeunesse;

Peut-être pourras-tu en tirer profit,

Peut-être deviendras-tu redoutable.

Tu t'es fatiguée à force de consulter:

Qu'ils se lèvent donc et qu'ils te sauvent,

Ceux qui connaissent le ciel,

Qui observent les astres,

Qui annoncent, d'après les nouvelles lunes,

Ce qui doit t'arriver!

Voici, ils sont comme de la paille, le feu les consume,

Ils ne sauveront pas leur vie des flammes:

Ce ne sera pas du charbon dont on se chauffe,

Ni un feu auprès duquel on s'assied.

Tel sera le sort de ceux que tu te fatiguais à consulter.

Et ceux avec qui tu as trafiqué dès ta jeunesse

Se disperseront chacun de son côté:

Il n'y aura personne qui vienne à ton secours.

Ecoutez ceci, maison de Jacob,

Vous qui portez le nom d'Israël,

Et qui êtes sortis des eaux de Juda;

Vous qui jurez par le nom de l'Eternel,

Et qui invoquez le Dieu d'Israël,

Mais sans vérité ni droiture!

Car ils prennent leur nom de la ville sainte,

Et ils s'appuient sur le Dieu d'Israël,

Dont le nom est l'Eternel des armées.

Dès longtemps j'ai fait les premières prédictions,

Elles sont sorties de ma bouche, et je les ai publiées:

Soudain j'ai agi, et elles se sont accomplies.

Sachant que tu es endurci,

Que ton cou est une barre de fer,

Et que tu as un front d'airain,

Je t'ai annoncé dès longtemps ces choses,

Je te les ai déclarées avant qu'elles arrivassent,

Afin que tu ne dises pas: C'est mon idole qui les a faites,

C'est mon image taillée ou mon image en fonte qui les a ordonnées.

Tu entends! Considère tout cela!

Et vous, ne l'avouerez-vous pas?...

Maintenant, je t'annonce des choses nouvelles,

Cachées, inconnues de toi.

Elles se produisent à présent, et n'appartiennent point au passé;

Jusqu'à leur avènement tu n'en avais aucune connaissance,

Afin que tu ne dises pas: Voici, je le savais.

Tu n'en as rien appris, tu n'en as rien su,

Et jadis ton oreille n'en a point été frappée:

Car je savais que tu serais infidèle,

Et que dès ta naissance tu fus appelé rebelle.

A cause de mon nom, je suspends ma colère;

A cause de ma gloire, je me contiens envers toi,

Pour ne pas t'exterminer.

Je t'ai mis au creuset, mais non pour retirer de l'argent;

Je t'ai éprouvé dans la fournaise de l'adversité.

C'est pour l'amour de moi, pour l'amour de moi, que je veux agir;

Car comment mon nom serait-il profané?

Je ne donnerai pas ma gloire à un autre.

Ecoute-moi, Jacob!

Et toi, Israël, que j'ai appelé!

C'est moi, moi qui suis le premier,

C'est aussi moi qui suis le dernier.

Ma main a fondé la terre,

Et ma droite a étendu les cieux:

Je les appelle, et aussitôt ils se présentent.

Vous tous, assemblez-vous, et écoutez!

Qui d'entre eux a annoncé ces choses?

Celui que l'Eternel aime exécutera sa volonté contre Babylone,

Et son bras s'appesantira sur les Chaldéens.

Moi, moi, j'ai parlé, et je l'ai appelé;

Je l'ai fait venir, et son œuvre réussira.

Approchez-vous de moi, et écoutez!

Dès le commencement, je n'ai point parlé en cachette,

Dès l'origine de ces choses, j'ai été là.

Et maintenant, le Seigneur, l'Eternel, m'a envoyé avec son esprit.

Ainsi parle l'Eternel, ton rédempteur, le Saint d'Israël:

Moi, l'Eternel, ton Dieu, je t'instruis pour ton bien,

Je te conduis dans la voie que tu dois suivre.

Oh! si tu étais attentif à mes commandements!

Ton bien-être serait comme un fleuve,

Et ton bonheur comme les flots de la mer;

Ta postérité serait comme le sable,

Et les fruits de tes entrailles comme les grains de sable;

Ton nom ne serait point effacé, anéanti devant moi.

Sortez de Babylone, fuyez du milieu des Chaldéens!

Avec une voix d'allégresse annoncez-le, publiez-le,

Faites-le savoir jusqu'à l'extrémité de la terre,

Dites: L'Eternel a racheté son serviteur Jacob!

Et ils n'auront pas soif dans les déserts où il les conduira:

Il fera jaillir pour eux l'eau du rocher,

Il fendra le rocher,

Et l'eau coulera.

Il n'y a point de paix pour les méchants, dit l'Eternel.

Iles, écoutez-moi!

Peuples lointains, soyez attentifs!

L'Eternel m'a appelé dès ma naissance,

Il m'a nommé dès ma sortie des entrailles maternelles.

Il a rendu ma bouche semblable à un glaive tranchant,

Il m'a couvert de l'ombre de sa main;

Il a fait de moi une flèche aiguë,

Il m'a caché dans son carquois.

Et il m'a dit: Tu es mon serviteur,

Israël en qui je me glorifierai.

Et moi j'ai dit: C'est en vain que j'ai travaillé,

C'est pour le vide et le néant que j'ai consumé ma force;

Mais mon droit est auprès de l'Eternel,

Et ma récompense auprès de mon Dieu.

Maintenant, l'Eternel parle,

Lui qui m'a formé dès ma naissance

Pour être son serviteur,

Pour ramener à lui Jacob,

Et Israël encore dispersé;

Car je suis honoré aux yeux de l'Eternel,

Et mon Dieu est ma force.

Il dit: C'est peu que tu sois mon serviteur

Pour relever les tribus de Jacob

Et pour ramener les restes d'Israël:

Je t'établis pour être la lumière des nations,

Pour porter mon salut jusqu'aux extrémités de la terre.

Ainsi parle l'Eternel, le rédempteur, le Saint d'Israël,

A celui qu'on méprise, qui est en horreur au peuple,

A l'esclave des puissants:

Des rois le verront, et ils se lèveront,

Des princes, et ils se prosterneront,

A cause de l'Eternel, qui est fidèle,

Du Saint d'Israël, qui t'a choisi.

Ainsi parle l'Eternel:

Au temps de la grâce je t'exaucerai,

Et au jour du salut je te secourrai;

Je te garderai, et je t'établirai pour traiter alliance avec le peuple,

Pour relever le pays,

Et pour distribuer les héritages désolés;

Pour dire aux captifs: Sortez!

Et à ceux qui sont dans les ténèbres: Paraissez!

Ils paîtront sur les chemins,

Et ils trouveront des pâturages sur tous les coteaux.

Ils n'auront pas faim et ils n'auront pas soif;

Le mirage et le soleil ne les feront point souffrir;

Car celui qui a pitié d'eux sera leur guide,

Et il les conduira vers des sources d'eaux.

Je changerai toutes mes montagnes en chemins,

Et mes routes seront frayées.

Les voici, ils viennent de loin,

Les uns du septentrion et de l'occident,

Les autres du pays de Sinim.

Cieux, réjouissez-vous!

Terre, sois dans l'allégresse!

Montagnes, éclatez en cris de joie!

Car l'Eternel console son peuple,

Il a pitié de ses malheureux.

Sion disait: L'Eternel m'abandonne,

Le Seigneur m'oublie!

Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite?

N'a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles?

Quand elle l'oublierait,

Moi je ne t'oublierai point.

Voici, je t'ai gravée sur mes mains;

Tes murs sont toujours devant mes yeux.

Tes fils accourent;

Ceux qui t'avaient détruite et ravagée

Sortiront du milieu de toi.

Porte tes yeux alentour, et regarde:

Tous ils s'assemblent, ils viennent vers toi.

Je suis vivant! dit l'Eternel,

Tu les revêtiras tous comme une parure,

Tu t'en ceindras comme une fiancée.

Dans tes places ravagées et désertes,

Dans ton pays ruiné,

Tes habitants seront désormais à l'étroit;

Et ceux qui te dévoraient s'éloigneront.

Ils répéteront à tes oreilles,

Ces fils dont tu fus privée:

L'espace est trop étroit pour moi;

Fais-moi de la place, pour que je puisse m'établir.

Et tu diras en ton cœur: Qui me les a engendrés?

Car j'étais sans enfants, j'étais stérile.

J'étais exilée, répudiée: qui les a élevés?

J'étais restée seule: ceux-ci, où étaient-ils?

Ainsi a parlé le Seigneur, l'Eternel:

Voici: Je lèverai ma main vers les nations,

Je dresserai ma bannière vers les peuples;

Et ils ramèneront tes fils entre leurs bras,

Ils porteront tes filles sur les épaules.

Des rois seront tes nourriciers, et leurs princesses tes nourrices;

Ils se prosterneront devant toi la face contre terre,

Et ils lécheront la poussière de tes pieds,

Et tu sauras que je suis l'Eternel,

Et que ceux qui espèrent en moi ne seront point confus.

Le butin du puissant lui sera-t-il enlevé?

Et la capture faite sur le juste échappera-t-elle?

Oui, dit l'Eternel, la capture du puissant lui sera enlevée,

Et le butin du tyran lui échappera;

Je combattrai tes ennemis,

Et je sauverai tes fils.

Je ferai manger à tes oppresseurs leur propre chair;

Ils s'enivreront de leur sang comme du moût;

Et toute chair saura que je suis l'Eternel, ton sauveur,

Ton rédempteur, le puissant de Jacob.

Ainsi parle l'Eternel:

Où est la lettre de divorce par laquelle j'ai répudié votre mère?

Ou bien, auquel de mes créanciers vous ai-je vendus?

Voici, c'est à cause de vos iniquités que vous avez été vendus,

Et c'est à cause de vos péchés que votre mère a été répudiée.

Je suis venu: pourquoi n'y avait-il personne?

J'ai appelé: pourquoi personne n'a-t-il répondu?

Ma main est-elle trop courte pour racheter?

N'ai-je pas assez de force pour délivrer?

Par ma menace, je dessèche la mer,

Je réduis les fleuves en désert;

Leurs poissons se corrompent, faute d'eau,

Et ils périssent de soif.

Je revêts les cieux d'obscurité,

Et je fais d'un sac leur couverture.

Le Seigneur, l'Eternel, m'a donné une langue exercée,

Pour que je sache soutenir par la parole celui qui est abattu;

Il éveille, chaque matin, il éveille mon oreille,

Pour que j'écoute comme écoutent des disciples.

Le Seigneur, l'Eternel, m'a ouvert l'oreille,

Et je n'ai point résisté,

Je ne me suis point retiré en arrière.

J'ai livré mon dos à ceux qui me frappaient,

Et mes joues à ceux qui m'arrachaient la barbe;

Je n'ai pas dérobé mon visage

Aux ignominies et aux crachats.

Mais le Seigneur, l'Eternel, m'a secouru;

C'est pourquoi je n'ai point été déshonoré,

C'est pourquoi j'ai rendu mon visage semblable à un caillou,

Sachant que je ne serais point confondu.

Celui qui me justifie est proche:

Qui disputera contre moi?

Comparaissons ensemble!

Qui est mon adversaire?

Qu'il s'avance vers moi!

Voici, le Seigneur, l'Eternel, me secourra:

Qui me condamnera?

Voici, ils tomberont tous en lambeaux comme un vêtement,

La teigne les dévorera.

Quiconque parmi vous craint l'Eternel,

Qu'il écoute la voix de son serviteur!

Quiconque marche dans l'obscurité et manque de lumière,

Qu'il se confie dans le nom de l'Eternel,

Et qu'il s'appuie sur son Dieu!

Voici, vous tous qui allumez un feu,

Et qui êtes armés de torches,

Allez au milieu de votre feu et de vos torches enflammées!

C'est par ma main que ces choses vous arriveront;

Vous vous coucherez dans la douleur.

Ecoutez-moi, vous qui poursuivez la justice,

Qui cherchez l'Eternel!

Portez les regards sur le rocher d'où vous avez été taillés,

Sur le creux de la fosse d'où vous avez été tirés.

Portez les regards sur Abraham votre père,

Et sur Sara qui vous a enfantés;

Car lui seul je l'ai appelé,

Je l'ai béni et multiplié.

Ainsi l'Eternel a pitié de Sion,

Il a pitié de toutes ses ruines;

Il rendra son désert semblable à un Eden,

Et sa terre aride à un jardin de l'Eternel.

La joie et l'allégresse se trouveront au milieu d'elle,

Les actions de grâces et le chant des cantiques.

Mon peuple, sois attentif!

Ma nation, prête-moi l'oreille!

Car la loi sortira de moi,

Et j'établirai ma loi pour être la lumière des peuples.

Ma justice est proche, mon salut va paraître,

Et mes bras jugeront les peuples;

Les îles espéreront en moi,

Elles se confieront en mon bras.

Levez les yeux vers le ciel, et regardez en bas sur la terre!

Car les cieux s'évanouiront comme une fumée,

La terre tombera en lambeaux comme un vêtement,

Et ses habitants périront comme des mouches;

Mais mon salut durera éternellement,

Et ma justice n'aura point de fin.

Ecoutez-moi, vous qui connaissez la justice,

Peuple, qui as ma loi dans ton cœur!

Ne craignez pas l'opprobre des hommes,

Et ne tremblez pas devant leurs outrages.

Car la teigne les dévorera comme un vêtement,

Et la gerce les rongera comme de la laine;

Mais ma justice durera éternellement,

Et mon salut s'étendra d'âge en âge.

Réveille-toi, réveille-toi! revêts-toi de force, bras de l'Eternel!

Réveille-toi, comme aux jours d'autrefois,

Dans les anciens âges!

N'est-ce pas toi qui abattis l'Egypte,

Qui transperças le monstre?

N'est-ce pas toi qui mis à sec la mer,

Les eaux du grand abîme,

Qui frayas dans les profondeurs de la mer

Un chemin pour le passage des rachetés?

Ainsi les rachetés de l'Eternel retourneront,

Ils iront à Sion avec chants de triomphe,

Et une joie éternelle couronnera leur tête;

L'allégresse et la joie s'approcheront,

La douleur et les gémissements s'enfuiront.

C'est moi, c'est moi qui vous console.

Qui es-tu, pour avoir peur de l'homme mortel,

Et du fils de l'homme, pareil à l'herbe?

Et tu oublierais l'Eternel, qui t'a fait,

Qui a étendu les cieux et fondé la terre!

Et tu tremblerais incessamment tout le jour

Devant la colère de l'oppresseur,

Parce qu'il cherche à détruire!

Où donc est la colère de l'oppresseur?

Bientôt celui qui est courbé sous les fers sera délivré;

Il ne mourra pas dans la fosse,

Et son pain ne lui manquera pas.

Je suis l'Eternel, ton Dieu,

Qui soulève la mer et fais mugir ses flots.

L'Eternel des armées est son nom.

Je mets mes paroles dans ta bouche,

Et je te couvre de l'ombre de ma main,

Pour étendre de nouveaux cieux et fonder une nouvelle terre,

Et pour dire à Sion: Tu es mon peuple!

Réveille-toi, réveille-toi! lève-toi, Jérusalem,

Qui as bu de la main de l'Eternel la coupe de sa colère,

Qui as bu, sucé jusqu'à la lie la coupe d'étourdissement!

Il n'y en a aucun pour la conduire

De tous les fils qu'elle a enfantés,

Il n'y en a aucun pour la prendre par la main

De tous les fils qu'elle a élevés.

Ces deux choses te sont arrivées:

Qui te plaindra?

Le ravage et la ruine, la famine et l'épée.

Qui suis-je pour te consoler?

Tes fils en défaillance gisaient à tous les coins de rues,

Comme le cerf dans un filet,

Chargés de la colère de l'Eternel,

Des menaces de ton Dieu.

C'est pourquoi, écoute ceci, malheureuse,

Ivre, mais non de vin!

Ainsi parle ton Seigneur, l'Eternel,

Ton Dieu, qui défend son peuple:

Voici, je prends de ta main la coupe d'étourdissement,

La coupe de ma colère;

Tu ne la boiras plus!

Je la mettrai dans la main de tes oppresseurs,

Qui te disaient: Courbe-toi, et nous passerons!

Tu faisais alors de ton dos comme une terre,

Comme une rue pour les passants.

Réveille-toi! réveille-toi! revêts ta parure, Sion!

Revêts tes habits de fête, Jérusalem, ville sainte!

Car il n'entrera plus chez toi ni incirconcis ni impur.

Secoue ta poussière, lève-toi,

Mets-toi sur ton séant, Jérusalem!

Détache les liens de ton cou,

Captive, fille de Sion!

Car ainsi parle l'Eternel:

C'est gratuitement que vous avez été vendus,

Et ce n'est pas à prix d'argent que vous serez rachetés.

Car ainsi parle le Seigneur, l'Eternel:

Jadis mon peuple descendit en Egypte, pour y séjourner;

Puis l'Assyrien l'opprima sans cause.

Et maintenant, qu'ai-je à faire, dit l'Eternel,

Quand mon peuple a été gratuitement enlevé?

Ses tyrans poussent des cris, dit l'Eternel,

Et toute la durée du jour mon nom est outragé.

C'est pourquoi mon peuple connaîtra mon nom;

C'est pourquoi il saura, en ce jour,

Que c'est moi qui parle: me voici!

Qu'ils sont beaux sur les montagnes,

Les pieds de celui qui apporte de bonnes nouvelles,

Qui publie la paix!

De celui qui apporte de bonnes nouvelles,

Qui publie le salut!

De celui qui dit à Sion:

Ton Dieu règne!

La voix de tes sentinelles retentit;

Elles élèvent la voix,

Elles poussent ensemble des cris d'allégresse;

Car de leurs propres yeux elles voient

Que l'Eternel ramène Sion.

Eclatez ensemble en cris de joie,

Ruines de Jérusalem!

Car l'Eternel console son peuple,

Il rachète Jérusalem.

L'Eternel découvre le bras de sa sainteté,

Aux yeux de toutes les nations;

Et toutes les extrémités de la terre verront

Le salut de notre Dieu.

Partez, partez, sortez de là!

Ne touchez rien d'impur!

Sortez du milieu d'elle!

Purifiez-vous, vous qui portez les vases de l'Eternel!

Ne sortez pas avec précipitation,

Ne partez pas en fuyant;

Car l'Eternel ira devant vous,

Et le Dieu d'Israël fermera votre marche.

Voici, mon serviteur prospérera;

Il montera, il s'élèvera, il s'élèvera bien haut.

De même qu'il a été pour plusieurs un sujet d'effroi,

Tant son visage était défiguré,

Tant son aspect différait de celui des fils de l'homme,

De même il sera pour beaucoup de peuples un sujet de joie;

Devant lui des rois fermeront la bouche;

Car ils verront ce qui ne leur avait point été raconté,

Ils apprendront ce qu'ils n'avaient point entendu.

Qui a cru à ce qui nous était annoncé?

Qui a reconnu le bras de l'Eternel?

Il s'est élevé devant lui comme une faible plante,

Comme un rejeton qui sort d'une terre desséchée;

Il n'avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards,

Et son aspect n'avait rien pour nous plaire.

Méprisé et abandonné des hommes,

Homme de douleur et habitué à la souffrance,

Semblable à celui dont on détourne le visage,

Nous l'avons dédaigné, nous n'avons fait de lui aucun cas.

Cependant, ce sont nos souffrances qu'il a portées,

C'est de nos douleurs qu'il s'est chargé;

Et nous l'avons considéré comme puni,

Frappé de Dieu, et humilié.

Mais il était blessé pour nos péchés,

Brisé pour nos iniquités;

Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui,

Et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.

Nous étions tous errants comme des brebis,

Chacun suivait sa propre voie;

Et l'Eternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous.

Il a été maltraité et opprimé,

Et il n'a point ouvert la bouche,

Semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie,

A une brebis muette devant ceux qui la tondent;

Il n'a point ouvert la bouche.

Il a été enlevé par l'angoisse et le châtiment;

Et parmi ceux de sa génération, qui a cru

Qu'il était retranché de la terre des vivants

Et frappé pour les péchés de mon peuple?

On a mis son sépulcre parmi les méchants,

Son tombeau avec le riche,

Quoiqu'il n'eût point commis de violence

Et qu'il n'y eût point de fraude dans sa bouche.

Il a plu à l'Eternel de le briser par la souffrance...

Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché,

Il verra une postérité et prolongera ses jours;

Et l'œuvre de l'Eternel prospérera entre ses mains.

A cause du travail de son âme, il rassasiera ses regards;

Par sa connaissance mon serviteur juste justifiera beaucoup d'hommes,

Et il se chargera de leurs iniquités.

C'est pourquoi je lui donnerai sa part avec les grands;

Il partagera le butin avec les puissants,

Parce qu'il s'est livré lui-même à la mort,

Et qu'il a été mis au nombre des malfaiteurs,

Parce qu'il a porté les péchés de beaucoup d'hommes,

Et qu'il a intercédé pour les coupables.

Réjouis-toi, stérile, toi qui n'enfantes plus!

Fais éclater ton allégresse et ta joie, toi qui n'as plus de douleurs!

Car les fils de la délaissée seront plus nombreux

Que les fils de celle qui est mariée, dit l'Eternel.

Elargis l'espace de ta tente;

Qu'on déploie les couvertures de ta demeure:

Ne retiens pas!

Allonge tes cordages,

Et affermis tes pieux!

Car tu te répandras à droite et à gauche;

Ta postérité envahira des nations,

Et peuplera des villes désertes.

Ne crains pas, car tu ne seras point confondue;

Ne rougis pas, car tu ne seras pas déshonorée;

Mais tu oublieras la honte de ta jeunesse,

Et tu ne te souviendras plus de l'opprobre de ton veuvage.

Car ton créateur est ton époux:

L'Eternel des armées est son nom;

Et ton rédempteur est le Saint d'Israël:

Il se nomme Dieu de toute la terre;

Car l'Eternel te rappelle comme une femme délaissée et au cœur attristé,

Comme une épouse de la jeunesse qui a été répudiée, dit ton Dieu.

Quelques instants je t'avais abandonnée,

Mais avec une grande affection je t'accueillerai;

Dans un instant de colère, je t'avais un moment dérobé ma face,

Mais avec un amour éternel j'aurai compassion de toi,

Dit ton rédempteur, l'Eternel.

Il en sera pour moi comme des eaux de Noé:

J'avais juré que les eaux de Noé ne se répandraient plus sur la terre;

Je jure de même de ne plus m'irriter contre toi

Et de ne plus te menacer.

Quand les montagnes s'éloigneraient,

Quand les collines chancelleraient,

Mon amour ne s'éloignera point de toi,

Et mon alliance de paix ne chancellera point,

Dit l'Eternel, qui a compassion de toi.

Malheureuse, battue de la tempête, et que nul ne console!

Voici, je garnirai tes pierres d'antimoine,

Et je te donnerai des fondements de saphir;

Je ferai tes créneaux de rubis,

Tes portes d'escarboucles,

Et toute ton enceinte de pierres précieuses.

Tous tes fils seront disciples de l'Eternel,

Et grande sera la prospérité de tes fils.

Tu seras affermie par la justice;

Bannis l'inquiétude, car tu n'as rien à craindre,

Et la frayeur, car elle n'approchera pas de toi.

Si l'on forme des complots, cela ne viendra pas de moi;

Quiconque se liguera contre toi tombera sous ton pouvoir.

Voici, j'ai créé l'ouvrier qui souffle le charbon au feu,

Et qui fabrique une arme par son travail;

Mais j'ai créé aussi le destructeur pour la briser.

Toute arme forgée contre toi sera sans effet;

Et toute langue qui s'élèvera en justice contre toi,

Tu la condamneras.

Tel est l'héritage des serviteurs de l'Eternel,

Tel est le salut qui leur viendra de moi,

Dit l'Eternel.

Vous tous qui avez soif, venez aux eaux,

Même celui qui n'a pas d'argent!

Venez, achetez et mangez,

Venez, achetez du vin et du lait, sans argent, sans rien payer!

Pourquoi pesez-vous de l'argent pour ce qui ne nourrit pas?

Pourquoi travaillez-vous pour ce qui ne rassasie pas?

Ecoutez-moi donc, et vous mangerez ce qui est bon,

Et votre âme se délectera de mets succulents.

Prêtez l'oreille, et venez à moi,

Ecoutez, et votre âme vivra:

Je traiterai avec vous une alliance éternelle,

Pour rendre durables mes faveurs envers David.

Voici, je l'ai établi comme témoin auprès des peuples,

Comme chef et dominateur des peuples.

Voici, tu appelleras des nations que tu ne connais pas,

Et les nations qui ne te connaissent pas accourront vers toi,

A cause de l'Eternel, ton Dieu,

Du Saint d'Israël, qui te glorifie.

Cherchez l'Eternel pendant qu'il se trouve;

Invoquez-le, tandis qu'il est près.

Que le méchant abandonne sa voie,

Et l'homme d'iniquité ses pensées;

Qu'il retourne à l'Eternel, qui aura pitié de lui,

A notre Dieu, qui ne se lasse pas de pardonner.

Car mes pensées ne sont pas vos pensées,

Et vos voies ne sont pas mes voies,

Dit l'Eternel.

Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre,

Autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies,

Et mes pensées au-dessus de vos pensées.

Comme la pluie et la neige descendent des cieux,

Et n'y retournent pas

Sans avoir arrosé, fécondé la terre, et fait germer les plantes,

Sans avoir donné de la semence au semeur

Et du pain à celui qui mange,

Ainsi en est-il de ma parole, qui sort de ma bouche:

Elle ne retourne point à moi sans effet,

Sans avoir exécuté ma volonté

Et accompli mes desseins.

Oui, vous sortirez avec joie,

Et vous serez conduits en paix;

Les montagnes et les collines éclateront d'allégresse devant vous,

Et tous les arbres de la campagne battront des mains.

Au lieu de l'épine s'élèvera le cyprès,

Au lieu de la ronce croîtra le myrte;

Et ce sera pour l'Eternel une gloire,

Un monument perpétuel, impérissable.

Ainsi parle l'Eternel:

Observez ce qui est droit, et pratiquez ce qui est juste;

Car mon salut ne tardera pas à venir,

Et ma justice à se manifester.

Heureux l'homme qui fait cela,

Et le fils de l'homme qui y demeure ferme,

Gardant le sabbat, pour ne point le profaner,

Et veillant sur sa main, pour ne commettre aucun mal!

Que l'étranger qui s'attache à l'Eternel ne dise pas:

L'Eternel me séparera de son peuple!

Et que l'eunuque ne dise pas:

Voici, je suis un arbre sec!

Car ainsi parle l'Eternel:

Aux eunuques qui garderont mes sabbats,

Qui choisiront ce qui m'est agréable,

Et qui persévéreront dans mon alliance,

Je donnerai dans ma maison et dans mes murs une place et un nom

Préférables à des fils et à des filles;

Je leur donnerai un nom éternel,

Qui ne périra pas.

Et les étrangers qui s'attacheront à l'Eternel pour le servir,

Pour aimer le nom de l'Eternel,

Pour être ses serviteurs,

Tous ceux qui garderont le sabbat, pour ne point le profaner,

Et qui persévéreront dans mon alliance,

Je les amènerai sur ma montagne sainte,

Et je les réjouirai dans ma maison de prière;

Leurs holocaustes et leurs sacrifices seront agréés sur mon autel;

Car ma maison sera appelée une maison de prière pour tous les peuples.

Le Seigneur, l'Eternel, parle,

Lui qui rassemble les exilés d'Israël:

Je réunirai d'autres peuples à lui, aux siens déjà rassemblés.

Vous toutes, bêtes des champs,

Venez pour manger, vous toutes, bêtes de la forêt!

Ses gardiens sont tous aveugles, sans intelligence;

Ils sont tous des chiens muets, incapables d'aboyer;

Ils ont des rêveries, se tiennent couchés,

Aiment à sommeiller.

Et ce sont des chiens voraces, insatiables;

Ce sont des bergers qui ne savent rien comprendre;

Tous suivent leur propre voie,

Chacun selon son intérêt, jusqu'au dernier:

Venez, je vais chercher du vin,

Et nous boirons des liqueurs fortes!

Nous en ferons autant demain,

Et beaucoup plus encore!

Le juste périt, et nul n'y prend garde;

Les gens de bien sont enlevés, et nul ne fait attention

Que c'est par suite de la malice que le juste est enlevé.

Il entrera dans la paix,

Il reposera sur sa couche,

Celui qui aura suivi le droit chemin.

Mais vous, approchez ici, fils de l'enchanteresse,

Race de l'adultère et de la prostituée!

De qui vous moquez-vous?

Contre qui ouvrez-vous une large bouche

Et tirez-vous la langue?

N'êtes-vous pas des enfants de péché,

Une race de mensonge,

S'échauffant près des térébinthes,

Sous tout arbre vert,

Egorgeant les enfants dans les vallées,

Sous des fentes de rochers?

C'est dans les pierres polies des torrents qu'est ton partage,

Voilà, voilà ton lot;

C'est à elles que tu verses des libations,

Que tu fais des offrandes:

Puis-je être insensible à cela?

C'est sur une montagne haute et élevée que tu dresses ta couche;

C'est aussi là que tu montes pour offrir des sacrifices.

Tu mets ton souvenir derrière la porte et les poteaux;

Car, loin de moi, tu lèves la couverture et tu montes,

Tu élargis ta couche, et tu traites alliance avec eux,

Tu aimes leur commerce, tu choisis une place.

Tu vas auprès du roi avec de l'huile,

Tu multiplies tes aromates,

Tu envoies au loin tes messagers,

Tu t'abaisses jusqu'au séjour des morts.

A force de marcher tu te fatigues,

Et tu ne dis pas: J'y renonce!

Tu trouves encore de la vigueur dans ta main:

Aussi n'es-tu pas dans l'abattement.

Et qui redoutais-tu, qui craignais-tu, pour être infidèle,

Pour ne pas te souvenir, te soucier de moi?

Est-ce que je ne garde pas le silence, et depuis longtemps?

C'est pourquoi tu ne me crains pas.

Je vais publier ta droiture,

Et tes œuvres ne te profiteront pas.

Quand tu crieras, la foule de tes idoles te délivrera-t-elle?

Le vent les emportera toutes, un souffle les enlèvera.

Mais celui qui se confie en moi héritera le pays,

Et possédera ma montagne sainte.

On dira: Frayez, frayez, préparez le chemin,

Enlevez tout obstacle du chemin de mon peuple!

Car ainsi parle le Très-Haut,

Dont la demeure est éternelle et dont le nom est saint:

J'habite dans les lieux élevés et dans la sainteté;

Mais je suis avec l'homme contrit et humilié,

Afin de ranimer les esprits humiliés,

Afin de ranimer les cœurs contrits.

Je ne veux pas contester à toujours,

Ni garder une éternelle colère,

Quand devant moi tombent en défaillance les esprits,

Les âmes que j'ai faites.

A cause de son avidité coupable, je me suis irrité et je l'ai frappé,

Je me suis caché dans mon indignation;

Et le rebelle a suivi le chemin de son cœur.

J'ai vu ses voies,

Et je le guérirai;

Je lui servirai de guide,

Et je le consolerai, lui et ceux qui pleurent avec lui.

Je mettrai la louange sur les lèvres.

Paix, paix à celui qui est loin et à celui qui est près! dit l'Eternel.

Je les guérirai.

Mais les méchants sont comme la mer agitée,

Qui ne peut se calmer,

Et dont les eaux soulèvent la vase et le limon.

Il n'y a point de paix pour les méchants, dit mon Dieu.

Crie à plein gosier, ne te retiens pas,

Elève ta voix comme une trompette,

Et annonce à mon peuple ses iniquités,

A la maison de Jacob ses péchés!

Tous les jours ils me cherchent,

Ils veulent connaître mes voies;

Comme une nation qui aurait pratiqué la justice

Et n'aurait pas abandonné la loi de son Dieu,

Ils me demandent des arrêts de justice,

Ils désirent l'approche de Dieu.

Que nous sert de jeûner, si tu ne le vois pas?

De mortifier notre âme, si tu n'y as point égard?

Voici, le jour de votre jeûne, vous vous livrez à vos penchants,

Et vous traitez durement tous vos mercenaires.

Voici, vous jeûnez pour disputer et vous quereller,

Pour frapper méchamment du poing;

Vous ne jeûnez pas comme le veut ce jour,

Pour que votre voix soit entendue en haut.

Est-ce là le jeûne auquel je prends plaisir,

Un jour où l'homme humilie son âme?

Courber la tête comme un jonc,

Et se coucher sur le sac et la cendre,

Est-ce là ce que tu appelleras un jeûne,

Un jour agréable à l'Eternel?

Voici le jeûne auquel je prends plaisir:

Détache les chaînes de la méchanceté,

Dénoue les liens de la servitude,

Renvoie libres les opprimés,

Et que l'on rompe toute espèce de joug;

Partage ton pain avec celui qui a faim,

Et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile;

Si tu vois un homme nu, couvre-le,

Et ne te détourne pas de ton semblable.

Alors ta lumière poindra comme l'aurore,

Et ta guérison germera promptement;

Ta justice marchera devant toi,

Et la gloire de l'Eternel t'accompagnera.

Alors tu appelleras, et l'Eternel répondra;

Tu crieras, et il dira: Me voici!

Si tu éloignes du milieu de toi le joug,

Les gestes menaçants et les discours injurieux,

Si tu donnes ta propre subsistance à celui qui a faim,

Si tu rassasies l'âme indigente,

Ta lumière se lèvera sur l'obscurité,

Et tes ténèbres seront comme le midi.

L'Eternel sera toujours ton guide,

Il rassasiera ton âme dans les lieux arides,

Et il redonnera de la vigueur à tes membres;

Tu seras comme un jardin arrosé,

Comme une source dont les eaux ne tarissent pas.

Les tiens rebâtiront sur d'anciennes ruines,

Tu relèveras des fondements antiques;

On t'appellera réparateur des brèches,

Celui qui restaure les chemins, qui rend le pays habitable.

Si tu retiens ton pied pendant le sabbat,

Pour ne pas faire ta volonté en mon saint jour,

Si tu fais du sabbat tes délices,

Pour sanctifier l'Eternel en le glorifiant,

Et si tu l'honores en ne suivant point tes voies,

En ne te livrant pas à tes penchants et à de vains discours,

Alors tu mettras ton plaisir en l'Eternel,

Et je te ferai monter sur les hauteurs du pays,

Je te ferai jouir de l'héritage de Jacob, ton père;

Car la bouche de l'Eternel a parlé.

Non, la main de l'Eternel n'est pas trop courte pour sauver,

Ni son oreille trop dure pour entendre.

Mais ce sont vos crimes qui mettent une séparation

Entre vous et votre Dieu;

Ce sont vos péchés qui vous cachent sa face

Et l'empêchent de vous écouter.

Car vos mains sont souillées de sang,

Et vos doigts de crimes;

Vos lèvres profèrent le mensonge,

Votre langue fait entendre l'iniquité.

Nul ne se plaint avec justice,

Nul ne plaide avec droiture;

Ils s'appuient sur des choses vaines et disent des faussetés,

Ils conçoivent le mal et enfantent le crime.

Ils couvent des œufs de basilic,

Et ils tissent des toiles d'araignée.

Celui qui mange de leurs œufs meurt;

Et, si l'on en brise un, il sort une vipère.

Leurs toiles ne servent point à faire un vêtement,

Et ils ne peuvent se couvrir de leur ouvrage;

Leurs œuvres sont des œuvres d'iniquité,

Et les actes de violence sont dans leurs mains.

Leurs pieds courent au mal,

Et ils ont hâte de répandre le sang innocent;

Leurs pensées sont des pensées d'iniquité,

Le ravage et la ruine sont sur leur route.

Ils ne connaissent pas le chemin de la paix,

Et il n'y a point de justice dans leurs voies;

Ils prennent des sentiers détournés:

Quiconque y marche ne connaît point la paix.

C'est pourquoi l'arrêt de délivrance est loin de nous,

Et le salut ne nous atteint pas;

Nous attendons la lumière, et voici les ténèbres,

La clarté, et nous marchons dans l'obscurité.

Nous tâtonnons comme des aveugles le long d'un mur,

Nous tâtonnons comme ceux qui n'ont point d'yeux;

Nous chancelons à midi comme de nuit,

Au milieu de l'abondance nous ressemblons à des morts.

Nous grondons tous comme des ours,

Nous gémissons comme des colombes;

Nous attendons la délivrance, et elle n'est pas là,

Le salut, et il est loin de nous.

Car nos transgressions sont nombreuses devant toi,

Et nos péchés témoignent contre nous;

Nos transgressions sont avec nous,

Et nous connaissons nos crimes.

Nous avons été coupables et infidèles envers l'Eternel,

Nous avons abandonné notre Dieu;

Nous avons proféré la violence et la révolte,

Conçu et médité dans le cœur des paroles de mensonge;

Et la délivrance s'est retirée,

Et le salut se tient éloigné;

Car la vérité trébuche sur la place publique,

Et la droiture ne peut approcher.

La vérité a disparu,

Et celui qui s'éloigne du mal est dépouillé.

L'Eternel voit, d'un regard indigné,

Qu'il n'y a plus de droiture.

Il voit qu'il n'y a pas un homme,

Il s'étonne de ce que personne n'intercède;

Alors son bras lui vient en aide,

Et sa justice lui sert d'appui.

Il se revêt de la justice comme d'une cuirasse,

Et il met sur sa tête le casque du salut;

Il prend la vengeance pour vêtement,

Et il se couvre de la jalousie comme d'un manteau.

Il rendra à chacun selon ses œuvres,

La fureur à ses adversaires,

La pareille à ses ennemis;

Il rendra la pareille aux îles.

On craindra le nom de l'Eternel depuis l'occident,

Et sa gloire depuis le soleil levant;

Quand l'ennemi viendra comme un fleuve,

L'esprit de l'Eternel le mettra en fuite.

Un rédempteur viendra pour Sion,

Pour ceux de Jacob qui se convertiront de leurs péchés,

Dit l'Eternel.

Voici mon alliance avec eux, dit l'Eternel:

Mon esprit, qui repose sur toi,

Et mes paroles, que j'ai mises dans ta bouche,

Ne se retireront point de ta bouche, ni de la bouche de tes enfants,

Ni de la bouche des enfants de tes enfants,

Dit l'Eternel, dès maintenant et à jamais.

Lève-toi, sois éclairée, car ta lumière arrive,

Et la gloire de l'Eternel se lève sur toi.

Voici, les ténèbres couvrent la terre,

Et l'obscurité les peuples;

Mais sur toi l'Eternel se lève,

Sur toi sa gloire apparaît.

Des nations marchent à ta lumière,

Et des rois à la clarté de tes rayons.

Porte tes yeux alentour, et regarde:

Tous ils s'assemblent, ils viennent vers toi;

Tes fils arrivent de loin,

Et tes filles sont portées sur les bras.

Tu tressailliras alors et tu te réjouiras,

Et ton cœur bondira et se dilatera,

Quand les richesses de la mer se tourneront vers toi,

Quand les trésors des nations viendront à toi.

Tu seras couverte d'une foule de chameaux,

De dromadaires de Madian et d'Epha;

Ils viendront tous de Séba;

Ils porteront de l'or et de l'encens,

Et publieront les louanges de l'Eternel.

Les troupeaux de Kédar se réuniront tous chez toi;

Les béliers de Nebajoth seront à ton service;

Ils monteront sur mon autel et me seront agréables,

Et je glorifierai la maison de ma gloire.

Qui sont ceux-là qui volent comme des nuées,

Comme des colombes vers leur colombier?

Car les îles espèrent en moi,

Et les navires de Tarsis sont en tête,

Pour ramener de loin tes enfants,

Avec leur argent et leur or,

A cause du nom de l'Eternel, ton Dieu,

Du Saint d'Israël qui te glorifie.

Les fils de l'étranger rebâtiront tes murs,

Et leurs rois seront tes serviteurs;

Car je t'ai frappée dans ma colère,

Mais dans ma miséricorde j'ai pitié de toi.

Tes portes seront toujours ouvertes,

Elles ne seront fermées ni jour ni nuit,

Afin de laisser entrer chez toi les trésors des nations,

Et leurs rois avec leur suite.

Car la nation et le royaume qui ne te serviront pas périront,

Ces nations-là seront exterminées.

La gloire du Liban viendra chez toi,

Le cyprès, l'orme et le buis, tous ensemble,

Pour orner le lieu de mon sanctuaire,

Et je glorifierai la place où reposent mes pieds.

Les fils de tes oppresseurs viendront s'humilier devant toi,

Et tous ceux qui te méprisaient se prosterneront à tes pieds;

Ils t'appelleront ville de l'Eternel, Sion du Saint d'Israël.

Au lieu que tu étais délaissée et haïe,

Et que personne ne te parcourait,

Je ferai de toi un ornement pour toujours,

Un sujet de joie de génération en génération.

Tu suceras le lait des nations,

Tu suceras la mamelle des rois;

Et tu sauras que je suis l'Eternel, ton sauveur,

Ton rédempteur, le puissant de Jacob.

Au lieu de l'airain je ferai venir de l'or,

Au lieu du fer je ferai venir de l'argent,

Au lieu du bois, de l'airain,

Et au lieu des pierres, du fer;

Je ferai régner sur toi la paix,

Et dominer la justice.

On n'entendra plus parler de violence dans ton pays,

Ni de ravage et de ruine dans ton territoire;

Tu donneras à tes murs le nom de salut,

Et à tes portes celui de gloire.

Ce ne sera plus le soleil qui te servira de lumière pendant le jour,

Ni la lune qui t'éclairera de sa lueur;

Mais l'Eternel sera ta lumière à toujours,

Ton Dieu sera ta gloire.

Ton soleil ne se couchera plus,

Et ta lune ne s'obscurcira plus;

Car l'Eternel sera ta lumière à toujours,

Et les jours de ton deuil seront passés.

Il n'y aura plus que des justes parmi ton peuple,

Ils posséderont à toujours le pays;

C'est le rejeton que j'ai planté, l'œuvre de mes mains,

Pour servir à ma gloire.

Le plus petit deviendra un millier,

Et le moindre une nation puissante.

Moi, l'Eternel, je hâterai ces choses en leur temps.

L'esprit du Seigneur, l'Eternel, est sur moi,

Car l'Eternel m'a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux;

Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé,

Pour proclamer aux captifs la liberté,

Et aux prisonniers la délivrance;

Pour publier une année de grâce de l'Eternel,

Et un jour de vengeance de notre Dieu;

Pour consoler tous les affligés;

Pour accorder aux affligés de Sion,

Pour leur donner un diadème au lieu de la cendre,

Une huile de joie au lieu du deuil,

Un vêtement de louange au lieu d'un esprit abattu,

Afin qu'on les appelle des térébinthes de la justice,

Une plantation de l'Eternel, pour servir à sa gloire.

Ils rebâtiront sur d'anciennes ruines,

Ils relèveront d'antiques décombres,

Ils renouvelleront des villes ravagées,

Dévastées depuis longtemps.

Des étrangers seront là et feront paître vos troupeaux,

Des fils de l'étranger seront vos laboureurs et vos vignerons.

Mais vous, on vous appellera sacrificateurs de l'Eternel,

On vous nommera serviteurs de notre Dieu;

Vous mangerez les richesses des nations,

Et vous vous glorifierez de leur gloire.

Au lieu de votre opprobre, vous aurez une portion double;

Au lieu de l'ignominie, ils seront joyeux de leur part;

Ils posséderont ainsi le double dans leur pays,

Et leur joie sera éternelle.

Car moi, l'Eternel, j'aime la justice,

Je hais la rapine avec l'iniquité;

Je leur donnerai fidèlement leur récompense,

Et je traiterai avec eux une alliance éternelle.

Leur race sera connue parmi les nations,

Et leur postérité parmi les peuples;

Tous ceux qui les verront reconnaîtront

Qu'ils sont une race bénie de l'Eternel.

Je me réjouirai en l'Eternel,

Mon âme sera ravie d'allégresse en mon Dieu;

Car il m'a revêtu des vêtements du salut,

Il m'a couvert du manteau de la délivrance,

Comme le fiancé s'orne d'un diadème,

Comme la fiancée se pare de ses joyaux.

Car, comme la terre fait éclore son germe,

Et comme un jardin fait pousser ses semences,

Ainsi le Seigneur, l'Eternel, fera germer le salut et la louange,

En présence de toutes les nations.

Pour l'amour de Sion je ne me tairai point,

Pour l'amour de Jérusalem je ne prendrai point de repos,

Jusqu'à ce que son salut paraisse, comme l'aurore,

Et sa délivrance, comme un flambeau qui s'allume.

Alors les nations verront ton salut,

Et tous les rois ta gloire;

Et l'on t'appellera d'un nom nouveau,

Que la bouche de l'Eternel déterminera.

Tu seras une couronne éclatante dans la main de l'Eternel,

Un turban royal dans la main de ton Dieu.

On ne te nommera plus délaissée,

On ne nommera plus ta terre désolation;

Mais on t'appellera mon plaisir en elle,

Et l'on appellera ta terre épouse;

Car l'Eternel met son plaisir en toi,

Et ta terre aura un époux.

Comme un jeune homme s'unit à une vierge,

Ainsi tes fils s'uniront à toi;

Et comme la fiancée fait la joie de son fiancé,

Ainsi tu feras la joie de ton Dieu.

Sur tes murs, Jérusalem, j'ai placé des gardes;

Ils ne se tairont ni jour ni nuit.

Vous qui la rappelez au souvenir de l'Eternel,

Point de repos pour vous!

Et ne lui laissez aucun relâche,

Jusqu'à ce qu'il rétablisse Jérusalem

Et la rende glorieuse sur la terre.

L'Eternel l'a juré par sa droite et par son bras puissant:

Je ne donnerai plus ton blé pour nourriture à tes ennemis,

Et les fils de l'étranger ne boiront plus ton vin,

Produit de tes labeurs;

Mais ceux qui auront amassé le blé le mangeront

Et loueront l'Eternel,

Et ceux qui auront récolté le vin le boiront,

Dans les parvis de mon sanctuaire.

Franchissez, franchissez les portes!

Préparez un chemin pour le peuple!

Frayez, frayez la route, ôtez les pierres!

Elevez une bannière vers les peuples!

Voici ce que l'Eternel proclame aux extrémités de la terre:

Dites à la fille de Sion:

Voici, ton sauveur arrive;

Voici, le salaire est avec lui,

Et les rétributions le précèdent.

On les appellera peuple saint, rachetés de l'Eternel;

Et toi, on t'appellera recherchée, ville non délaissée.

Qui est celui-ci qui vient d'Edom,

De Botsra, en vêtements rouges,

En habits éclatants,

Et se redressant avec fierté dans la plénitude de sa force?

C'est moi qui ai promis le salut,

Qui ai le pouvoir de délivrer.

Pourquoi tes habits sont-ils rouges,

Et tes vêtements comme les vêtements de celui qui foule dans la cuve?

J'ai été seul à fouler au pressoir,

Et nul homme d'entre les peuples n'était avec moi;

Je les ai foulés dans ma colère,

Je les ai écrasés dans ma fureur;

Leur sang a jailli sur mes vêtements,

Et j'ai souillé tous mes habits.

Car un jour de vengeance était dans mon cœur,

Et l'année de mes rachetés est venue.

Je regardais, et personne pour m'aider;

J'étais étonné, et personne pour me soutenir;

Alors mon bras m'a été en aide,

Et ma fureur m'a servi d'appui.

J'ai foulé des peuples dans ma colère,

Je les ai rendus ivres dans ma fureur,

Et j'ai répandu leur sang sur la terre.

Je publierai les grâces de l'Eternel, les louanges de l'Eternel,

D'après tout ce que l'Eternel a fait pour nous;

Je dirai sa grande bonté envers la maison d'Israël,

Qu'il a traitée selon ses compassions et la richesse de son amour.

Il avait dit: Certainement ils sont mon peuple,

Des enfants qui ne seront pas infidèles!

Et il a été pour eux un sauveur.

Dans toutes leurs détresses ils n'ont pas été sans secours,

Et l'ange qui est devant sa face les a sauvés;

Il les a lui-même rachetés, dans son amour et sa miséricorde,

Et constamment il les a soutenus et portés, aux anciens jours.

Mais ils ont été rebelles, ils ont attristé son esprit saint;

Et il est devenu leur ennemi, il a combattu contre eux.

Alors son peuple se souvint des anciens jours de Moïse:

Où est celui qui les fit monter de la mer,

Avec le berger de son troupeau?

Où est celui qui mettait au milieu d'eux son esprit saint;

Qui dirigea la droite de Moïse,

Par son bras glorieux;

Qui fendit les eaux devant eux,

Pour se faire un nom éternel;

Qui les dirigea au travers des flots,

Comme un coursier dans le désert,

Sans qu'ils bronchassent?

Comme la bête qui descend dans la vallée,

L'esprit de l'Eternel les a menés au repos.

C'est ainsi que tu as conduit ton peuple,

Pour te faire un nom glorieux.

Regarde du ciel, et vois,

De ta demeure sainte et glorieuse:

Où sont ton zèle et ta puissance?

Le frémissement de tes entrailles et tes compassions

Ne se font plus sentir envers moi.

Tu es cependant notre père,

Car Abraham ne nous connaît pas,

Et Israël ignore qui nous sommes;

C'est toi, Eternel, qui es notre père,

Qui, dès l'éternité, t'appelles notre sauveur.

Pourquoi, ô Eternel, nous fais-tu errer loin de tes voies,

Et endurcis-tu notre cœur contre ta crainte?

Reviens, pour l'amour de tes serviteurs,

Des tribus de ton héritage!

Ton peuple saint n'a possédé le pays que peu de temps;

Nos ennemis ont foulé ton sanctuaire.

Nous sommes depuis longtemps comme un peuple que tu ne gouvernes pas,

Et qui n'est point appelé de ton nom...

Oh! si tu déchirais les cieux, et si tu descendais,

Les montagnes s'ébranleraient devant toi,

Comme s'allume un feu de bois sec,

Comme s'évapore l'eau qui bouillonne;

Tes ennemis connaîtraient ton nom,

Et les nations trembleraient devant toi.

Lorsque tu fis des prodiges que nous n'attendions pas,

Tu descendis, et les montagnes s'ébranlèrent devant toi.

Jamais on n'a appris ni entendu dire,

Et jamais l'œil n'a vu qu'un autre dieu que toi

Fît de telles choses pour ceux qui se confient en lui.

Tu vas au-devant de celui qui pratique avec joie la justice,

De ceux qui marchent dans tes voies et se souviennent de toi.

Mais tu as été irrité, parce que nous avons péché;

Et nous en souffrons longtemps jusqu'à ce que nous soyons sauvés.

Nous sommes tous comme des impurs,

Et toute notre justice est comme un vêtement souillé;

Nous sommes tous flétris comme une feuille,

Et nos crimes nous emportent comme le vent.

Il n'y a personne qui invoque ton nom,

Qui se réveille pour s'attacher à toi:

Aussi nous as-tu caché ta face,

Et nous laisses-tu périr par l'effet de nos crimes.

Cependant, ô Eternel, tu es notre père;

Nous sommes l'argile, et c'est toi qui nous as formés,

Nous sommes tous l'ouvrage de tes mains.

Ne t'irrite pas à l'extrême, ô Eternel,

Et ne te souviens pas à toujours du crime;

Regarde donc, nous sommes tous ton peuple.

Tes villes saintes sont un désert;

Sion est un désert,

Jérusalem une solitude.

Notre maison sainte et glorieuse,

Où nos pères célébraient tes louanges,

Est devenue la proie des flammes;

Tout ce que nous avions de précieux a été dévasté.

Après cela, ô Eternel, te contiendras-tu?

Est-ce que tu te tairas, et nous affligeras à l'excès?

J'ai exaucé ceux qui ne demandaient rien,

Je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas;

J'ai dit: Me voici, me voici!

A une nation qui ne s'appelait pas de mon nom.

J'ai tendu mes mains tous les jours vers un peuple rebelle,

Qui marche dans une voie mauvaise,

Au gré de ses pensées;

Vers un peuple qui ne cesse de m'irriter en face,

Sacrifiant dans les jardins,

Et brûlant de l'encens sur les briques:

Qui fait des sépulcres sa demeure,

Et passe la nuit dans les cavernes,

Mangeant de la chair de porc,

Et ayant dans ses vases des mets impurs;

Qui dit: Retire-toi,

Ne m'approche pas, car je suis saint!...

De pareilles choses, c'est une fumée dans mes narines,

C'est un feu qui brûle toujours.

Voici ce que j'ai résolu par devers moi:

Loin de me taire, je leur ferai porter la peine,

Oui, je leur ferai porter la peine

De vos crimes, dit l'Eternel, et des crimes de vos pères,

Qui ont brûlé de l'encens sur les montagnes,

Et qui m'ont outragé sur les collines;

Je leur mesurerai le salaire de leurs actions passées.

Ainsi parle l'Eternel:

Quand il se trouve du jus dans une grappe,

On dit: Ne la détruis pas,

Car il y a là une bénédiction!

J'agirai de même, pour l'amour de mes serviteurs,

Afin de ne pas tout détruire.

Je ferai sortir de Jacob une postérité,

Et de Juda un héritier de mes montagnes;

Mes élus posséderont le pays,

Et mes serviteurs y habiteront.

Le Saron servira de pâturage au menu bétail,

Et la vallée d'Acor servira de gîte au gros bétail,

Pour mon peuple qui m'aura cherché.

Mais vous, qui abandonnez l'Eternel,

Qui oubliez ma montagne sainte,

Qui dressez une table pour Gad,

Et remplissez une coupe pour Meni,

Je vous destine au glaive,

Et vous fléchirez tous le genou pour être égorgés;

Car j'ai appelé, et vous n'avez point répondu,

J'ai parlé, et vous n'avez point écouté;

Mais vous avez fait ce qui est mal à mes yeux,

Et vous avez choisi ce qui me déplaît.

C'est pourquoi ainsi parle le Seigneur, l'Eternel:

Voici, mes serviteurs mangeront, et vous aurez faim;

Voici, mes serviteurs boiront, et vous aurez soif;

Voici, mes serviteurs se réjouiront, et vous serez confondus;

Voici, mes serviteurs chanteront dans la joie de leur cœur;

Mais vous, vous crierez dans la douleur de votre âme,

Et vous vous lamenterez dans l'abattement de votre esprit.

Vous laisserez votre nom en imprécation à mes élus;

Le Seigneur, l'Eternel, vous fera mourir,

Et il donnera à ses serviteurs un autre nom.

Celui qui voudra être béni dans le pays

Voudra l'être par le Dieu de vérité,

Et celui qui jurera dans le pays

Jurera par le Dieu de vérité;

Car les anciennes souffrances seront oubliées,

Elles seront cachées à mes yeux.

Car je vais créer de nouveaux cieux

Et une nouvelle terre;

On ne se rappellera plus les choses passées,

Elles ne reviendront plus à l'esprit.

Réjouissez-vous plutôt et soyez à toujours dans l'allégresse,

A cause de ce que je vais créer;

Car je vais créer Jérusalem pour l'allégresse,

Et son peuple pour la joie.

Je ferai de Jérusalem mon allégresse,

Et de mon peuple ma joie;

On n'y entendra plus

Le bruit des pleurs et le bruit des cris.

Il n'y aura plus ni enfants ni vieillards

Qui n'accomplissent leurs jours;

Car celui qui mourra à cent ans sera jeune,

Et le pécheur âgé de cent ans sera maudit.

Ils bâtiront des maisons et les habiteront;

Ils planteront des vignes et en mangeront le fruit.

Ils ne bâtiront pas des maisons pour qu'un autre les habite,

Ils ne planteront pas des vignes pour qu'un autre en mange le fruit;

Car les jours de mon peuple seront comme les jours des arbres,

Et mes élus jouiront de l'œuvre de leurs mains.

Ils ne travailleront pas en vain,

Et ils n'auront pas des enfants pour les voir périr;

Car ils formeront une race bénie de l'Eternel,

Et leurs enfants seront avec eux.

Avant qu'ils m'invoquent, je répondrai;

Avant qu'ils aient cessé de parler, j'exaucerai.

Le loup et l'agneau paîtront ensemble,

Le lion, comme le bœuf, mangera de la paille,

Et le serpent aura la poussière pour nourriture.

Il ne se fera ni tort ni dommage

Sur toute ma montagne sainte,

Dit l'Eternel.

Ainsi parle l'Eternel:

Le ciel est mon trône,

Et la terre mon marchepied.

Quelle maison pourriez-vous me bâtir,

Et quel lieu me donneriez-vous pour demeure?

Toutes ces choses, ma main les a faites,

Et toutes ont reçu l'existence, dit l'Eternel.

Voici sur qui je porterai mes regards:

Sur celui qui souffre et qui a l'esprit abattu,

Sur celui qui craint ma parole.

Celui qui immole un bœuf est comme celui qui tuerait un homme,

Celui qui sacrifie un agneau est comme celui qui romprait la nuque à un chien,

Celui qui présente une offrande est comme celui qui répandrait du sang de porc,

Celui qui brûle de l'encens est comme celui qui adorerait des idoles;

Tous ceux-là se complaisent dans leurs voies,

Et leur âme trouve du plaisir dans leurs abominations.

Moi aussi, je me complairai dans leur infortune,

Et je ferai venir sur eux ce qui cause leur effroi,

Parce que j'ai appelé, et qu'ils n'ont point répondu,

Parce que j'ai parlé, et qu'ils n'ont point écouté;

Mais ils ont fait ce qui est mal à mes yeux,

Et ils ont choisi ce qui me déplaît.

Ecoutez la parole de l'Eternel,

Vous qui craignez sa parole.

Voici ce que disent vos frères,

Qui vous haïssent et vous repoussent

A cause de mon nom:

Que l'Eternel montre sa gloire,

Et que nous voyions votre joie!

Mais ils seront confondus.

Une voix éclatante sort de la ville,

Une voix sort du temple.

C'est la voix de l'Eternel,

Qui paie à ses ennemis leur salaire.

Avant d'éprouver les douleurs,

Elle a enfanté;

Avant que les souffrances lui vinssent,

Elle a donné naissance à un fils.

Qui a jamais entendu pareille chose

Qui a jamais vu rien de semblable?

Un pays peut-il naître en un jour?

Une nation est-elle enfantée d'un seul coup?

A peine en travail, Sion a enfanté ses fils!

Ouvrirais-je le sein maternel,

Pour ne pas laisser enfanter? dit l'Eternel;

Moi, qui fais naître,

Empêcherais-je d'enfanter? dit ton Dieu.

Réjouissez-vous avec Jérusalem,

Faites d'elle le sujet de votre allégresse,

Vous tous qui l'aimez;

Tressaillez avec elle de joie,

Vous tous qui menez deuil sur elle;

Afin que vous soyez nourris et rassasiés

Du lait de ses consolations,

Afin que vous savouriez avec bonheur

La plénitude de sa gloire.

Car ainsi parle l'Eternel:

Voici, je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve,

Et la gloire des nations comme un torrent débordé,

Et vous serez allaités;

Vous serez portés sur les bras,

Et caressés sur les genoux.

Comme un homme que sa mère console,

Ainsi je vous consolerai;

Vous serez consolés dans Jérusalem.

Vous le verrez, et votre cœur sera dans la joie,

Et vos os reprendront de la vigueur comme l'herbe;

L'Eternel manifestera sa puissance envers ses serviteurs,

Mais il fera sentir sa colère à ses ennemis.

Car voici, l'Eternel arrive dans un feu,

Et ses chars sont comme un tourbillon;

Il convertit sa colère en un brasier,

Et ses menaces en flammes de feu.

C'est par le feu que l'Eternel exerce ses jugements,

C'est par son glaive qu'il châtie toute chair;

Et ceux que tuera l'Eternel seront en grand nombre.

Ceux qui se sanctifient et se purifient dans les jardins,

Au milieu desquels ils vont un à un,

Qui mangent de la chair de porc,

Des choses abominables et des souris,

Tous ceux-là périront, dit l'Eternel.

Je connais leurs œuvres et leurs pensées.

Le temps est venu de rassembler toutes les nations

Et toutes les langues;

Elles viendront et verront ma gloire.

Je mettrai un signe parmi elles,

Et j'enverrai leurs réchappés vers les nations,

A Tarsis, à Pul et à Lud, qui tirent de l'arc,

A Tubal et à Javan,

Aux îles lointaines,

Qui jamais n'ont entendu parler de moi,

Et qui n'ont pas vu ma gloire;

Et ils publieront ma gloire parmi les nations.

Ils amèneront tous vos frères du milieu de toutes les nations,

En offrande à l'Eternel,

Sur des chevaux, des chars et des litières,

Sur des mulets et des dromadaires,

A ma montagne sainte,

A Jérusalem, dit l'Eternel,

Comme les enfants d'Israël apportent leur offrande,

Dans un vase pur,

A la maison de l'Eternel.

Et je prendrai aussi parmi eux

Des sacrificateurs, des Lévites, dit l'Eternel.

Car, comme les nouveaux cieux

Et la nouvelle terre que je vais créer

Subsisteront devant moi, dit l'Eternel,

Ainsi subsisteront votre postérité et votre nom.

A chaque nouvelle lune et à chaque sabbat,

Toute chair viendra se prosterner devant moi, dit l'Eternel.

Et quand on sortira, on verra

Les cadavres des hommes qui se sont rebellés contre moi;

Car leur ver ne mourra point, et leur feu ne s'éteindra point;

Et ils seront pour toute chair un objet d'horreur.

Retour à la liste des livres Bibliques